20 Février 2023
Le festival Vagamondes qui s’affirme comme « sans frontière », fêtera, à Mulhouse et en Haute Alsace, sa 11e édition, du 17 au 31 mars 2023. Au programme : théâtre, danse, marionnette, musique, cinéma et rencontres sur le thème du genre.
Depuis plusieurs années le festival Vagamondes s’est fixé comme objectif l’exploration des frontières dans toutes leurs acceptions. Limites ou interdits à franchir, transgresser ou dépasser, mais aussi espaces de porosité, de passage, de traversée d’une rive à l’autre, lieu d’échanges et de compréhension mutuelle. C’est dans cette approche que le thème du genre trouve sa place. Un genre qui concerne aussi bien les différenciations sexuelles, la catégorisation masculin / féminin et la révolution queer et trans que des thèmes tels que le réel et la fiction, le visible et l’invisible, l’humain et le non-humain, qui convie en 2023 SF dystopique, tragédie grecque et perspective cosmologique. Et avec lui l’exploration du trouble, terme polysémique qui renvoie à ce qui remue, ce qui obscurcit et ce qui dérange, pour reprendre les termes d’un des « superpartners » de cette édition de Vagamondes.
« S’il est une question qui, au sein de la pensée contemporaine, réunit ces trois acceptions – déranger (c’est certain), remuer (souvent), obscurcir (dans le sens où elle implique un véritable travail d’écoute et de compréhension pour ‘voir clair’), c’est probablement la question du genre », avancent le directeur du Festival et ses Superpartners, le photographe et metteur en scène SMITH et la commissaire d’expositions et performeuse Nadège Piton.
« Les luttes menées depuis le XXe siècle pour affirmer la place des femmes, puis des personnes LGBTQIA+, ont donné naissance à des mouvements de pensée qui décalent l’approche essentiellement blanche, patriarcale et hétéronormée du monde, ouvrant la voie à l’expression d’identités sexuelles et de genres pluriels. Ce processus où s’hybrident intime et politique, remet en question nos perceptions parfois binaires du monde, induisant chez certain·e·s quelque déboussolement.
« La nouvelle saison des Vagamondes propose ainsi d’observer ces mutations, en compagnonnage avec des artistes de tous genres pour nous guider. »
Étalé sur une durée de deux semaines, le Festival, qui fait une place au jeune public et aux animations et représentations en milieu scolaire, allie théâtre et performance, marionnettes et théâtre d’objets, danse, musique, vidéo, arts plastiques, cinéma, en intégrant leurs hybridations comme une composante incontournable de ce décloisonnement tous azimuts.
Trois soirées « Carte blanche » à Superpartners (SMITH & Nadège Piton)
En ouverture de l’édition 2023 des Vagamondes, le duo-complice des Superpartners explore les identités mutantes, les transitions célestes et les voyages dans la jungle des métamorphoses humaines et non-humaines.
Le vendredi 17 mars, en guise de préliminaires, accompagnant le vernissage de l'exposition Trans(e)galactique, la commissaire-chercheuse Taous Dahmani réunit autour de SMITH & Nadège Piton quelques compagnes de recherche et de création, dont Corine Sombrun, écrivaine et spécialiste de la transe cognitive, reconnue par les chamanes de Mongolie, et Marie NDiaye, autrice et dramaturge, pour une conversation télépathique.
Pensée comme un organisme au cœur battant d'œuvres visuelles, de musiques, de performances et de danse, La Filature accueille ensuite, en grande salle, la nouvelle création de Jeanne Added autour de son album By your Side, suivi d'une performance sonore du binôme Vatican Soundsystem formé des merveilleuxses Vikken et Franky Gogo, avant une pré-nuit intensément queer dans le hall, mise en musique par Claude-Emmanuelle Gajan-Maull.
La nuit du samedi 18 mars, la mezzanine accueillera Cosmos, rencontre astralo-friponne entre le Cabaret Le Secret (Monsieur K.), SMITH et Marie NDiaye.
