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Arts-chipels.fr

La Dame blanche. Romantisme, réminiscences et émancipation des femmes

La Dame blanche. Romantisme, réminiscences et émancipation des femmes

Certaines pièces d’opéra acquièrent une dimension mythique. Quoiqu’elle se termine bien, la Dame blanche est de ceux-là. Immergée dans l’esprit romantique de son temps et imprégnée de ses valeurs, cet opéra-comique typiquement français a connu plus de mille six cents représentations depuis sa création.

La Dame blanche est l’opéra le plus célèbre de François-Adrien Boieldieu. Son style musical et son sens théâtral influenceront des compositeurs tels qu’Alphonse Adam, Georges, Bizet, Léo Delibes et Emmanuel Chabrier. Écrite en vingt-neuf jours pour concurrencer l’influence croissante de Rossini, elle n’en demeure pas moins emblématique avec plus de cent représentations l’année de sa création et la reconnaissance de Wagner et de Carl Maria von Weber qui affirmait : « Depuis les Noces de Figaro de Mozart, on n’a pas écrit un opéra-comique de la valeur de celui-ci. »

Illustration de Tony Johannot

Illustration de Tony Johannot

Un climat romantique

Dans la France de 1825 – date à laquelle la pièce lyrique est créée – le romantisme bat son plein. Les romans noirs, les histoires de spectres revenant hanter les vivants ont traversé l’Atlantique et avec eux les romans de Walter Scott dont les traductions circulent et dont on parle dans les salons. On exalte l’amour, on s’enthousiasme pour la nature comme source de mysticisme et de mystère. On va chercher dans les temps anciens une vérité immanente. On se repaît des vieux cimetières noyés de brume dans lesquels se dessinent à peine, dans un pâle halo de Lune, quelques silhouettes fantomatiques qui pourraient être les esprits des morts qui errent. Ticket gagnant, donc, pour Boieldieu et Scribe, le librettiste, lorsqu’ils choisissent de reprendre pour en amalgamer les thèmes et les adapter les deux succès de Walter Scott que sont Guy Mannering (1815) et le Monastère (1820).

Illustration d'Emile-Louis Verrier

Illustration d'Emile-Louis Verrier

La Dame blanche, entre fantastique, roman d’amour et pièce à rebondissements

La Dame blanche présente tous les ingrédients propres à séduire son temps. Un château familial en ruines, celui des comtes d’Avenel dont l’héritier a disparu et qu’on prétend hanté. Une jeune fille, Anna, recueillie avant sa mort par la comtesse d’Avenel, qui rêve d’un jeune homme qu’elle a soigné par le passé et dont elle est tombée amoureuse. Un intendant vorace qui voudrait s’emparer du château et de ses terres. Un jeune officier sans le sou qui a perdu la mémoire et se révèle être l’héritier du domaine. La toile de fond, c’est, comme il se doit, l’Écosse et ses paysages estompés par le brouillard. Il suffit d’ajouter un soupçon de mystère, le supposé spectre de cette dame blanche qu’Anna exploitera pour aider son amoureux à triompher, un trésor caché qui vient opportunément apporter une issue à ceux qui le méritent et quelques péripéties liées à la vente du domaine des Avenel et le tour est joué. Il suffit de secouer le sac, d’ajouter un peu de talent musical à l’ensemble et le public est conquis. Ainsi commence la carrière d’un opéra-comique qui entrera au répertoire du Metropolitan Opera de New York en 1885.

Image publicitaire pour la marque Liebig

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Fidélité / actualité

Comment expliquer l’attrait que l’opéra-comique exerça sur des personnalités aussi diverses que Wagner et Debussy, comme sur le grand public – le spectacle a connu plus de mille représentations à l’Opéra-comique – jusqu’à inspirer à Hergé le Trésor de Rackham le Rouge ? Sa partition étincelante et la virtuosité du chant y ont sans doute une bonne part, mais pas seulement. C’est que la pièce recèle des aspects éminemment modernes que Pauline Bureau souligne. Sans sacrifier au modernisme à tout crin qu’on connaît aujourd’hui avec une partie du répertoire lyrique, mais sans céder non plus à la reconstitution folklorisante du climat d’origine, elle met en avant quelques thèmes qui nous parlent, encore aujourd’hui. L’aventure d’Anna d’abord, une jeune femme qui s’affranchit peu à peu des règles pour exercer sa liberté et devenir elle-même. Celle de son amoureux, l’officier George Brown qui se construit en tant qu’héros au fil de l’opéra, fouille dans les méandres de sa mémoire et, de réminiscence en réminiscence, à travers un parcours que ne bouderaient pas les psychanalystes, récupère son identité.

Gageons donc que le spectacle associera le plaisir de l’écoute à un intérêt renouvelé pour l’intrigue…

Maquette de costume. DR Alice Touvet.

Maquette de costume. DR Alice Touvet.

La Dame blanche, opéra-comique en 3 actes sur un livret d’Eugène Scribe, d’après Walter Scott, créé à l’Opéra en 1825

Direction musicale : Julien Leroy

Mise en scène : Pauline Bureau

Décor : Emmanuelle Roy. Costumes : Alice Touvet. Lumières : Jean-Luc Chanonat. Vidéo : Nathalie Cabrol. Magicien : Benoît Dattez. Dramaturgie : Benoîte Bureau

Avec : Philippe Talbot (George Brown), Elsa Benoit (Anna), Sophie Marin-Degor (Jenny), Jérôme Boutillier (Gaveston), Aude Extrémo (Marguerite), Yann Beuron (Dickspn), Yoann Dubruque (Mac Irton)

Chœur : Les éléments

Orchestre national de l’Île-de-France

Opéra-Comique, 1, place Boieldieu  – 75002 Paris

Tél. 0 825 01 01 23. Site : www.opera-comique.com/fr

Les 11, 13 et 17 juillet à 20h, le 15 juillet à 15h

Les jeudis 20, samedi 22, mercredi 26, vendredi 028 février à 20h, le dimanche 1er mars à 15h.

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