31 Mars 2025
En plongeant le visiteur dans l’épopée des pionniers de l’Aéropostale, Cécile Léna le convie à un voyage aussi insolite qu’hors du commun à travers le monde, sur les traces des pilotes, ces casse-cou magnifiques qui ont ouvert de nouvelles routes aériennes au mépris du danger.
À peine arrivé, on vous délivre une carte d’embarquement pour un voyage en nombre limité de participants. Dûment escorté, vous êtes priés de vous présenter à l’entrée d’une cabine fermée par un rideau. Là, bien au chaud dans votre bulle, un casque d’écoute sur la tête, il vous sera donné de suivre – en écoutant et en regardant – une scène située à chaque fois à une étape différente de la conquête des airs, créée pour acheminer au plus vite les missives qui s’échangent et par là-même triompher du temps. Sept cabines jalonneront cette première partie du parcours, offrant un voyage dans le temps, dans les décennies 1920 et 1930, et dans l’espace, de Toulouse à Casablanca, du Cap Juby au Maroc à Saint-Louis du Sénégal, de Natal au Brésil à Mendoza, la porte argentine des Andes, et jusqu’à Santiago au Chili. Une ligne de 12 000 kilomètres semée d’embûches et un exploit tant humain que matériel.
Dans le creux de l’oreille : un voyage intime
Surviennent alors quantité de petits événements qui se juxtaposent et se succèdent : échanges de conversations entre des aviateurs qui attendent le retour de l’un d’eux alors que se prépare un orage monstre, extrait d’une lettre d’Antoine de Saint-Exupéry à sa mère, techniciens à leur affaire pour réparer les machines, passage des avions dans le lointain, informations sur l’augmentation du nombre de tournées hebdomadaires, considérations plus triviales ou au contraire philosophiques. Les situations qu’ils suggèrent sont quotidiennes, de l’ordre de la vie comme elle va. Des noms fusent : Latécoère, le fondateur de l’Aéropostale, Didier Daurat, Jean Mermoz, Henri Guillaumet, Marcel Bouilloux-Lafont viennent s’ajouter à Saint-Exupéry. Ils parlent les uns des autres, font cause commune.
Entre les deux yeux : le temps d’une halte
Chacune des « stations » révèle, au moment où le visiteur, casque sur les oreilles, lance la machine, une scène. On se transportera dans une salle de cinéma où l’on projette l’histoire d’un aviateur qui s’est éjecté de son avion en perdition et qui, seul au milieu du Sahara avec ses sacs de courrier, occupe son temps avec la correspondance rescapée. On plongera dans l’atmosphère étouffante d’un hôtel colonial avec, en arrière-fond, des traces d’accompagnement au piano et la rumeur des conversations. On se transportera dans un hangar où s’activent les mécaniciens. On se propulsera dans un comptoir aérien au moment où l’Aéropostale est reprise par Air France.
Les maquettes qui forment le décor de chacune de ces scènes sont fascinantes de minutie. Ici, dans l’étroitesse des cabines qui ont la taille d’un isoloir, sur un guéridon, on trouve un téléphone. Là, c’est un arrière-plan qui dévoile une table prête à accueillir des convives. Ou c’est un carrousel qui fait monter et descendre en même temps qu’il tourne de petits avions en guise de chevaux de bois. Ailleurs on se transportera dans la cabine d’un avion où se projette un film. Chaque lieu est une source d’étonnement nouveau.
Et lorsque le décor reste statique, c’est l’éclairage qui vient en modifier la physionomie. Le jour se lève et se couche, les lampes s’allument puis s’éteignent tout comme les fenêtres s’illuminent avant de sombrer dans l’obscurité de la nuit.
Une histoire en pointillés
Loin d’une approche documentaire, c’est sur une voie poétique que s’aventure Poste restante au rythme de Terre des Hommes ou de Courrier Sud de Saint-Exupéry ou des témoignages qui parsèment le parcours. Le petit « Antoine » hante ces cabines, lui qui a « commencé la vie sur la mélancolie » et affirme que « Ce n’est pas la distance qui mesure l’éloignement. » L’autre fantôme qui plane au-dessus des airs, c’est Jean Mermoz, « l’Archange » disparu avec l’hydravion la Croix du Sud le 7 décembre 1936 et dont le dernier message ne mentionne que « Coupons moteur arrière droit ».