Le dimanche 19 mars, le cinéma Bel Air présentera, en avant-première et en sa présence, le nouveau film de Sébastien Lifshitz en partenariat avec ARTE, Let's dance !
Week-end d’ouverture
Ven. 17 mars 21h. Musique / grande salle / 2h30 environ
Jeanne Added + Vatican Soundsystem suivi d’un DJ set avec Claude-Emmanuelle Gajan-Maull à 00h. Jeanne Added puis les performers et DJs Vikken et Franky Gogo du Vatican Soundsystem se jouent des contrastes. Leur poésie existentielle et la techno sans concession des machines métalliques revendiquent une fête généreuse et sans limite. Intensité, sincérité et émotions, pour un concert inédit.
Avec leurs machines, les performers du Vatican Soundsystem inventent, créent et improvisent. une musique pleine d’énergie au service d’une fête intense et généreuse qui exalte l'esprit de communion. Leur techno est sans concession, faite de sensations fortes, d’émotions communicatives, de partage. Quant à l’auteure-compositrice-interprète française Jeanne Added, elle goûte volontiers aux contrastes, distille sa poésie à la fois intime et politique de sa voix reconnaissable entre toutes. L’artiste dialogue avec nos émotions pour nous parler d’amour, de rupture mais aussi d’envol, de légèreté et d’ancrage. Une soirée inédite, pour « être ensemble » et faire partie de la fête !
Sa. 18 mars 21h. Cabaret / dès 15 ans / mezzanine / 1h50 entracte inclus
Cabaret Le Secret (Cosmos) - Monsieur K. avec la complicité de SMITH et Marie NDiaye
Au Cabaret Le Secret, Monsieur K. rêve et orchestre de mystérieuses soirées peuplées de performances, de chansons, de rires tragiques et de drames poétiques. Pour Vagamondes, il conçoit avec SMITH et la complicité de Marie NDiaye une création inédite : Cosmos. Entre rencontres et métamorphoses, s’y croiseront La Big Bertha, Levaniah, L'Oiseau Joli, Robi, La Bellini, Madame et La Baronne du Bronx... pour des moments suspendus à vivre les yeux mi-clos.
L’art de Jérôme Marin, alias Monsieur K., convie des personnages attachants, généreux et lunaires. Ses chansons, numéros d'effeuillage, saynètes performatives, chorégraphies et acrobaties, allient rire, poésie et drame. Le Secret (Cosmos) réunit ici une affiche exceptionnelle pour une soirée conçue sur-mesure en collaboration avec Superpartners. Une bulle de poésie, un voyage au loin ou une introspection, à mille lieux des contingences spatiales et temporelles…
À partir de 22h au Noumatrouff édition spéciale des fameuses soirées Crazy Beats. Une programmation électro groove délicate et subversive (en partenariat avec l'association Global Groove)
Au Cinéma Bel Air
Dim. 19 mars 17h. Casa Susanna, un film de Sébastien Lifshitz. Documentaire / 1h37 / France, États-Unis / 2022 / Entrée libre Avant-première en partenariat avec Arte. Grand Jury Award, Doc NYC 2022, Meilleur film documentaire, Madrid International LGBTIQ Film Festival 2022
Dans les années 1950-1960, aux États-Unis, une maison a abrité le premier réseau clandestin de travestis. Diane et Kate, qui ont aujourd’hui 80 ans et étaient à l’époque des hommes, nous racontent cette histoire presque effacée, quand la transidentité commençait à s’inventer.
Production Agat Films, Muriel Meynard Coproduction ARTE, American Experrience Films. Rencontre à l’issue de la projection avec le réalisateur et le duo Superpartners
Lun. 20 mars 20h Toute la beauté et le sang versé Un film de Laura Pointras. Documentaire / 1h57 / États-Unis / 2022. Lion d’Or 2022 de la Mostra de Venise
Nan Goldin a révolutionné l’art de la photographie et réinventé la notion du genre et les définitions de la normalité. Toute la beauté et le sang versé nous mène au cœur de ses combats artistiques et politiques, mus par l’amitié, l’humanisme et l’émotion.
