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Arts-chipels.fr

R.O.B.I.N. Zaï Zaï Zaï l’injustice sociale !

Phot. © Laurent Schneegans

Phot. © Laurent Schneegans

L’homme des bois superbe et généreux, le défenseur au grand cœur des petites gens contre les grands méchants qui ne cessent de charger la barque des misères quotidiennes, est l’inspirateur et le héros de cette trame à hauteur d’enfant qui s’ancre dans la vie contemporaine.

Au programme du spectacle, pas de château médiéval ni de bon roi Richard qui vient à la fin user de son autorité pour réinstaurer le meilleur des mondes, mais une situation d’aujourd’hui.

Une actualisation de la légende de Robin des Bois

Robin et sa sœur vivent chichement avec leurs parents, lui jardinier de la ville, elle réparatrice d’appareils électroménagers en tout genre. Leur chaumière ? Un appartement dans une cité où les murs ont la lèpre, où tout tombe par petits morceaux. Et ça devient plus dur encore quand le père se casse les reins et devient incapable de travailler et que la mère se voit priver de son emploi par une décision politique : pousser à la consommation en interdisant toute réparation. Si on ajoute la volonté d’implanter un parc d’attractions qui mettra les pauvres dehors, la coupe déborde.

Ne leur reste plus qu’une seule solution : prendre le maquis et voler ce qu’on ne peut gagner en travaillant. Le Robin qui retourne à la vie « sauvage » n’est encore qu’un enfant. C’est pour fuir un hébergement en famille d’accueil, leur mère n’ayant plus les moyens de les nourrir, qu’il prend la fuite avec sa sœur et se transforme en hors-la-loi.

Voilà les enfants retranchés dans la forêt interdite, jusqu’à ce que la jeune fille soit capturée et traduite en jugement. Le spectacle passera ainsi de la mise en scène des péripéties qui marquent la vie familiale au procès où l’on mettra sur le tapis l’argument de « prendre aux riches pour donner aux pauvres » et où seront avancées les bases d’une société nouvelle.

Phot. © Laurent Schneegans

Phot. © Laurent Schneegans

À hauteur d’enfants d’aujourd’hui

C’est dans un langage simple, accessible aux enfants présents dans la salle, que les deux comédiennes et les deux comédiens s’expriment, endossant tous les rôles, se transformant même au passage en accessoires du jeu des autres. Ce qu’ils racontent, les jeunes spectateurs qui les regardent le comprennent. Ils savent de quoi on parle. Ils rencontrent, pour certains, dans leur vie quotidienne, des problèmes analogues à ceux des personnages, le déclassement de leurs parents, les difficultés à joindre les deux bouts, le chômage et ses conséquences. Ceux-là vivent la discrimination d’une partie de leurs condisciples parce qu’ils sont pauvres et les moqueries qui saluent leur passage parce que leurs fringues sont pourries. Pour les autres, ce sera l’occasion de toucher du doigt les effets de leur attitude.

Sur scène, c’est un reflet différent qui leur est proposé. Pour Robin et sa sœur, face à une réalité qui n’est ni sucre d’orge ni douceur ni baskets flambant neuves, il faut réagir face à l’injustice ! Ils ne sont pas disposés à se laisser faire. Alors ils se battent et ils mordent, pour la plus grande joie des enfants dans la salle, qui s’esclaffent devant les emmêlements des corps des bagarres chorégraphiées qui se déroulent sur scène et leur en rappellent d’autres.

Phot. © Laurent Schneegans

Phot. © Laurent Schneegans

Adultes-enfants, même combat

La complicité est dans l’air et l’insolence au menu. Elle continuera de s’exprimer lors du procès de la sœur et double féminin de Robin, une héroïne, elle aussi, qui ramène sur un plan d’égalité filles et garçons.

La plaidoirie du procureur, chargé de l’accusation, agite les peurs de notre société : violences provoquées par les inégalités sociales, spectre du terrorisme, épouvantail d’une criminalité galopante. Elles ouvrent la voie aux accusations mensongères en tout genre et à des simulacres de justice que la pièce tourne à la farce, car sous les intervenants se glissent d’autres personnages dont l’identité éclatera au grand jour à la fin. Au bout du compte, c’est le théâtre qui gagne le pompon.

Le rire est au programme de ce procès carnavalesque, cependant un peu long parce qu’il veut trop en dire, où accusé et accusateur ne cessent de se renvoyer la balle face à un juge au comportement pour le moins surprenant. Il n’empêche que, dans cet univers déjanté où s’introduisent jeux d’enfants et voiture téléguidée, on « cause » de choses sérieuses. Parce que la forêt, c’est aussi la reconquête de la nature perdue, la conscience écologique, et que le modèle social défendu par les révoltés pourrait être du goût de Bakounine ou de Proudhon : ni Dieu ni maître, ni chef ni hiérarchie. On s’éloigne du seul monde des enfants et c’est au tour des adultes présents dans la salle de glousser et de se gausser…

Et si la forêt, espace de liberté contenu par les grilles qui ferment le fond de scène et enferment les personnages dans la prison que constitue la société, s’avance, telle la forêt de Dunsinane symbolisant la fin du règne de Macbeth, elle marque ici l’inéluctable avancée de la résistance au laminage. Mais elle n’en franchit cependant pas les barreaux, signe qu’il reste du boulot à faire pour venir à bout de la pourriture du monde…

Phot. © Laurent Schneegans

Phot. © Laurent Schneegans

R.O.B.I.N.
S Texte Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz S Mise en scène Maïa Sandoz S Avec (en alternance) Clémence Barbier, Maxime Coggio, Jeanne Godard, Anysia Mabe, Angie Mercier, Paul Moulin, Soulaymane Rkiba, Aurélie Vérillon S Avec les voix de Ariane Begoin, Matthieu Carle, Sienna Leymarie, Manon Moulin, Quentin Rivet, Achille Riou, Maïa Sandoz S Assistanat à la mise en scène Élisa Bourreau S Mission relations publiques Mathéo Chalvignac S Collaboration chorégraphique Gilles Nicolas S Scénographie Catherine Cosme, David Ferré, Maïa Sandoz S Lumière Romane Metaireau S Costumes Muriel Senaux S Musique Christophe Danvin S Création sonore Grégoire Leymarie S Régie générale David Ferré S Intervention graphique Louise et Guillaume Moitessier S Administration, production Agnès Carré S Diffusion Olivier Talpaert – En votre Cie S Production Théâtre de L’Argument S Coproduction Théâtre des 2 Rives – Charenton-le-Pont, Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine, Théâtre de l’Usine de Saint-Céré, Les Célestins – Théâtre Lyon S Soutiens Théâtre du Fil de l’Eau – Pantin, région Île-de-France, Ville de Paris, TNBA S Avec la participation du Jeune Théâtre national S Le Théâtre de L’Argument est conventionné par la DRAC Île-de-France et le Conseil départemental du Val-de-Marne S Dès 8 ans S Durée 1h

Du 13 février au 2 mars 2025 à 14h30 (sf lun.), les 23/02 & 02/03 à 15h30 (brunch), le 28 à 19h
Théâtre Paris-Villette – 211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris

www.theatre-paris-villette.fr

3 et 4 avril 2025 – au Fil de l’Eau, Pantin (93)

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