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Arts-chipels.fr

Le Théâtre du corps, 20 ans et après...

Julien Derouault et Marie-Claude Pietragalla. Phot. © DR

Julien Derouault et Marie-Claude Pietragalla. Phot. © DR

Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault ont la danse et la poésie chevillées au corps. Ils ont à cœur de transmettre leur art, tant au grand public qu’à de jeunes interprètes. Dans leurs studios d’Alfortville, ils ont fondé un centre d’apprentissage (CFA) pour artiste de théâtre corporel.

Un duo de choc

Fondé en 2004, le Théâtre du corps est une compagnie à deux têtes : elle, danseuse étoile à l’Opéra de Paris (1990-1998) puis directrice du Ballet National de Marseille (1998-2004) ; lui, danseur soliste du Ballet National de Marseille (1997-2004). « La muse et le pygmalion », plaisantent-ils de leur couple. À la fois chorégraphes et interprètes de haut vol, ils envisagent leurs créations communes comme « de la poésie en mouvement, où corps et voix entrent en résonnance ». Parmi les vingt-cinq chorégraphies qu’ils ont cosignées, ils ont chacun dirigé l’autre dans des solos. Elle interprète La Tentation d’Ève (2011) et La femme qui danse (2019) et dernièrement Barbara où elle incarne et chante les textes de la « Dame brune ». Lui joue et danse Aragon et Shakespeare dans Être ou paraître (2014). Ils se sont aussi produits en duo sur le thème du couple : Souviens-toi (2012), M. et Mme Rêve d’après Ionesco (2014), Je t’ai rencontré par hasard (2016). Ces pièces où ils questionnent l’intime alternent avec des productions grand format comme Marco Polo (2008), présenté aux J.O. de Pékin puis en tournée en Chine, ou Lorenzaccio (2017), au Festival de Grignan, un exploit physique pour les danseurs que de jouer tous les soirs pendant deux mois ! Et bientôt Don Quichotte avec des décors virtuels. On peut encore voir en tournée Giselle(s) (2023), qui récapitule toutes les versions du ballet romantique ou Mythologies (2022), une relecture contemporaine des chefs-d’œuvre de la danse classique...

Le Studio. Phot. © DR

Le Studio. Phot. © DR

La tête dans les étoiles, les pieds sur terre

Le secret de leur réussite, outre la renommée de l’étoile de l’Opéra — interprète de Noureev, Béjart et bien d’autres grands — et leur talent conjugué, a été d’amener la danse là où elle n’allait pas, comme au Château de Lacoste (Vaucluse) pour Sade, le Théâtre des fous (2007), le Grand Rex, l’Olympia ou la Fête de l’Huma. Ils se sont aussi ouverts aux musiques expérimentales avec les capteurs de la Muse en circuit, sonorisant les mouvements. Ils ont expérimenté des décors virtuels et donné corps à la littérature  (Char, Aragon, Cervantès...) Et surtout ils parviennent à s’autoproduire, grâce à une diffusion d’au minimum quatre-vingts dates par pièce. « À la 100e, le danseur vole, dit Julien Derouault. C’est sur scène qu’on apprend le métier ! » « On ne fait pas de la danse de laboratoire, on est des saltimbanques », ajoute Pietra, comme la danseuse plaît à se nommer.

Alfortville est la terre d’accueil du Théâtre du corps. Il s’est installé dans une ancienne usine, sise parmi les pavillons, que la compagnie a pu acheter en 2021 et a aménagée. Trois studios, un espace de répétition avec gradins, des espaces dédiés aux apprentis danseurs, des bureaux. Et une salle équipée pour des séances de kiné, suivi indispensable pour éviter ou soigner les blessures des interprètes. En outre, la rue Marcellin Berthelot abrite aussi un peu en amont, le Théâtre Studio de Christian Benedetti et les musiciens de la Muse en circuit. Des voisins avec qui collaborer.