Du ven. 17 mars au dim. 14 mai. Une exposition à La Filature . Trans(e)galactique sur une proposition de Superpartners (SMITH & Nadège Piton). Galerie / entrée libre / Coproduction La Filature / Artiste complice
Ven. 17 mars 18h. Vernissage performé en présence de SMITH, Nadège Piton, Marie NDiaye, Corine Sombrun et Taous Dahmani
Jeu. 23 mars 12h30. Club Sandwich, visite guidée et pique-nique tiré du sac. En 2020, le duo Superpartners fait paraître Transgalactique (The Eyes #11), panorama subjectif d’une galaxie d’artistes LGBTQIA+ qui prennent en charge le récit photographique de leurs existences. À sa suite, l’exposition Trans(e)galactique ouvre une enquête sur tout ce qui trans(e) et tisse des liens entre différents mondes pour rêver un mouvement d’abolition des frontières, des binarités et désassignations.
Trois créations, une résidence à La Filature
Ven. 17 mars 19h + sam. 18 mars 19h Théâtre Musique Danse / Dès 15 ans / Salle modulable / 1h45. En anglais, français, grec et espagnol surtitré en français
The Bacchae Elli Papakonstantinou, mise en scène d'après Euripide. Création / Coproduction / Résidence à La Filature du jeu. 9 au jeu. 16 mars
Quand Dionysos arrive à Thèbes, il provoque, séduit, excite. Il réveille le sauvage, le viscéral, la magie, entraînant toutes et tous dans un tourbillon d’ambiguïtés et de désirs de tous genres. Metteuse en scène et artiste visuelle, Elli Papakonstantinou aborde Les Bacchantes comme une transition vers un nouveau monde queer. Mêlant danse, effets visuels, musique live et nouveaux médias, elle s’inspire du mythe pour créer une expérience contemporaine, immersive et percutante.
Lorsque Dionysos revient à Thèbes, sa patrie, son désir de vengeance se concentre sur ses tantes qui ont insulté sa mère et sur son cousin, le roi Penthée, qui a refusé de reconnaître son culte. La lecture qu’Elli Papakonstantinou présente Dionysos, Penthée, Agave, Tirésias et les autres dans un spectacle inattendu, entre théâtre musical et nouvel opéra. Une pièce librement adaptée du mythe des Bacchantes, nourrie des mouvements civiques qui ont émergé notamment en Grèce et de l’engagement d’Elli Papakonstantinou à propos des questions sociales et sociétales. En revisitant les classiques, Elli Papakonstantinou relie mythe, philosophie et récits fondateurs.
+ lever de rideau « Dionysos, un étrange étranger » sam. 18 mars 18h (salle Jean Besse / entrée libre) avec les élèves du Conservatoire de Mulhouse
Les artistes complices de La Filature
Mar. 21 mars 19h + mer. 22 mars 15h* + jeu. 23 mars 18h* + ven. 24 mars 19h + sam. 25 mars 15h (+ 8 séances scolaires) À l'AFSCO – Espace Matisse, Mulhouse / 1h / Création (* réservations auprès de l'AFSCO). Incitation collective à la lecture à voix haute / Jeune public dès 9 ans
KiLLT – La mare à sorcières- Olivier Letellier d’après Simon Grangeat
Un spectacle immersif qui conte la rencontre de deux enfants que tout oppose. Nina, des villes, a voyagé et découvert le vaste monde. Pierre, de la campagne, connaît « sa » forêt par cœur, les moindres cailloux, brindilles ou insectes. Il sait aussi que des sorcières s'y cachent...
En s’emparant de l’histoire de Simon Grangeat, publiée à l’École des Loisirs, Olivier Letellier plonge les spectateurs dans un univers attachant – et parfois un peu effrayant aussi ! Parce que, dans la Mare en question, il y a des sorcières… et que Nina,curieuse, voire téméraire, décide, malgré les conseils de Pierre, de s’enfoncer toute seule dans la forêt. Olivier Letellier, le directeur des Tréteaux de France, a conçu KiLLT (Ki Lira Le Texte) pour transmettre le plaisir des mots, le désir de lire, l'audace de dire et dédramatiser cette pratique en la sortant de l’exercice scolaire.
