On va s’aimer – Une glissade amoureuse, la danse de couple comme parabole sur l’amour.

Le dispositif scénique est particulièrement soigné. Le spectacle commence en fond de scène dans une sorte « d’écran » bien éclairé où évoluent les deux interprètes. On est de suite interpellé par la fluidité de leurs mouvements, par cet effet de glissage comme en apesanteur avec lesquels ils évoluent. Ils se frôlent, ils s’effleurent, se tournent autour dans un mouvement proche de l’ondulation.

Et puis on comprend qu’ils glissent, que le sol leur donne cette fragilité indéfinissable qui les rend presque aériens. Leurs mouvements ondulent et louvoient dans un rythme étrange. C’est gracieux et inattendu.  Les deux, danseur et danseuse, déclinent ainsi, une série de scènes qui interrogent les rapports amoureux. Ils se cherchent, ils se frôlent, ils se tournent autour. On retrouve parfaitement cependant la gestuelle du patinage de couple. C’est de la danse mais c’est aussi presque du patinage. Le propos liminaire de ce couple de danseurs est d’abord d’explorer la danse de couple sur glace, avec tous les codes et postures qu’elle utilise et de développer ce propos sur la relation amoureuse. La danse de couple joue complètement avec l’idéal de fusion amoureuse. Et pour aller plus loin dans cette exploration de la relation amoureuse ils se sont appuyés sur le livre « Fragments d’un discours amoureux » de Roland Barthes.

Ainsi, dans "Fragments d’un discours amoureux", Roland Barthes analyse les multiples facettes de l'amour, explorant les illusions, les désillusions, ainsi que les jeux de séduction et de pouvoir qui jalonnent les relations amoureuses. Barthes y décortique les origines, les formes, les émotions et les dynamiques de l'amour. On retrouve dans cette chorégraphie, cette exploration dansée et non discursive mais très imagée et on suit les tribulations amoureuses de ce couple avec beaucoup de plaisir.

Pauline Bigot est une chorégraphe et interprète. Après une formation au Conservatoire de La Rochelle, Pauline Bigot entre au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris en 2007. En 2011, elle rencontre Philippe Decouflé et débute une longue collaboration avec Jean-Christophe Boclé. En 2013, elle rejoint la compagnie de Xavier Lot ainsi que celle d’Arthur Perole. Depuis 2020, elle développe sa propre démarche artistique en fondant l'entité AmieAmi avec Steven Hervouet. 

Steven Hervouet originaire de Nantes, entre au Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris en 2008, puis il  intègre le Junior Ballet. Il est interprète dans les pièces d’Olivier Dubois et Cécile Loyer. Il prend part aux processus de créations de Jean-Christophe Boclé, Thomas Chopin ainsi que Thierry Micouin. Il a également collaboré avec Arthur Perole, La Presque Compagnie et Yoann Hourcade. Plus récemment, il rejoint la Compagnie Danse Louis Barreau et celle de Lionel Bègue. Depuis 2020, il développe sa propre démarche artistique en fondant l'entité AmieAmi avec Pauline Bigot. 

Une légère interrogation pour moi est le concert de klaxon du début du spectacle, musique originale commandée à Jonathan Kingsley Seilman qui est là pour célébrer l’évènement comme dans un mariage et pour mettre beaucoup de distance sur le sujet. La distance y est c’est sûr, peut être un peu trop si je puis jouer sur les mots.

Pour conclure, Pauline Bigot et Steven Hervouet nous offrent une belle et originale illustration chorégraphique des Fragments du discours amoureux de Roland Barthes tout en explorant les postures de la danse de couple en patinage artistique. C’est inattendu et très séduisant et l’on suit ces pérégrinations avec beaucoup de plaisir.

Distribution

•           Chorégraphes et interprètes : Pauline Bigot et Steven Hervouet

•           Créatrice lumière : Léa Maris

•           Créateur sonore : Jonathan Kingsley Seilman

•           Regards extérieurs : Matthieu Patarozzi, Héloïse Desrivières

•           Photos ©️Héloïse Desrivières