24 Novembre 2022
Femme + vivant en France + d’origine brésilienne + puisant dans toutes les musiques. C’est le cocktail sympathique que nous offre Camille Constantin Da Silva dans un cabaret où rien ne va plus.
Dans le cabaret dédié au carnaval brésilien où Gildaa travaille, c’est le bazar. On attend un guitariste qui ne vient pas, tout est prêt, les spectateurs attendent mais rien ne se passe. Alors, quand le régisseur décide de s’y coller, et qu’en plus il joue bien, tout rentre dans l’ordre… ou presque, car en matière de carnaval carioca, ce sont d’autres paroles qui émergent.
Une histoire de femme(s)
Ce qu’elle dit et qu’elle chante, ce sont des paroles de femme en révolte. Elles déplorent le statut de femme-marchandise auquel on les réduit, l’emprise dont elles sont l’objet. Au travers de Perséphone, la malheureuse korè enlevée par Hadès, le dieu des Enfers, elle raconte l’histoire de ces femmes dépossédées d’elle-même. Car lorsque Déméter, sa mère, menace d’affamer la terre si elle ne lui est pas rendue, c’est auprès de Zeus que l’affaire est portée. En bon macho, il aimerait donner raison à Hadès, mais la pression est forte et il tergiverse et coupe la poire en deux : elle passera six mois sur terre, dans les hauteurs de l’Olympe, et six mois en dessous. Déméter négocie. Ce sera finalement quatre mois dessous, huit mois dessus. Mais personne n’a demandé son avis à Perséphone…
Déplacée, immigrée, métissée
Ça s’embrouille dans sa tête. Entre le français, le portugais du Brésil qui remonte des profondeurs de la mémoire, l’anglais ou l’espagnol. Toutes ces langues traversent des musiques tout aussi mixtes. À la guitare et à la basse s’associent des percussions venues du monde entier. Congas, caxix, calebasse, claves et bâton de pluie rythment et ponctuent cette traversée du monde et des cultures d’où le jazz n’est pas absent. Leur mixité rejoint le désir de faire entendre celles et ceux qui n’ont pas la parole, ceux qu’on fait taire, ceux qu’on matraque, ceux qu’on avilit. Entre voix de tête et voix de gorge, tantôt en récitatif et tantôt sur le mode du chant, elle déroule en sollicitant la participation du public, qui marque la mesure et fredonne à la demande, le chapelet des turpitudes de la vie en espérant que demain sera un autre jour… Et même si le Bon Dieu qu’elle implore peut nous laisser dubitatifs, il y a dans la sincérité avec laquelle elle se livre et l’engagement qu’elle y met une authenticité qui touche d'autant plus que la musique est bonne.
Gildaa
S Ecriture, compositions et mise en scène de Camille Constantin Da Silva S Avec Antonin Fresson, Camille Constantin Da Silva, Jouhara Ismailli S Décors et accessoires Amina Rezig S Créateur lumière Valentin Paul S Ingénieur du son KIU Partenaires Jeune Théâtre National, Le Baiser Salé, Théâtre des Déchargeurs, Studio Minuit, Red House Studio
23, 24, 25 novembre 2022 à 19h
Nouveau Théâtre de l’Atalante – 10, place Charles-Dullin, 75018 Paris – www.theatre-latalante.com