Jeu. 30 mars 19h + ven. 31 mars 19h Performance musicale et visuelle / Restaurant / 20 min / entrée libre
Embuscade - Caty Olive & Nosfell conception, réalisation. Création / Coproduction
Il y a deux ans, Caty Olive (créatrice lumière) et Nosfell (chanteur) ont été invités par La Filature à créer une performance. De cette rencontre n'est pas né un spectacle mais un film court fabriqué en studio, loin des espaces scéniques que le public, durant cette période, ne fréquentait plus. Le duo a alors formulé l'idée que ce film constituerait un point d'accroche probable pour une performance à venir : Embuscade. Tout me happe, conte sylvestre et cruel.
Les autres spectacles du festival
Ma. 21 mars 20h. Théâtre musical / Dès 12 ans / Grande salle / 1h40. Les Furtifs. Cie Roland furieux – Laëtitia Pitz & Xavier Charles Mise en scène, composition musicale Alain Damasio
Laëtitia Pitz et Xavier Charles s’emparent du roman de science-fiction dystopique d’Alain Damasio pour créer un spectacle en forme d’oratorio. Sur scène, les voix de trois récitant·e·s s’associent à neuf musicien·ne·s. Ode à la pluralité et à la polyphonie, cette chronique futuriste se déroule dans un monde saturé d’images, de numérique et de dispositifs de surveillance… auquel certain·e·s tentent de se soustraire en s’inventant un nouveau « genre » : devenir furtifs !
Pour Laëtitia Pitz et Xavier Charles, Les Furtifs est avant tout un roman qui parle de liberté, de ce qu’on s’autorise et de ce qu’on ne s’autorise pas. À partir de cette matière, ils créent un oratorio pour un quatuor à cordes, un batteur, un saxophoniste, un trompettiste, un tromboniste et un clarinettiste, une partition qui mêle voix parlées et ensemble instrumental. Les Furtifs est un déferlement sonore, une ode à la résistance pour briser les liens de notre « servitude volontaire » – comme l’écrivait La Boétie. Du répertoire théâtral aux expériences de théâtre musical, le spectacle questionne la physicalité du son et de la voix, et met l’écoute au centre du processus.
+ table ronde Société en chantier « Se soustraire au monde aliénant » ma. 21 mars 18h (salle Jean Besse / entrée libre) avec Aube Richebourg (doctorante en sociologie à l'EHESS, attachée temporaire d’enseignement et de recherche à l’UHA), en partenariat avec le SUAC de l’UHA et la Librairie 47° Nord
Me. 22 mars 19h. Théâtre / dès 15 ans / 2h45 entracte inclus. À la Comédie de Colmar / Départ en bus de La Filature 18h. En partenariat avec La Comédie de Colmar – CDN Grand Est Alsace. Le Firmament de Chloé Dabert Mise en scène de Lucy Kirkwood
Angleterre, 1759. Douze femmes arrachées à leur quotidien forment un jury populaire. En jeu : le sort d’une jeune domestique. L’écriture libre, drôle et brutale de Lucy Kirkwood nous parle, dans cette pièce subtile, des femmes, de la maternité, du patriarcat, du déterminisme, de la justice, des différences et des clivages, de la culpabilité et de l’oppression.
En 1759, alors que tout le pays attend la comète de Halley, Sally Poppy, dont la vie n’a été que pauvreté et corvées, est condamnée à la pendaison pour le meurtre d’une enfant, issue d’une famille de notables. Reconnue coupable avec son amant, elle prétend être enceinte, ce qui commuerait sa peine en exil. Le jury doit décider si l’accusée dit la vérité ou essaye d’échapper à la mort. Parmi ces jurées au féminin, seule une sage-femme est prête à défendre la jeune Sally. Investies d’une autorité éphémère dans un monde dicté par les hommes, les douze femmes débattent et luttent, réglant en même temps des querelles de village et des conflits de classe.
