3 Février 2021
Du climat aux écrans, les désordres planétaires changent notre culture visuelle. La prolifération et l’accélération des images dans notre environnement nous font percevoir notre quotidien comme ralenti, rétréci. Comme si l’illimitation des images prenait place dans le monde fini qui nous entoure. Dans leur écart se fait jour un questionnement que Susan Sontag a qualifié d’« écologie des images ».
Trois directions d’analyse sont privilégiées par l’équipe du Festival. 1/ Comment les images peuvent-elles accueillir la question écologique ? Comment préserver dans cette saturation du visible la part invisible qu’elles comportent et qui nous pousse à réagir ? 2/ Les images peuvent-elles s’inquiéter de leur propre impact ? Comment contribuent-elles à cela même dont elles témoignent ? Les images ont tendance à masquer leurs propres traces, la manière dont elles ont été produites (terres rares pour matériaux des téléphones, « chauffe » des serveurs…). Comment les images contemporaines témoignent-elles de leurs propres traces dans l’écosystème du monde ? 3/ Si l’on envisage l’expression « écologie des images » de manière « littérale », comme si les images constituaient un écosystème et présentaient une iconodiversité, comment les catégoriser ? Elles pourraient être prédatrices, fragiles, invasives ou à protéger, etc. Dans ce cadre, traversé par la question du visible et de l’invisible, déterminer les sens possibles de l’écologie des images, c’est faire lever toute la richesse visuelle que cette expression recouvre.
Du 1er au 14 février, durant quinze jours, des cinéastes, des artistes et des chercheurs nous mettront le regard en alerte pour entrevoir d'autres avenirs. Peut-on imaginer et pratiquer une écologie des images ? Peut-on, aux images conquérantes, substituer des visions d’artistes en forme de présages, attachées à alerter sur les dangers et les possibles d’une transformation planétaire dont les effets sont encore à venir ? Ces questions traverseront ce 16e festival, dédié à explorer toutes les formes de l’image en mouvement, et à rencontrer celles et ceux qui en font la matière de leur création, de leur pensée et de leur écriture. Kelly Reichardt au cinéma, Vinciane Despret en philosophie, Jérôme Bel dans le champ de la danse contemporaine, Nicolas Gourault dans celui des arts visuels, Philippe Descola en anthropologie des images, et bien d’autres guideront nos regards et nos pas.
• visite virtuelle de l'exposition « Matières d’images »
• films suivis de rencontres en ligne
• rencontres-performances filmées
• exposition en continu
• film chaque soir, à 19h
• nouvelles rencontres-performances chaque jour, à 11h et à 17h30, ou en replay
Le Festival Hors Pistes, du 1er au 14 février 2021 : sur le site