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Arts-chipels.fr

Dessine-moi un piano. Métaphores pianistiques pour la-do-ré Jean-Paul Farré.

Dessine-moi un piano. Métaphores pianistiques pour la-do-ré Jean-Paul Farré.

Entre théâtre et musique, le seul-en-scène de Jean-Paul Farré oscille avec bonheur entre digressions pianistiques et poésie musicale.

À l’entrée dans la salle, il est déjà au piano, enchaînant des bouts de mélodie dont il rejette les partitions au sol. Il lève la tête. « Je ne savais pas que le public était déjà là. » Il s’excuse. Il n’est que le « chauffeur » du piano, celui qui en réchauffe les touches en jouant avant que l’interprète ne s’en empare. Nous voici plongés au cœur du jeu sur les mots et des jeux de mots qu’il va poursuivre tout au long du spectacle. Et le voici lancé sur les doubles sens qui dégringolent en cascade à coups de références. Car il ne lui suffit pas de réussir son Bach ou de s’intéresser à des portées qui n’appartiennent pourtant pas à la danse, il compare le jeu de l’interprète aux doigts courant sur le clavier au labeur incessant de Sisyphe « toujours en bas, toujours en haut » ou philosophe sur la partition sur l’air connu d’« Il faut qu’une page soit ouverte ou tournée ».

© Cyrille Varloff

© Cyrille Varloff

Des objets doués de vie

Les objets sur acène jouent leur propre partition. Les notes, sur la partition projetée sur le fond de scène sont douées de vie. Elles se font la malle, s’envolent ou se diluent dans l’averse qui tombe. Le téléphone laisse un message de Godot, la croche accroche et miaule avant de ronronner. Quant au clavier, souci premier de notre chauffeur ex-astiqueur et blanchisseur de touches – ce qui est compliqué avec les touches noires – il sort de son cadre pour devenir le héros de l’histoire, occuper le premier rôle.

© Cyrille Varloff

© Cyrille Varloff

Soyons cocasses

On l’aura compris, l’humour et la cocasserie sont au rendez-vous de ce spectacle où les partitions parlent, où l’oreille de Van Gogh et celle de Beethoven manquent, bien sûr, à l’appel et où, lorsqu’on pêche avec un bouchon, on n’a aucune touche. La Lettre à Élise dialogue sur le clavier avec la musique classique ou le ragtime tandis que le clavier SPF (« sans piano fixe ») fait l’objet d’un démontage savoureux. Et pour simplifier la tâche explicative du clown blanc au clavier, qui bien sûr est en noir, les dièses se prennent pour des bémols et vice-versa.

Jean-Paul Farré a fait de la musique la matière de nombreux one-man-show. Dans Dessine-moi un piano, récital déglingué, le piano sur la touche, il récidive une fois de plus avec bonheur – le nôtre. Il virevolte, enfile les jeux de mots comme perles d’un chapelet dont les perles s’évadent sitôt enfilées et file les métaphores qu’on saisit au vol dans l’envolée des notes. Il donne le la à notre être-là. Sur un air de la-do-ré…

© Cyrille Varloff

© Cyrille Varloff

Dessine-moi un piano

S Curieux concert burlesque arrangé, partitionné et interprété par Jean-Paul Farré S Mise en scène Stéphane Cottin S Lumières et vidéo Léonard S Costumes Chouchane Abello Tcherpachian S Production François Volard, Acte 2 S Avec le soutien de la Ville de Saint Maurice, Théâtre du Val D'Osne

Studio Hébertot – 78 bis, boulevard des Batignolles – 75017 Paris

Du 29 septembre au 12 novembre 2022, les jeudi, vendredi et samedi à 19h

Rés. 01 42 93 13 04 www.studiohebertot.com

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