Brice Marden – Œuvres sur papier. Entre sinuosités, aplats et coulures.

La Galerie Gagosian expose à Paris des dessins à l’encre représentatifs des deux dernières décennies de production de l’artiste. L’occasion de se plonger dans un univers où motifs rythmiques, couleurs sourdes et coulures nous entraînent dans un labyrinthe entre nature et pensée.

Brice Marden, né le 15 octobre 1938 à Bronxville, dans la banlieue de New York, est décédé le 9 août 1923. Peintre et graveur, il se situe la mouvance de l’abstraction lyrique et de l’expressionnisme abstrait. L’immédiateté réfléchie de la calligraphie chinoise  enrichit par ailleurs son exploration du geste, de la ligne et de la couleur.

L’exposition que présente la galerie Gagosian s’inscrit, à travers ses dessins des deux dernières décennies, dans une continuité de l’œuvre entamée dès les années 1960. Elle oscille en effet entre des monochromes parfois formés de plusieurs feuilles assemblées associant une ou plusieurs couleurs et les lignes organiques caractéristiques de l’artiste, dont les circonvolutions mais aussi les recouvrements tracent une multitude de chemins qui épousent ceux de la réflexion.

Une diversité d’approches

Les techniques et partis adoptés pour la réalisation de l’œuvre sont parfois associés au sein d’une même œuvre, créant une tension entre le vide et le plein, la force des aplats et leur « dégradation » par la coulure, ou instaurant un dialogue entre différents tracés ouvrant ainsi de multiples voies. Parfois la matière peinte ou dessinée envahit tout l’espace du papier, parfois elle laisse place à la matière du support, comme pour affirmer la place de l’œuvre sur le papier, installant les formes carrées, signes de perfection et d’équilibre, dans des formes rectangulaires qui les contiennent.

Des couleurs mates et éteintes

Parmi les couleurs que l’artiste affectionne, certaines sont réalisées à partir d’un pigment d’argile à base de silicate de fer qui donne à la peinture une teinte verte indéfinissable que l’artiste fixe, dans ses infinies nuances et variations, en ajoutant de la cire d’abeille et de la térébenthine aux pigments à l’huile. Les couleurs sont mates, brunes, noires, grises, vertes ou dans des ocres bruns, elles disent le rapport à la pierre, à la terre et à la nature en même temps qu’elle reflètent l'admiration de l'artiste pour les peintres du Siècle d’or espagnol, Francisco de Zurbarán et Diego Velázquez, ou pour Francisco Goya. Lorsqu’elles sont bleues, elles renvoient au turquoise de la mer Méditerranée et des îles tropicales où Marden séjourna.

Le chemin de la ligne

Les lignes organiques des dessins à l’encre renvoient à un cheminement de la pensée, dessinant les circonvolutions d’un cerveau en ébullition où la superposition des couleurs crée une dialectique du dessus et du dessous, de la surface et de la profondeur, et où le recouvrement est simultanéité, association d’idées. Une réflexion en actes qui emprunte le chemin du pinceau, dans l’immédiateté du geste et du premier jet.

La parenté avec les drippings de Pollock s’impose à l’esprit, tout comme avec la peinture de Rothko dont les masses colorées s’interpénètrent subtilement. Marden, à sa manière, propose une synthèse tout en apportant son originalité propre.

Brice Marden - Works on Paper
14 juin–2 août 2025
Galerie Gagosian, 4 rue de Ponthieu, 75008 Paris