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Arts-chipels.fr

Okilélé. Les tribulations d’un mal aimé.

Phot. © Nicolas Guillemot

Phot. © Nicolas Guillemot

Michaël Dusautoy transpose l’album jeunesse de Claude Ponti en théâtre d’objets, de marionnette et d’images : les aventures d’un petit personnage rejeté par sa famille, qui curieux et astucieux surmonte ses handicaps.

Un parcours initiatique

Le Collectif Quatre Ailes récidive : après le succès de Mille secrets de poussins, cette nouvelle adaptation scénique réunit la même équipe artistique autour du metteur en scène et plasticien Michaël Dusautoy.

« Quand il est né, Okilélé n'était pas beau. Ses parents, ses frères, sa sœur dirent "Oh, qu'il est laid!" Okilélé pensa que c'était son prénom… », ainsi commence le livre. La petite créature au nez trop long devient, tel le vilain petit canard d’Andersen, le paria de la famille. Moqué et mis au rebut parce que différent, il se terre tristement sous l’évier de la cuisine, à côté des poubelles. Curieux de tout et bricoleur, il y trouvera un ami et guide : Martin Réveil, un vieux réveil cassé qu’il a réparé.

Que faire sinon quitter ces lieux hostiles ? Les voilà tout deux partis à l’aventure. En route, Okilélé, revêtu de sa cape magique, rencontre Gradusse, l’éléphant pas très malin, la bavarde Boîte-Taréponz, le Monstre, un vieillard très sage, Pofise Forêt la sorcière, le Soleil endormi... Ragaillardi par tout ce qu’il a appris en chemin, notamment à parler, réfléchir et communiquer avec les étoiles par parlophone, il rentre chez lui pour trouver sa famille perdue dans une rivière de larmes, devant la maison en ruines. Une potion magique de sa fabrication aura raison de toutes les difficultés.

Phot. © Nicolas Guillemot

Phot. © Nicolas Guillemot

Mise en abîme du récit

Destiné au jeune public à partir de quatre ans, le spectacle explore les chemins qui permettent à un enfant discriminé et maltraité de résister et de se construire. Pour atténuer la cruauté du conte – le père de famille va jusqu’à emmurer la petite créature sous l’évier –, Frédéric Chevaux, qui signe l’adaptation, a inventé un narrateur : un homme qui s’adresse à son fils de cinq ans. L’enfant n’est pas présent mais le jeune public peut s’identifier directement à lui. Venu ranger la maison des grands-parents, l’homme déterre, dans le joyeux désordre de la cave, des reliques de sa propre enfance et utilise ces objets pour raconter les tribulations d’Okilélé, un personnage qu’il s’était inventé, petit, quand il se sentait triste.

Les histoires de l’homme, de son fils et d’Okilélé s’entremêlent avec fluidité, ce qui permet aux petits spectateurs de suivre le fil narratif et d’ancrer la fiction dans leur vécu personnel. « Claude Ponti s’inspire beaucoup des enfants et nous voulons suivre une démarche similaire pour les inclure dans la dramaturgie », dit le metteur en scène. La pièce a été peaufinée lors d’ateliers en école maternelle, pour expérimenter les procédés narratifs autour du langage, des images et de la manipulation d’objets.

Phot. © Nicolas Guillemot

Phot. © Nicolas Guillemot

Une boîte magique qui s’anime

Dans la pénombre du plateau s’entassent meubles, bâches, étagères... Autant de surfaces utilisées pour projeter l’image animée d’Okilélé : Claude Ponti l’a dessiné avec un nez en trompe d’éléphant. Il circule dans ce bric-à-brac, saute d’un lieu à l’autre, comme dans les cases de l’album et rencontre des personnages plus étranges les uns que les autres, fabriqués à partir de matériaux de récupération : roues de bicyclette, tuyaux, vaisselle.... Le comédien narrateur, aidé par un manipulateur invisible, s’empare de ces objets hétéroclites pour construire un monde farfelu, comme le fait Okilélé en bricolant sous son évier. À cette magie du théâtre noir s’ajoute la multiplication des images diffusées depuis plusieurs sources, sur des écrans et tablettes dissimulés dans le décor. Ces projections à la surface des objets créent des « marionnettes vidéo ». Ainsi Gradusse l’éléphant roule des yeux stupides, la bouche de la Boîte-Taréponz remue quand elle parle... L’image d’Okilélé, elle, navigue de-ci de-là dans la boîte à jouer, grâce à une « hélice holographique » activée dans le noir.

Le parcours acrobatique de Damien Saugeon sur les pas d’Okilélé, les prouesses techniques de la vidéaste Anabelle Brunet et de l’homme de l’ombre, Emmanuel Laborde, traduisent avec justesse ce conte fantastique en langage théâtral. Petits et grands, captivés, découvrent l’univers de Claude Ponti, sa créativité débordante de couleurs et de poésie, ses jeux de mots drolatiques, et les métaphores dont il use pour dire la vérité aux enfants sur la cruauté du monde. Selon lui, mieux vaut les prémunir contre le mal. Raison de plus pour prolonger cette représentation par la lecture de ses albums et de visiter le musée en ligne qu’il a créé, constitué d’œuvres réalisées par des enfants : www.lemuz.org

Phot. © Nicolas Guillemot

Phot. © Nicolas Guillemot

Okilélé d’après l’album de Claude Ponti d. L’École des Loisirs, 1993)
S Adaptation Frédéric Chevaux S Conception Collectif Quatre Ailes S Avec Damien Saugeon (jeu) et Emmanuel Laborde (manipulations) S Mise en scène et scénographie Michaël Dusautoy S Vidéo et scénographie Annabelle Brunet S Accessoires, construction et lumières Emmanuel Laborde S Lumières Willy Connell S Musiques Nicolas Séguy S Design sonore Damien Rottier S Marionnette Fabienne Touzi Dit Terzi S Production diffusion Estelle Delorme Collectif Quatre Ailes (BP 34 - 94201 Ivry-sur-Seine cedex) S Production Collectif Quatre Ailes, Espace Municipal Jean Vilar à Arcueil, Arto le Kiwi lieu de partage et d’imagination S Tout public à partir de 4 ans - moyennes sections jusqu’au CE2 S Durée 40 minutes

TOURNÉE
13 et 14 février 2025, Centre culturel Jean Vilar, Marly-Le-Roi (78)
3 au 7 mai 2025, L’Imprévu, Saint-Ouen l’Aumône (95)
15 au 20 mai 2025, Le Pôle, Revest-Les-Eaux (83)
22 au 24 mai 2025, Théâtre en Dracine, Draguignan (83)
Juillet 2025 Festival Off Avignon – Présence Pasteur à 9h30

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