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Arts-chipels.fr

Aime-moi. Souvenirs, souvenirs…

Phot. © Shirley Monsarrat

Phot. © Shirley Monsarrat

Entre autoportrait et récital musical, Fabien Ducommun évoque, sur la guitare de Jean-François Prigent, une traversée américaine qui a tout du parcours initiatique.

Pour tout accessoire, un tabouret haut qui se métamorphosera en vieille Chevrolet que Fabien Ducommun est chargé de mener de New York aux rives du Pacifique. Une traversée mythique de l’Amérique maintes fois célébrée par le cinéma ou la chanson. Plus de 4 500 kilomètres sur d’interminables rubans d’asphalte à travers paysages verdoyants, forêts et déserts, seul face à soi-même. Une histoire que l’auteur-acteur-co-metteur en scène suisse raconte à sa manière dans ce road-movie musical.

Il était une fois la traversée de l’Amérique…

Fabien Ducommun est, comme beaucoup, un jeune homme désargenté quand il part faire l’expérience de l’Amérique. Lorsqu’on lui offre de convoyer une antique Chevrolet, l’occasion est belle, même si le voyage s’avère plus aventureux et compliqué qu’il n’y paraissait au départ. Une traversée de l’immensité ponctuée par des haltes qui seront autant d’approches de la diversité de l’Amérique, des bars déjantés de Pittsburgh, la ville d’origine d’Andy Warhol aux plus de quatre cents ponts, jusqu’à l’émerveillement de la découverte du Pacifique en passant par les cérémonies chamaniques héritées de la tradition indienne en Arizona. Un voyage dont les souvenirs prendront la forme d’un T-shirt paysage-abstrait en dégradés de gris, d’une plume dorée, symbole de paix et de liberté ou d’un présent de pierres semi-précieuses – cristal de roche, améthyste et lapis-lazuli – aux vertus magiques.

Une traversée en forme de parcours initiatique

Ces petits cailloux semés au fil de la traversée racontent, au-delà du paysage, des rencontres qui sont autant d’étapes dans le parcours personnel du narrateur. Car Aime-moi, qui prend la route de l’Amérique, n’est pas seulement un récit de voyage mais celui d’un accomplissement de soi. Tout au long du périple surgit la mémoire autant réelle qu’imaginaire des événements qui ont jalonné la vie de l’auteur mais aussi et surtout, se mettent en place les avancées d’une conscience de soi qui se forme au fil du temps : un enfant différent des autres, plus petit, moins « viril » que les garçons de son âge, sa crise d’asthme et son expérience de mort imminente, la découverte de son homosexualité, sa volonté de devenir artiste et les mésaventures qu’elle occasionne. La traversée des États-Unis, avec ses rencontres, lui offrira l’occasion de s'aventurer plus loin en lui-même, faisant de la route « le chemin mystérieux [qui] va vers l’intérieur ».

Une plongée dans la musique américaine des années 1950

La traversée du continent, mi-réelle, mi-fantasmée, s’accompagne d’une évocation mythique de l’Amérique musicale. Le souvenir d’Elvis Presley y règne en maître. De Love Me Tender à The Wonder of You en passant par Can’t Help Falling in Love ou Don’t Be Cruel, c’est à une pérégrination musicale sur la carte du Tendre du chanteur que nous convie Aime-moi. Et si celle-ci remonte à des airs plus anciens tel que Blue Moon, créé en 1934 et repris par le King, à New York New York, composé par Leonard Bernstein en 1944 et interprété par Frank Sinatra, ou à Nature Boy de Nat King Cole, de 1947, c’est pour faire émerger la nostalgie enchantée du passé associée à l’imaginaire américain.

La guitare de Jean-François Prigent, qui a accompagné des artistes aussi différents que Louis Chédid, Julian Perretta, Chimène Badi, ou Grégoire, fait merveille. Les variations qu’il introduit progressivement en détachant le son de la guitare de sa sonorité « naturelle » avec les basses ou la réverbe et en les plaçant dans les paysages sonores de Guillaume Bouchateau, dialoguent avec le chant qui, lui aussi, s’abstrait par degrés de la seule voix pour se nimber d’aura.

Autoportrait d’un timide qui se place dans la lumière, Aime-moi allie l’authenticité de son propos et l’humour de son auteur à une évocation musicale qu’on prend plaisir à entendre.

Aime-moi de Fabien Ducommun
S Mise en scène Fabien Ducommun – Christian Kiappe S Avec Fabien Ducommun S Musicien Jean-Francois Prigent S Direction musicale Cyril Taïeb S Décor Redfield & Dattner S Création lumières Anne Gayan S Son Luis Magellan S Costumes Isabelle Ormières S Durée 1h15

Du 3 mars au 23 juin 2025 à 21h15
La Scala-Paris – 13, boulevard de Strasbourg, 75010
https://lascala-paris.fr

La Scala-Provence - Avignon Juillet 2025

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