En parallèle, les deux chorégraphes assurent la direction artistique et la programmation du !POC !, scène municipale d’Alfortville. Les saisons y sont pluridisciplinaires, avec bien sûr un festival de danse, et des actions culturelles en direction des Alfortvillais.

Phot. © DR

Phot. © DR

Une école professionnelle où l’acteur danse et où le danseur joue

Les deux artistes ont inventé un style personnel et complexe. Au Théâtre du corps, les interprètes allient jeu théâtral et performance physique. Un art fondé sur l’appropriation et la respiration d’un texte à travers le corps. « Donner corps aux acteurs à travers le mouvement et voix aux danseurs à travers la poésie du texte, dit Marie-Claude Pietragalla, c’est ce que nous enseignons aux jeunes générations. Ils ont envie de pluridisciplinarité. »

Depuis 2021, le « CFA Pietragalla Derouault » accueille des promotions de quinze apprentis chacune. Ils ont entre dix-huit et vingt-cinq ans et sortent au bout de deux ans avec un certificat professionnel d’« artiste de théâtre corporel ». Employés et rémunérés par le Théâtre du corps, ils bénéficient d’une formation générale en alternance avec une expérience pratique en compagnie. On leur enseigne danse classique, hip-hop, contemporain, théâtre, clown, acrobatie, théâtre d’objets, arts martiaux, chant…

On leur apprend aussi à connaître et gérer leur corps, physiquement et psychologiquement. Pour Pietra : « Les artistes de demain devront être capables de penser le spectacle vivant dans sa globalité. Ils auront besoin non seulement de maitriser plusieurs techniques et styles mais aussi de connaître les rouages de l’économie culturelle (contrat de travail, droits d’auteur, etc.) afin d’être autonomes. »

La Leçon. Chorégraphie Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault. Phot. © DR

La Leçon. Chorégraphie Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault. Phot. © DR

Les apprentis danseurs La Leçon

Pour leur spectacle de fin d'étude, les 2 e année danseront la pièce d'Eugène Ionesco, chorégraphiée et mise en scène par Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault.

Après Les Chaises et M. et Mme Rêve , ​​le duo retrouve son auteur fétiche : « Ses didascalies sont des indications chorégraphiques », dit Pietra.

Dans La Leçon, Julien Derouault, en professeur tyrannique et survolté, enseigne tout dans tous les domaines : arithmétique, linguistique, philologie... un vrai pot-pourri. Dans la classe, revisitée en studio de danse, les élèves doivent se plier à ses extravagances de maître de ballet, traduites en une chorégraphie aussi précise que chaotique, et une nouvelle élève, avide de danse et de savoir, se rebelle.

Lors de notre visite au 56, rue Marcelin Berthelot, un court extrait de la pièce nous a convaincus du bon niveau des apprentis danseurs-acteurs. À suivre.

Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault. Phot. © DR

Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault. Phot. © DR

La Leçon d’Eugène Ionesco S Chorégraphie et mise en scène Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault S Lumières Alexis David S Costumes Marie-Claude Pietragalla S Production Théâtre du Corps S Avec le soutien à la création du !POC ! d’Alfortville S Durée 1h15

Du 11 au 15 juin 2025 - La Scala-Paris 13, boulevard de Strasbourg Paris 10e T. 01 40 03 44 30
6 novembre 2025 Le Ponant, Pacé (35)
16 janvier 2026, Franconville (95)
24 janvier 2026 La Commanderie, Dôle (39)
26 janvier 2026 La Mals, Sochaux (25)
30 janvier 2026 Salle Horizon-Pyrénées, Muret (31)
27 février 2026 L’intervalle, Vaugneray (69)
1er mars 2026 Le Cèdre, Chenove (21)
11 mars 2026 Les Atlantes, Sables-d’Olonne (17)

Théâtre du corps - 56 rue Marcelin Berthelot Alfortville (94)

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