The Making of Berlin. Un rêve de vieillard, entre réel et fiction.

Le groupe BERLIN cultive, depuis 2003, la manière de décloisonner documentaire et fiction, vidéo et spectacle vivant. Il met, avec The Making of Berlin, un terme au cycle « Holocène » des portraits de ville.

The Making of Berlin est créé au De Singel à Anvers en 2023. Le projet est déclenché par la rencontre fortuite d’un homme âgé et des artistes de BERLIN. Régisseur, avant la Seconde Guerre mondiale, de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, il leur fait part d’une expérience tout à fait extraordinaire menée à la toute fin de la guerre. Alors que l’Allemagne est en pleine débâcle, comme une ultime résistance à l’anéantissement, les musiciens du Philharmoniker décident de préparer un ultime concert qui sera diffusé sur les ondes. Ils joueront la mort de Siegfried dans le Crépuscule des dieux de Wagner. Mais le théâtre est détruit et ne peut plus accueillir l’orchestre. Il décide donc de se scinder en plusieurs groupes. Chacun d’entre eux se terrera dans un bunker ou un abri souterrain et, ensemble, en se synchronisant, ils feront ce dernier concert. Leur combat, l'ex-régisseur, Friedrich Mohr, ne le pose pas comme une adhésion au national-socialisme mais comme un sursaut créateur, une volonté d’affirmer la pérennité de l’art.

J’ai fait un rêve

Cette rencontre donne l’envie à Yves Degryse et au collectif BERLIN de créer un nouveau spectacle consacré à la vie de ce personnage qui a vécu une expérience hors du commun. Les voilà donc partis sur les traces de son passé, explorant des lieux désaffectés, cherchant ce qui reste des immeubles d’autrefois qu’il évoque dans son récit, pénétrant chez lui pour entendre un disque comportant le morceau dont il parle, rencontrant les rares personnes encore vivantes qui l’ont connu, recherchant dans les archives documentaires, sonores ou journalistiques, les traces possibles de l’événement. Pour rêve à réaliser : retrouver cet événement exceptionnel qui a marqué à jamais la vie de Mohr.

Un projet d’envergure

L’équipe de BERLIN s’emploie à rendre le rêve possible. Pour cela, il faut rejouer cet épisode marquant qui structure, de manière définitive, la mémoire de Friedrich Mohr : un concert synchronisé réalisé dans les conditions du passé, à une époque où internet n’existe pas et où seule la transmission par les ondes s’avère le moyen d’y parvenir. Il lui faut pour cela associer au projet un orchestre qui acceptera de se replacer dans les conditions de l’orchestre d’origine et convaincre une radio de diffuser le concert sur les ondes. L’équipe, en résidence à Gand, trouve dans l’Orchestre symphonique de l’Opera Ballet Vlaanderen et son chef, Alejo Pérez, un partenaire musical et dans KLARA la chaîne de diffusion. Un comédien endossera le rôle de Friedrich Mohr.

Une expérience technologique et musicale

Il faut ensuite, pour se replacer au plus près des conditions d’origine, non seulement retrouver des lieux enterrés où les musiciens s’entasseront par groupes – six – rassemblés selon les indications de Friedrich Mohr, mais aussi résoudre la question de la coordination entre les groupes sans recourir à internet. Toutes ces étapes de travail sont restituées dans le spectacle qui alterne séances de travail en groupe, contacts avec l’orchestre et la radio et recherches documentaires sur la vie de Friedrich Mohr. Peu à peu émerge l’idée que le récit pourrait être faux, que le concert d’origine pourrait être imaginaire, voire même que le personnage de Mohr ne serait pas celui qu’il est, ce qui pourrait remettre en question la totalité du projet. Mais n’est-ce pas là, justement, dans cet entre-deux entre réalité et fiction que se définit BERLIN ? Ainsi se construit du vrai avec du faux. Dans le même temps, médiatisé préconstruit et monté, et direct se font simultanés lorsqu’apparaissent sur scène certains des protagonistes : une musicienne et deux vidéastes performeurs. Cet amalgame entre les genres, cette interpénétration entre documentaire et fiction, vidéo et direct, au-delà du caractère d'investigation que comporte le projet, devient alors pur jeu, et pur régal pour le public qui le découvre.