Me. 22 mars 20h au Théâtre La Coupole, Saint-Louis / Départ en bus de La Filature 19h. Théâtre / Dès 14 ans / 1h40. En partenariat avec La Coupole, Saint-Louis. Libre Arbitre. Cie Le Grand Chelem / Léa Girardet & Julie Bertin Conception, écriture, mise en scène
Performante, battante, rapide, Caster Semenya est championne olympique du 800 m. Mais est-elle une « vraie » femme ? Librement inspirée de la vie de l’athlète sud-africaine, cette pièce est une variation autour des représentations du corps féminin. À partir de faits réels et documentés, elle questionne la construction du genre et sa représentation dans notre société. Quid du libre arbitre ?
Sur scène, quatre artistes racontent le parcours de l’athlète sud-africaine qui, au vu de ses exceptionnels résultats sportifs, a dû prouver sa féminité puis a été sommée de présenter des taux d’hormone en adéquation avec les standards attendus. Qu’est-ce que la féminité ? Comment la mesurer, la rationaliser, la juger ? Quid des normes qu’imposent nos sociétés ? À partir de ces situations de discriminations vis-à-vis de sportives, Léa Girardet et Julie Bertin interrogent la construction du genre et ses expressions. Pour elles, la représentation des femmes dans le milieu sportif opère comme un révélateur de ce qui se joue à l’échelle de la société. Un questionnement ouvert, intelligent et sensible.
Sam. 25 mars 15h (+ 4 séances scolaires). Manipulation de matières – cycle des pièces du vent / Jeune public dès 4 ans. Salle modulable / 40 min. L’Après-midi d’un foehn - Cie Non Nova – Phia Ménard direction artistique, chorégraphie, scénographie
Sur la musique de Debussy, des sacs plastique prennent vie, emportés par le vent. Ballet poétique, ce spectacle joue avec l’air. Entre solo et pas de deux, les créatures qui surgissent dévoilent les feux d’artifice d’un corps de ballet ou révèlent un monstre…
Sur les notes de trois œuvres musicales de Claude Debussy, L’après-midi d’un faune, Nocturnes et Dialogue de la mer et du vent, une maîtresse de ballet dirige une chorégraphie d’un genre inattendu. Des sacs en plastique, propulsés par les souffles des ventilateurs, donnent vie à des personnages aériens. Leurs circonvolutions, leurs rencontres et leurs égarements, au gré des vents contraires, nous racontent toute la poésie et la magie de l’enfance. Telles des marionnettes, ces danseurs de plastique semblent humains par la liberté et la fluidité de leurs mouvements et nous assistons, en raison de phénomènes thermiques assez imprévisibles, à la naissance d’une danseuse étoile, à un pas de deux, aux évolutions d’un corps de ballet, au réveil d’un monstre… Entre manipulation, danse, arts plastiques et magie, un spectacle chorégraphique ludique pour un jeune public.
Sam. 25 mars 19h. Manipulation de matières – Cycle des pièces du vent / Dès 13 ans. Salle modulable / 1h. Vortex - Cie Non Nova – Phia Ménard interprétation, direction artistique, chorégraphie, scénographie
Aux prises avec le vortex, l’œil du cyclone, un étrange personnage sans visage se confronte aux turbulences de l’air, instable, impalpable, invisible. Affleurent les questions de la transidentité, de ses mues et de la liberté. Après un premier round magique, un combat ubuesque s’engage, l’obligeant à se délester de tout ce qui l’entrave…
En poursuivant ses explorations artistiques sur notre relation aux éléments – la glace, l'eau, la vapeur, l'air – la chorégraphe Phia Ménard nous plonge dans l'œil du cyclone. Est-ce le calme ou l’enfer ? Une lutte à mort ? Une lutte pour la vie ? Une survie ? « C’est la position de l’être humain aux prises avec les éléments qui m’intéresse », explique-t-elle. S’ajoute l’envie de questionner les spectateurs sur leurs propres transformations : « Sous combien de couches nous recouvrons-nous pour paraître au monde ? […] Comment échapper à l’emprise des artifices pour laisser paraître ce que nous sommes ? » Ses manipulations plastiques jouent avec les repères. Et ce spectacle sans parole sollicite intensément les sens et l’imaginaire.
