Le banquet des merveilles – un hymne incroyable à notre part d’humanité et au pouvoir de s’émerveiller qui couve en nous.

Le spectacle s’ouvre sur un tableau très noir, chaotique, très beau un peu comme une fiction post apocalyptique. Les danseurs sont comme emprisonnés, emmaillotés dans les éléments du décor et se meuvent difficilement, accompagnés par les musiciens de la compagnie du Tire-Laine qui seront présents tout le spectacle avec leur musique live. Ils font également parti du show en bougeant et interagissant avec les danseurs et danseuses sur la scène et hors de la scène. Ainsi, la première partie du spectacle est comme une préface très sombre, qui nous emmène d’un monde troublé et angoissant vers un autre plus harmonieux et serein qui tend donc vers le merveilleux.

Ce spectacle tient aussi de la performance. Il est en trois grandes parties. Une introduction bien noire comme décrit précédemment, une deuxième partie pleine d’espoir et de résilience qui oscille entre l’improvisation parfois et les partitions à l’unisson et la dernière partie qui brise le quatrième mur comme on dit dans « les milieux autorisés » avec une fête généralisée avec le public. Cette dernière partie qui sollicite le public rejoint parfaitement le titre du spectacle. On nous distribue de la soupe … joie des papilles et on danse tous et toutes ensemble pour la joie et la résilience.

La deuxième partie est sur un format plus « standard » avec les musiciens et les danseurs qui interagissent ensemble et qui nous emmènent vers cette joie et cet émerveillement qui transcende le propos et la scène. La scène est chapeautée par une immense toile, seul élément du décor qui est parfois très présent et écrase presque de sa présence les interprètes ou parfois si légère qu’elle participe aussi à cet enthousiasme général.

Et la troisième et dernière partie se fait en dehors de la scène, musiciens et danseurs nous invite à participer tous ensembles à ce banquet des merveilles.

Ce spectacle tient aussi de la résilience. Il nous réjouit parce qu’il fait appel à notre humanité, parce qu’il nous réunit et que tous ensembles on participe à cette joie, à cet émerveillement que la vie devrait nous donner tous les jours. Sylvain Groud est un chorégraphe certes mais aussi finalement un magicien, un thérapeute du bonheur qui joue avec la résilience du vivre ensemble pour nous redonner du bien-être et de la joie. C’est nécessaire et parfaitement indispensable en ces temps déstructurés. C’est magique indéniablement.

Le merveilleux, les merveilles, des mots que nous avons plus ou moins banni de notre vocabulaire et que Sylvain Ground remet au premier plan. Les merveilles désignent des choses, des événements ou des êtres extraordinaires par leur beauté, leur rareté ou leur caractère surprenant. Ce sont souvent des choses qui nous étonnent, nous impressionnent et dans le spectacle, on ajoute sans nul doute le sens de donner de la joie et du plaisir.

Sylvain Groud est un chorégraphe et danseur français, diplômé du CNSMD de Paris en 1991. Il a débuté sa carrière en tant que danseur aux côtés de Gigi Caciuleanu puis d'Angelin Preljocaj jusqu'en 2002. Lauréat du Concours International de Paris avec sa première chorégraphie, il poursuit son travail de création autour de deux grands axes : les pièces in situ et la relation entre la musique et la danse. Avec sa compagnie MAD, il crée plus de 30 pièces entre 1994 et 2018. Il est reconnu pour son approche innovante de la danse, intégrant des éléments de musique et de participation du public. Il travaille également ses créations avec une dimension sociétale d’inclusion. Ainsi, Sylvain Groud est engagé auprès des publics fragiles, notamment à l’hôpital ou en EHPAD depuis 2006 avec la mission culturelle du CHU-Hôpitaux de Rouen. Et depuis 2020, il collabore de manière régulière avec le vidéaste Léonard Barbier-Hourdin pour la création de films chorégraphiques. Ancrés sur le territoire des Hauts-de-France, ces projets impliquent pour la plupart les habitants de la région. En 2022, il crée la chorégraphie Adolescent avec Françoise Pétrovich et en  2023,  Des chimères dans la tête, toujours avec Françoise Pétrovich qui est actuellement en tournée. Sylvain Groud continue de faire évoluer sa pratique artistique en intégrant des éléments de participation et d'inclusivité dans ses œuvres. C’est ce qui rend ces spectacles si « merveilleux ». On en sort régénéré, et beaucoup plus confiant en l’humain que quand on y est entré. Sylvain Groud fait plus que nous réconforter avec ce spectacle il nous redonne fois en l’humain ce qui en ces temps incertains est une grande bouffée de bonheur.

Distribution

Chorégraphie, scénographie Sylvain Groud
Assistante artistique Johanna Classe
Composition musicale Yann Deneque, design sonore Malik Berki
Avec les interprètes Julian Babou, Malik Berki, Agnès Canova, Mehdi Dahkan, Yann Deneque, Cédric Gilmant, Sylvain Groud, Antoine Marhem, Johana Malédon,
Julien Raso, Cybille Soulier
Lumières, scénographie et régie lumières Michaël Dez
Costumes, accessoires Chrystel Zingiro
Assistante et réalisation costumes Élise Dulac
Réalisation costumes Capucine Desoomer, Alice Verron, Céline Billon
Direction technique Robert Pereira
Régie plateau Christopher Dugardin
Régie son Péji Heude

Production | Ballet du Nord, CCN Roubaix Hauts-de-France

Tournée

06/05 La Filature Scène Nationale, Mulhouse

17/05 Théâtre le Forum, Fréjus

24/05 Les Salins Scène Nationale, Martigues