18 Février 2025
Le spectacle commence dans la pénombre. Les interprètes se déplacent très lentement. Certains sont nus et d’autres plus ou moins habillés. Puis les lumières s’intensifient et les danseurs et danseuses vont passer du stade dénudés à habillés pendant tout le spectacle. L’interaction entre les interprètes est toujours lente, presque nonchalante comme engourdie. Ils se touchent mais sans vraiment se toucher, ils s’enlacent sans vraiment s’enlacer comme dans une sorte de dimension onirique. Ils agissent mais sans vraiment habiter leur corps. On est dans un rêve avec une dimension érotique et sensuelle sans nul doute mais les gestes érotiques et sexuels se font toujours avec un léger recul comme désincarnés. On est dans l’abstraction de la sexualité. C’est beau, esthétique. Les mouvements des corps des danseurs, leurs interactions sont d’une magnifique sensualité. Ils dégagent une sorte d’abandon, avec un côté immatériel. Car les interprètes sont sans réelle passion. C’est un peu comme si des anges mimaient la sexualité. Il manque pour moi un peu de chair, un peu d’ivresse et pourquoi pas d’exaltation.
Le spectacle s’annonce comme inspiré du Cantique des cantiques, connu aussi sous le nom de Chant de Salomon, qui est un livre poétique de la Bible, traditionnellement attribué donc au roi Salomon. C’est un texte riche qui explore les thèmes de l’amour et de la sexualité. Il se compose d'une série de poèmes et de chants d'amour, exprimant la passion et la beauté des relations amoureuses entre un homme et une femme, ou même à plusieurs couples. Il est souvent vu dans la tradition juive comme une allégorie de l'amour entre Dieu et Israël. Et Les exégètes chrétiens y voient une représentation de l'amour entre le Christ et l'Église.
Alors effectivement, nous sommes parfaitement dans l’abstraction de la relation amoureuse, on est dans l’incarnation d’un rêve érotique, très sensuel et langoureux, comme une illustration de la pensée érotique et du besoin de la pulsion sexuelle. On est dans l’interprétation, dans le fantasme. C’est une belle allégorie de la sexualité, une métaphore esthétique et paradoxalement très platonique.
La musique d’ Eric Linder accompagne parfaitement ces pérégrinations lascives et impertinentes.
Perrine Valli, chorégraphe et sexologue.
Le parcours de Perrine Valli est très singulier. Formée au CNR de Lyon, au CDC de Toulouse et à la Contemporary Dance School de Londres, Perrine Valli a présenté une vingtaine de pièces dans le monde entier et a été distinguée dans plusieurs concours internationaux. Après un burn out qui l’a plongé dans l’univers du développement personnel, elle a eu envie d'aller plus loin et d’en faire son métier. Aujourd’hui, elle est coach certifiée, praticienne en sexologie et thérapie de couple et maître en hypnose ericksonienne. Elle a publié « Le Féminin du mot sexe », un ouvrage retraçant son travail, en 2018 aux éditions Riveneuve. Elle définit elle-même cette « dualité » comme une chance incroyable, « j’ai la chance de vivre de ma passion et de mettre en scène la vie intime des femmes, leur sexualité, leur désir, les rapports hommes-femmes… sur les scènes du monde entier. »
Désormais elle est spécialisée dans l’accompagnement des femmes. Fil rouge qui relie son travail de thérapeute et celui de chorégraphe.
Spectacle dans le cadre du festival Faits d’hiver
Distribution
chorégraphie Perrine Valli
créé en collaboration avec et interprété par Léna Bagutti Khennouf, Clément Carré, Bilal El Had, Axel Escot, Ludivine Ferrara, Yuta Ishikawa, Julien Meslage, Tilouna Morel/Julia Rieder, Vittorio Pagani, Salomé Rebuffat et Pauline Rousselet
son : Eric Linder
lumière Laurent Schaer
scénographie Sylvie Kleiber, Neda Loncarevic
réalisation décor Ateliers de la Comédie de Genève
masques et costumes Nagi Gianni
assistanat artistique Tamara Bacci
technique Olivier Perrier
diffusion Gabor Varga, BravoBravo
administration Laure Chapel, Pâquis Production