Ma. 28 mars 20h Marionnette Musique / dès 16 ans / à l'Espace 110, Illzach / 1h05 (en partenariat avec l'Espace 110, Illzach et La Passerelle, Rixheim). Représentation adaptée en LSF par Vincent Bexiga (réalisation Accès Culture). Hen. Théâtre de Romette / Johanny Bert conception, mise en scène
Hen, pronom entré dans le dictionnaire suédois en 2015, désigne indifféremment un homme ou une femme. Ici une marionnette, être hybride et chimérique, se métamorphose et joue avec insolence et humour de sa virilité et de sa féminité. Un récit musical inspiré à la fois des cabarets berlinois des années 30 et des performances queer actuelles
Dans ce spectacle de marionnettes subversif, plein d’humour et de dérision, une diva queer, libre et exubérante, chante l'espoir et l'amour, accompagnée par deux musiciens. On la rencontre au travers de ses chansons, de ses actes, de ses identités multiples et de son parcours intime. Un cabaret déjanté qui trouve sa source dans le rêve de Björk ou dans les volutes de fumée de Brigitte Fontaine. À l’heure d’une recherche d’identité ou d’une volonté de tout définir, Hen est un personnage hors-norme, qui ne cherche justement pas à être défini, normé. Il est comme cela, multiple, transformable.
Me. 29 mars 20h. Danse / Dès 16 ans / Salle modulable / 55 min environ. Natural Drama. Sorour Darabi chorégraphie, texte
Sorour Darabi, artiste originaire d’Iran, travaille autour des notions de transgression et de visibilité. Avec cette création, i el porte une réflexion sur la « nature» et le « naturel », tant dans leurs aspects environnementaux, historiques, sociopolitiques que corporels. Forme de mythologie futuriste, cette pièce performative engage corps et langage dans des recherches transcendantales.
C’est notamment à travers le prisme du corps « féminin », de ses constructions et de ses représentations qu’est interrogé le concept de « naturel ». À partir de deux figures du début du XXe siècle, la princesse iranienne Zahra Khanom Taj Saltaneh (1883-1936) – Taj, passionnée par les Lumières, plaidait pour l’émancipation des femmes et la suppression du voile, signe pour elle de l’infériorité de la femme – et la danseuse Isadora Duncan (1877-1927), additionnées de la pensée hydroféministe sur la représentation « fluide » de la femme et de la documentation sur l’eugénisme et les prothèses pharmacologiques, Natural Drama cherche à créer un nouvel être mythologique errant dans les interstices du « normé » et du « naturel », avec des racines multiples, dont certaines puisées dans la danse. Sorour Darabi déploie son travail autour de la notion de transgression et de réappropriation afin de rendre visible ce qui est occulté dans la construction traditionnellement binaire (homme/femme, humain/animal, bon/mauvais, plaisir/souffrance, matériel/spirituel, naturel/industriel...) de nos sociétés. Rencontre avec Sorour Darabi mer. 29 mars 21h à l’issue du spectacle (entrée libre)
Jeu. 30 mars 20h + ven. 31 mars 20h Danse / Grande salle / 1h15 (En partenariat avec Chaillot – Théâtre national de la Danse) . Roméo et Juliette Suite - chorégraphie Benjamin Millepied / L.A. Dance Project, musique Sergueï Prokofiev
L’ancien directeur du Ballet de l’Opéra de Paris nous offre une version électrique de Roméo et Juliette mêlant danse, théâtre, musique et cinéma. La projection de scènes, filmées en direct caméra à l’épaule, permet une immersion dans la réalité brutale de nos amours impossibles tandis que les danseur·euse·s, faisant fi de la vision hétéronormée de ce couple mythique, incarnent toutes les formes d’amour possibles.