Si chacune des cabines comporte un thème principal, elles composent à elles toutes un paysage qui touche à l’endroit du sensible. Car au-delà des tranches de vie qui nous sont proposées passe autre chose : l’engagement personnel de tous ceux qui ont contribué à faire naître l’aviation commerciale. La succession des visions proposées par les cabines révèle le pari fou fait par tous ceux qui se sont engagés dans cette aventure : un matériel dont la fiabilité était loin d’être assurée, des « réparations » qui tenaient du bricolage, le risque pris à chaque instant devant les incertitudes météorologiques, la volonté de faire reculer la limite de l’impossible et de conquérir sans cesse de nouveaux « territoires ».
Et les femmes ?
Bien qu’aucune femme n’ait été engagée dans l’Aéropostale, Cécile Léna, à travers un entretien fait par Jacques Chancel dans son émission Radioscopie, fait une place à la Française Adrienne Bolland qui, sept ans avant Mermoz, en 1921, réussit l’exploit de franchir la Cordillère des Andes. À bord d’un Caudron G3, sans aucune carte, le cockpit ouvert, se protégeant du froid avec du papier journal, elle trouve une faille dans la montagne lui permettant de franchir le massif. Émouvant, son témoignage, qui parle pour toutes les aviatrices qui se sont révélées à cette époque, raconte son désir d’aller au-delà d’elle-même, d’aller de l’avant, de surmonter sa peur.
De la miniature au Broussard à quatre places
Un saut dans le temps nous projette en 1944. Nous voici installés, dans un autre lieu, dans un avion qui va décoller, et cette fois-ci avec nous à bord. Il y a le bruit et les turbulences, et une voix off nous invite à ressasser des souvenirs des tableaux précédents lorsque surgissent des bruits de guerre dans la radio. Celui qui prend le relais, c’est Horst Ripper, un vieil Allemand qui évoque « sa » guerre, en tant que chasseur. Sa fonction ? « Nettoyer l’espace aérien », ce qui signifiait « frapper juste ». Et c’est ce qu’il fait, ce 31 juillet 1944 au large des côtes marseillaises. Il ne sait pas encore que celui qu’il vient d’abattre, c’est Antoine de Saint-Exupéry, qu’il aurait épargné, dit-il, s’il avait su.
Ainsi la boucle est bouclée. Saint-Exupéry referme ce cycle qu’il avait ouvert et escorté de part en part. Quant au « spectateur », c’est avec une certaine ivresse qu’il quitte les lieux. Et le sourire aux lèvres d’un rêve d’enfant poursuivi et atteint. Il aura fallu deux ans de travail et plus de quarante personnes à la croisée du cinéma, de la radio, du spectacle vivant et du numérique pour le réaliser.
Poste restante
S Un texte de Cécile Léna avec des extraits d’Antoine de Saint-Exupéry (éd. Gallimard) S Voix de Diego Asensio, Philippe Bozo, Françoise Cadol, Enrique Fiestas, Marjorie Frantz, Jacques Gamblin, Kevin Goffette, Cécile Léna, Thibault de Montalembert, Charles Morillo, Stéphanie Moussu, Mayte Perea López, Jean-Philippe Pertuis, Pierre Tissot, Célestine Valladon
Équipe de création • Cécile Léna - scénographie et mise en scène • Xavier Jolly - création sonore • Jean-Pascal Pracht - création lumière • Emerick Hervé - conception électronique • Raphaël Quillart - régie générale et construction • Carl Carniato - création vidéo • Théodore Eristoff - création musicale • Marius Léna - assistant scénario • Frédéric Bruneaux - 3D & prise de son • Philippe Moretti - maquettes d’avions (CAEA) • François Giraud - effets spéciaux
Équipe de construction • Yves Jouen - direction technique du Cockpit • Anne-Elodie Chapron - serrurerie • Emmanuelle Breuil et Blandine Bodet - menuiserie • Lenaïc Pouliquen et Paul-Axel Bernard - construction • Marc Valladon - design des isoloirs • Olivier Guillet - Formateur en peinture industrielle et aéronautique • Stéphane Ferus - Chargé d’affaires en peinture industrielle • William Dubos - Formateur en matériaux composites • Alexandra Salvini - Formatrice en matériaux composites
