24 Mai 2025
Le spectacle commence au noir et puis un soupçon de son, comme une idée de chant, comme un murmure à peine audible accompagne une légère clarté qui dévoile une silhouette. Elle s’anime peu à peu. On est dans un entre deux, comme un prélude, presque une sensation. On imagine plus que l’on voit. C’est une naissance, difficile, laborieuse, compliquée. Peu à peu les interprètes arrivent sur le plateau, d’un peu partout. On s’aperçoit au bout d’un moment que ce sont des êtres hybrides, mi sons, mi mouvements. Et il faut souligner cette particularité du spectacle car les danseurs et danseuses créent la majorité des sons du spectacle en live. Ils sont tous équipés d’un micro et participent pleinement à ces deux piliers du spectacle. L’explication est parfaitement décrite dans le titre. Le spectacle est annoncé comme un « polyballet » et dans ce contexte il fait référence à une forme de spectacle qui combine plusieurs disciplines artistiques, notamment la danse, le chant, la parole et la musique, dans une approche collective et intégrée. A cela on ajoute le titre Choreia qui s'inspire du concept grec ancien choreia, qui désigne une pratique conjointe du mouvement, de la voix et de la parole, mettant en avant une forme égalitaire où chaque individu agit à l’unisson tout en conservant sa singularité et on est donc parfaitement au cœur de cette expérience. Car en plus d’être un spectacle c’est une performance particulièrement réussie. On est saisi et interpellé par la mise en scène, la scénographie, la lumière et surtout les sons qui nous surprennent. La performance des interprètes est également à souligner car chanter et danser en même temps en est une assurément.
Une analogie de l’intelligence collective.
Le singulier et le collectif est donc au cœur du concept de ce spectacle, performance, avec une notion supplémentaire de fédératif, connivence et complicité. C’est une illustration parfaite de la notion de force du groupe et d’intelligence collective. Ainsi, au début les interprètes se meuvent difficilement, les mouvements sont lents, laborieux, compliqués et puis une fois le groupe créé, la ronde institutionnalisée les mouvements sont fluides, agiles. Les sourires des interprètes nous confortent dans cette idée de joie créée par le groupe. Tout semble plaisant et léger. Je trouve particulièrement apaisant et réconfortant que l’intelligence du groupe et du collectif soit mise en avant et gratifiée car hélas en ce moment, dans notre civilisation ce serait plutôt l’inverse. D’autant que oui l’intelligence collective fonctionne et déculpe les possibilités de chacun et que le groupe a une synergie incontestable parfois plus pour le mal que le bien. L’énergie positive du groupe réconforte et soulage et c’est une belle idée qu’illustre parfaitement ce spectacle.
Une recherche sonore et chorégraphique.
Le son est également au cœur de cette performance car dès le début il nous interpelle et nous interroge. Il est insolite et inattendu dès le début du spectacle car non identifiable de suite. Il instaure un climat étrange et déroutant qui nous embarque immédiatement. Et lorsque que l’on comprend que ces sons sont créés en live par les interprètes, ils prennent une dimension exploratoire et immersive incroyable.
Danser et chanter en même temps est une incroyable gageure, parfaitement réussie, il faut le souligner.
Ce spectacle tient toutes les promesses faites dans son titre et nous embarque dans une expérience à tenter assurément.
Distribution
Chorégraphie et mise en scène : Rafaële Giovanola
De et avec : Alvaro Esteban, Cristina Commisso, Margaux Dorsaz, Evandro Pedroni, Léonce Noah Konan, Jenna Hendry, Nora Monsecour, Louis Thuriot en alternance avec Bojana Mitrovic et Colas Lucot
Composition : Franco Mento
Live électronique : Franco Mento, Szymon Wojcek en alternance
Lumières, espace : Jan Wiesbrock, Annegret Schalke
Costumes : Fa-Hsuan Chen
Coaching vocal : Karine Barman, Justin F. Kennedy, Leah Marojevic
OEil extérieur : Alvaro Esteban
Dramaturgie : Rainald Endrass
Vidéo et photos : Michael Maurissens, Franco Mento
Community manager : Maud Richard
Chargé de production : Marcus Bomski, Maxime Rappaz
Management : Aurélie Martin
Crédit photos : Noé Grange.