The Making of Berlin

S Conception et direction BERLIN / Yves Degryse S Avec [sur scène] Yves Degryse, Fien Leysen, Sam Loncke (en alternance) ; Geert De Vleesschauwer, Marjolein Demey, Koen Goossens, Bregt Janssens (en alternance) ; Rozanne Descheemaeker, Matea Majic, Diechje Minne, Jonathan van der Beek (en alternance) / [sur film] Friedrich Mohr, Martin Wuttke, Stefan Lennert, Werner Buchholz, Alisa Tomina, Krijn Thijs, Chantal Pattyn, Orchestre Symphonique de Opera Ballet Vlaanderen, Alejo Pérez, Yves Degryse, Caroline Große, Michael Becker, Claire Hoofwijk, Alejandro Urrutia, Marek Burák, Marvyn Pettina, Farnaz Emamverdi S Équipe BERLIN Jane Seynaeve, Eveline Martens, Jessica Ridderhof, Geert De Vleesschauwer, Sam Loncke, Manu Siebens, Kurt Lannoye S Équipe Opera Ballet Vlaanderen Jan Vandenhouwe, Lise Thomas, Eva Knapen, Christophe De Tremerie S Vidéo et montage : Geert De Vleesschauwer, Fien Leysen et Yves Degryse S Stage montage Maria Feenstra S Prises de vue par drone Yorick Leusink, Solon Lutz S Série documentaire making of Fien Leysen S Scénographie Manu Siebens S Construction décor Manu Siebens, Ina Peeters, Rex Tee, Joris Festjens S Scénographie film Jessica Ridderhof, Klaartje Vermeulen, Ruth Lodder, Ina Peeters S Composition musicale et mixage Peter Van Laerhoven Musique Rozanne Descheemaeker, Matea Majic ou Diechje Minne [sur scène], l’Orchestre Symphonique de Opera Ballet Vlaanderen dirigé par Alejo Pérez, Peter Van Laerhoven, Tim Coenen [sur film] S Mixage orchestre Maarten Buyl S Live conception sonore et mixage Arnold Bastiaanse S Enregistrements sonores Bas De Caluwé, Maarten Moesen, Bart Vandebril S Coordination technique Manu Siebens, Geert De Vleesschauwer S Technique Bregt Janssens, Hans De Prins, Jurgen Fonteijn, Koen Goossens S Chargée de production Jessica Ridderhof S Assistanat production Allemagne Daniela Schwabe, Gordon Schirmer S Recherches Wagner Clem Robyns, Piet De Volder S Recherches Annika Serong S Photographie Koen Broos, Gordon Schirmer S Administratrice Tine Verhaert S Administration Maya Van der Brempt S Distribution David Bauwens S Communication Sam Loncke S Production BERLIN S Coproduction CENTQUATRE-PARIS, DE SINGEL, Opera Ballet Vlaanderen, Vooruit, C-TAKT, Theaterfestival Boulevard, Berliner Festspiele S Avec le soutien du gouvernement flamand, Sabam for Culture, le tax-shelter du gouvernement fédéral belge via Flanders Tax Shelter S Remerciements Cornelius Puschke, Lisa Homburger, Linnen Berlin, Xaveriuscollege [Anvers], Zaal Billy [Merksem], corso [Berchem], Klara, Het nieuwstedelijk, Oderberger Hotel, Jill Barnes, Aino El Sohl, Max-Philip Aschenbrenner, Natasha Padabed, Carena Schlewitt, Myriam De Clopper, Barbara Raes, Dirk Rochtus, Anneleen Hermans, Mark Reybrouck, Karen Vermeiren, De Munt, Guido Spruyt, Hannes D’Hoine, Niels Kloet, Roel Gelderland, Mark Dedecker, Eric Mostert/VMOO et Cees Vossen S BERLIN est artiste associé au CENTQUATRE-PARIS et au NTGent (Gand, Belgique) S Durée 1h50

Du 23 avril au 5 mai.2024

CENTQUATRE – 5, rue Curial, 75019 Paris www.104.fr