Équipe de tournage • Carl Carniato - réalisateur • Cécile Léna et David Zampiéri - scénario • Thibault de Montalembert - acteur • Julien Raynaud - directeur de la photographie & étalonnage • Jean Collot - ingénieur du son & mixage • Mara Sastre - maquillage • Fréderic Levistre - Effets spéciaux • Chloé Meynet - chargée de production • Tom Lambert, Matéo Marie - assistants images • Tanguy Lemmonier - perchman • Collaborateurs Marthe Lemut - production - diffusion ,Charlotte Sans – administration, Sébastien Hondelatte – réalisation, Joëlle Bordeau (mots & compagnie) – rédaction, Catherine Thévenet - accompagnement en mécénat, Jean-Louis Cigliana - mécène du cockpit Quali’Sons - Studio d’enregistrement (Paris)
S Production Cie Léna d’Azy S Coproduction • Tandem, Scène nationale Arras - Douai • Les Gémeaux, Scène nationale Sceaux • Théâtre de Saint-Quentin en Yvelines, Scène nationale • Agora PNC Boulazac, Aquitaine • Les Quinconces & L’Espal, Scène nationale du Mans • Scène nationale du Sud-Aquitain, Bayonne, Anglet, St-Jean de Luz, Boucau. • La Passerelle - Scène nationale de St Brieuc • Le Manège, Scène nationale de Maubeuge • CitéCirque de la ville de Bègles • Aéroport Toulouse-Blagnac • L’OARA - Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine • Cultures Connectées Région Nouvelle-Aquitaine S Partenaires mécénat • Fondation Latécoère • Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse • Aéroport de Toulouse-Blagnac • IFI - Institut de Formation Industrielle (Mérignac) • CAEA (Conservatoire de l’Air et de l’Espace d’Aquitaine) • France Aéro - Limoges • INA S Remerciements Olivier d’Agay, Jean-Louis Cigliana, Pierre-Elzear Latécoère, Pierre Léna, Thibault de Montalembert, Catherine Thévenet S Accompagnements et soutiens Atomic Location, Sylvie Bergès et l’équipe du musée de l’hydraviation de Biscarosse ; Frédéric Collinot - Cercle des Machines Volantes (Compiègne) ; Pierre Courtois de Viçose, Christelle Demontrond, Pascal Dugeay - France Aéro Limoges ; Franck Fertille – Gallimard ; Joël Gauthier - bouquiniste, Martine Laporte, Monsieur et Madame Le Liepvre, Didier Malfetes, Laurent Maumelat, Frédéric Piat, Damien Saint-Martin de la FASEJ, Martine Saint-Martin ; Le CAEA (Conservatoire de l’Air et de l’Espace d’Aquitaine) Jean-Marc Dall’Aglio, Philippe Moretti, Michel Pellefigues, Marcel Soulette ; IFI Institut de Formation Industrielle - Mérignac avec William Dubos, Stéphane Ferus, Olivier Guillet, Alexandra Salvini, Patrice Soulard ;« Directed by films » et Léna d’Azy remercient Claude Baudin, le conservatoire du littoral, Pierre Desgranges, la Mairie de Palmyre, la Mairie de Saint-Palais-sur-Mer, la Tremblade, West motion S Léna d’Azy est conventionnée par la DRAC Nouvelle-Aquitaine et le Ministère de la culture, et subventionnée par le Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine, la ville de Bordeaux et le Conseil départemental de Gironde
L’installation
• 7 isoloirs • 1 spectateur dans chaque isoloir équipé d’un casque audio • Durée de chaque scène 4’30. Sept architectures miniatures, conçues sous la forme de boîtes d’1m3, chacune installée dans un isoloir.
• 1 avion • 4 spectateurs • 1 voyage immersif Les spectateurs sont invités à s’installer sur les places passager d’un véritable Broussard équipé de son, vidéo, vibreur, etc. (Le Max Holste MH.1521 Broussard est un avion utilitaire français conçu dans les années 1950. Robuste, il peut décoller et atterrir sur des pistes courtes et sommaires. Utilisé par l’armée française et pour des missions civiles, il excelle dans le transport léger, l’observation et les interventions en zones isolées. Il n’en existe que 396 exemplaires.)
• Durée totale du parcours 50 minutes • À partir de 8 ans
TOURNÉE
8 — 22 mars 2025 Les Gémeaux - Scène Nationale de Sceaux (93) Dans le cadre du Festival MARTO
28 mars — 13 avril 2025 Théâtre du Rond-Point – Paris www.theatredurondpoint.fr
22 avril — 18 mai 2025 Théâtre TANDEM / Arras (62)
29 mai — 30 juin 2025 Musée de l’hydraviation / Biscarosse (40)
22 septembre — 5 octobre 2025 ChapitO / Bègles (33)
13 — 31 octobre 2025 Théâtre de la Passerelle / Saint-Brieuc (22)
6 — 30 novembre 2025 Théâtre des Quinconces / Le Mans (72)
21 mars — 12 avril 2026 Scène nationale du Sud Aquitain / Anglet (64)
12 — 31 mai 2026 Théâtre Le Manège / Maubeuge (59)
18 septembre — 12 octobre 2026 Théâtre de l’Agora / Boulazac (24)