Avec cette pièce pour seize danseurs, Benjamin Millepied revisite l’histoire mythique de Roméo et Juliette de William Shakespeare et crée une version résolument moderne et singulière. Loin des représentations classiques de ce couple mythique, le spectacle, reflet de notre société, met en exergue différents couples – masculin/féminin, masculin/masculin, féminin/féminin. « Ce qui se passe sur scène doit dépeindre la réalité des gens qui sont dans la salle », affirme le chorégraphe. Ses protagonistes sont donc de jeunes adultes du monde urbain, confrontés à des normes sociales rétrogrades et liberticides. L’intrigue des amants maudits se présente comme une suite de tableaux dont certains sont filmés et projetés dans un dispositif immersif. Les danseurs passent de la scène à l’écran dans un spectacle qui mêle danse, cinéma et théâtre. Rencontres et confrontations se développent en des lieux inattendus de la salle ou des coulisses.
Autour du festival
Sam. 25 mars 14h-17h45. Atelier « Immersion au cœur de l’écriture inclusive »
Un atelier d’écriture avec l’association Brûlant·e·s sera proposé, ainsi qu’un atelier de pratique autour du texte de théâtre Les Rats quittent le navire ou une histoire sans fin d’Annette Gillard, avec l’autrice et la comédienne Fanny Colnot. Inscriptions marine.buttigieg@lafilature.org / 03 89 36 28 09
Sam. 25 mars 18h Galerie / Entrée libre. Performance « Une exposition » de Juliette Steiner
Juliette Steiner se lance le défi de créer de toutes pièces les œuvres d’une artiste fictive et réunit sept personnes pour mettre au point sa rétrospective dans une galerie d’art.
Village des associations LGBTQIA+ organisé par FestiGays
Mar. 21 mars représentation scolaire. La Filature au collège et au lycée. En coréalisation avec le CCR Les Dominicains de Haute-Alsace. Spectacle Comment je suis devenue Olivia. Texte Kevin Keiss, mise en scène Alexandre Ethève, chorégraphie Jean-Claude Gallotta.
Ce duo met en scène l’éclosion de deux artistes marquées par un film mythique : West Side Story. De l’adolescence à aujourd’hui, les comédies musicales ont nourri le cheminement d’Olivia et de Célia et la construction de leur identité. C’est autour d’un piano à queue, à travers les souvenirs éclatés de l’enfance, ses blessures et ses victoires, que les deux sœurs interrogent leur vocation.
Mar. 21 mars. Parcours d’éducation artistique et culturel autour du spectacle. En partenariat avec le CCR Les Dominicains de Haute-Alsace
Les élèves des collèges Wolf de Mulhouse et Françoise Dolto de Sierentz, et des lycées Alfred Kastler et Joseph Storck de Guebwiller auront accueilli Alexandre Ethève, metteur en scène, et Émilie Camacho, chorégraphe et assistante à la mise en scène, autour du spectacle Comment je suis devenue Olivia. Dans le cadre des Vagamondes, ils participent à La Filature à une journée thématique sur la question de l’identité et du genre à travers des ateliers philo et de pratique de théâtre, des conférences, des visites de La Filature et de l’exposition Trans(e)galactique.
Festival Vagamondes, initié par La Filature – 20, allée Nathan Katz, 68100 Mulhouse
Du 17 au 31 mars 2023
03 89 36 28 28 www.lafilature.org
Structures culturelles partenaires du festival Noumatrouff, Mulhouse ; CCR – Les Dominicains de Haute-Alsace ; AFSCO, Mulhouse ; La Comédie de Colmar – CDN Grand Est Alsace ; La Coupole, Saint-Louis ; Espace 110, Illzach ; La Passerelle, Rixheim ; Chaillot – Théâtre national de la Danse ; Cinéma Bel Air, Mulhouse
Partenaires média du festival ARTE, France 3 Grand Est
La Filature, Scène nationale est subventionnée par la ville de Mulhouse, le ministère de la Culture – DRAC Grand Est, la région Grand Est et la Collectivité européenne d’Alsace.