Grinioteçocette. Vaincre l’appréhension du monde extérieur et s’ouvrir aux autres.

Cette fable pour tout-petits mais pas que met en scène un enfant des villes, un petit peu trop « adulte » dans sa tête, qui voit, un beau jour, l’inconnu faire irruption dans le déroulement bien huilé de son quotidien.

Grangry est à l’image de son nom. Pantalon gris, veste grise, tout est gris dans son univers, même le paysage qu’il contemple de sa chambrette, aquarellé ou dessiné à la plume en noir et blanc, qui apparaît sur l’écran en fond de scène. Sa vie aussi est grise parce qu’il cherche un travail. En plus, il pleut.

Mais voici qu’un petit personnage s’immisce dans ce monde sans éclat. Un esprit fantasque et farceur dissimulé dans une drôle de chaussette. Il va introduire, dans le quotidien sans histoire de Grangry, un accident. Pour que plus rien ne soit pareil. Il lui suffit de cacher une des chaussettes de Grangy et voilà celui-ci lancé à retourner toute sa chambre à la recherche de la récalcitrante, sortant l’une après l’autre des paires toutes uniformément grises…Jusqu’à ce qu’apparaisse à la fenêtre une première note de couleur :c’est Grinioteçocette.

Entre cirque, théâtre, marionnette et dessin

Une grande diversité d’approches artistiques caractérise le spectacle. Grangry ne parle pas mais ses déplacements passent par l’acrobatie. Faisant écho à la motricité des tout-petits, pour qui le monde se trouve près du sol et dans la verticalité approximative qu’ils acquièrent au fil du temps, Grangry ne s’exprime que par des mouvements qui prennent appui sur le sol, dans une gestuelle qui traduira les bouleversements émotionnels que lui occasionne l’irruption dans sa vie de cette fantaisie colorée inopinée.

Face à lui, commentant la vie du personnage, s’installe Jacquard, une marionnette enfilée sur le bras d’un acteur et manipulée à vue. De sa bouche sort, en voix off, le récit qui place Grangy dans son cadre et commentera, au fil de l’action, le bouleversement qui intervient dans la vie du personnage avec l’apparition à sa fenêtre de Grinioteçocette, cette petite masse colorée composée de boudins entortillés ensemble qui dévorent la grisaille de la vie de Grangry. Dans son sillage apparaîtront à la fenêtre des tracés de couleurs vives auxquels feront écho, à mesure que Grangry ouvre son esprit à l’extérieur, des rubans colorés qui sortent de son cœur. La prolifération de la couleur gagnera ensuite tout l’univers de la chambre, sortant des meubles, nimbant les immeubles qu’il voit de sa fenêtre, réenchantant son quotidien.

La touche définitive interviendra avec l’arrivée de Maison-maman, sorte de déesse-tutélaire elle aussi composée de boudins colorés, sous la robe de laquelle Grangry, comme Grinioteçocette, trouveront refuge. Valeur-doudou, elle incarnera à la fois la sécurisation de l’enfant et son ouverture au monde qui l’entoure.

Le son viendra compléter cet apprentissage de l’ailleurs en emplissant l’espace du monde du dehors : bruits de rue, rumeurs du voisinage parvenant aux oreilles dans un langage imaginaire, incompréhensible, et échos de la nature s’installeront dans le milieu clos de la chambre.

Un « message » à tiroirs

Maintenu en alerte par la multiplicité des sollicitations offertes par les différents médias utilisés, les enfants restent en éveil, riant des désordres créés, des maladresses du personnage. Il n’en demeure pas moins – et le travail d’animations proposé par la compagnie va aussi dans ce sens – que la création a une valeur d’apprentissage et de réflexion pour les enfants. Car plusieurs thèmes sont développés à travers cette fable, pensée à hauteur d’enfant. Dépasser la solitude en allant vers les autres, vaincre ses peurs du monde extérieur, accepter les différences, s’ouvrir aux autres en même temps que retrouver un lien avec la nature environnante à travers pigeons et chats errants, fleurs oubliées et mauvaises herbes, sont autant de petites touches apportées à ce récit joliment troussé et illustré. Et si l’imaginaire fait entrer dans la chambre baleines et poissons, apportant une note de fraîcheur, il n’y a rien que de très normal…

Grinioteçocette
S Écriture et mise en scène Naéma Boudoumi S Illustrations Zoé Laulanie S Mouvements Anna Rodriguez S Costumes et scénographie textile Sarah Topalian S Création sonore Thomas Barlatier S Création lumière Charlotte Gaudelus S Régie Charlotte Gaudelus en alternance avec Julien Reis Conseils manipulation Coralie Brugier Avec Pierre-Maël Gourvennec & Élie Baissat en alternance avec Victor Calcine S Production Cie Ginko S Administration Véronique Felenbok & Ondine Buvat pour Le Bureau des filles S Accompagnement diffusion Chloé Cassaing S Créé à La Cidrerie – Beuzeville le 23 février 2025 S Deux versions : dans les théâtres et « hors les murs », en salle avec création lumière ou en lumière naturelle en école, médiathèque ou dans d’autres lieux dits « non dédiés », durée 30 minutes, dans les établissements de la petite enfance (crèche, relais petite enfance...), durée : 25 minutes + atelier autour du spectacle S À partir de 2 ans

Du 13 au 22 mars 2025 - Théâtre Dunois, Paris
Du 24 au 28 mars 2025 - La Faïencerie, Creil - Tournée hors les murs. 5 représentations
Novembre/décembre 2025 - Ville de Bobigny. 35 représentations dans les écoles maternelles, médiathèque et crèches et au CC Pablo Neruda
Février 2026 - Le Volcan – SN du Havre. 10représentations
Avignon 2026