30 Septembre 2022
Nach nous raconte son histoire, seule en scène, au milieu d’un plateau vide avec un immense écran en fond de scène. Nach se raconte, nous raconte sa quête, ses recherches, ses coups de foudre, ses étonnements et ses émotions. Nach se livre entière et sans tabou comme quand on entre dans le cercle. Nach aborde ce spectacle comme un battle (oui j’ai bien retenu, on dit un Battle 😊).
Ce spectacle est un one woman show, un mix entre théâtre et danse. C’est un témoignage émouvant, une histoire de vie bien ancré sur le réel.
Nach nous fait découvrir cette danse Krump et son environnement. Cette danse est née dans le ghetto de Los Angeles au début des années 2000. Krump veut dire : Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise. Le Krump accède à la notoriété en 2005, grâce au documentaire Rize du photographe David LaChapelle, qui présente son film à Deauville avec un grand succès et c’est d’ailleurs ainsi que Nach l’a découvert.
Car le Krump n’est pas qu’une danse c’est une philosophie, un mode de vie, un mode d’interaction aux autres et au monde. C’est un écosystème à part, avec ses codes, sa hiérarchie et ses figures.
Mais comme avec tout univers trop codé certains ont besoin de respirer, de sortir du cercle pour exister, pour survivre. Ainsi, Nach éprouve le besoin d’ouvrir ce cercle trop étroit du toit du décathlon de la porte de Montreuil et va chercher ailleurs, va regarder, va danser avec d’autres, va explorer d’autres traditions dansées, d’autres présences au monde mais toujours avec son approche Krump. D’étapes en étapes, elle nous raconte son besoin de déconstruire ces codes en partant explorer le monde des danses puissantes. Elle commence par le Flamenco. Et nous démontre par la danse les liens et les similitudes de ses deux approches du mouvement.
Puis elle va trois ans au Sénégal puis au Japon et découvre la danse Buto et la culture japonaise. Elle observe, elle contemple, elle lit, elle danse, bref elle nous raconte cette exploration, ce questionnement perpétuel. Ce voyage autour du monde est une quête à la recherche de ses racines, à la recherche d’elle-même surement mais aussi une envie de découvrir quelque chose de plus profond, de plus universel, quelque chose qui réunirait toutes les danses entre elles. Chez Nach cette quête passe par la danse, par le mouvement du corps, de son cops par les mouvements ancestraux qui se parlent et se connectent.
Le Krump fait appel aux racines du monde, à ces mouvements du corps ancestraux et universel qui ont fait danser l’humanité depuis la nuit des temps. Ce sont les boys et les girls des ghettos de Los Angeles qui ont redécouvert ce mouvement universel et l’ont réintégrer dans la danse moderne des ghettos. Le flamenco, le buto , la danse ancestrale africaine, le Kathakali ont des point communs comme le rapport à la terre, l’énergie que l’on trouve au sol, un rapport à la douleur d’être, à la douleur de l’être.
Nach ne fait pas que nous expliquer elle nous le danse et nous fait sentir ces liens intrinsèques entre toutes ces danses authentiques.
Ce spectacle est émouvant par sa sincérité et son authenticité. C’est un pur exercice Krump qu’elle nous offre sous une autre forme, C’est du Krump théâtral mais cela reste du Krump avec cette forme plus élargie mais qui reste néanmoins complètement Krump. C’est un battle magnifique, une belle leçon de vie.
Conception et interprétation, Nach
Production Nach Van Dance Company