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Arts-chipels.fr

Young Hearts. Dans la tourmente d’un coming out adolescent.

Young Hearts. Dans la tourmente d’un coming out adolescent.

Cet article avec spoiler évoque le premier long métrage d'Anthony Schatteman. Destiné aux adolescents autant qu'à leurs parents, le film réconcilie les amours homosexuels avec la normalité.

Premier long métrage du réalisateur, inspiré par son expérience personnelle, le film met en scène la rencontre de deux adolescents, Elias et Alexander, dans la Flandre d'aujourd'hui. Ils ont des histoires différentes. Elias est toujours accompagné de la même jeune fille, secrètement amoureuse de lui, qui attend qu'il se déclare. Alexander, de son côté, sait déjà qu'il est attiré par les garçons. Il a eu une précédente expérience malheureuse. Lorsqu'il devient le voisin d'Elias, les deux adolescents deviennent inséparables et Elias connaît ses premiers émois. Il lui faudra le temps de les identifier, de les combattre avant de les accepter.

Photo. © Thomas Nolf

Photo. © Thomas Nolf

Un regard subjectif

C’est à travers les yeux d’Elias que le film se construit. Il pose sur le monde un regard pensif et réservé, presque timide. Et sa rencontre avec Alexander commence par un échange de regards. Ce sont ses silences, les regards qu’il jette, les impulsions amoureuses aussitôt reprises qui forment la trame de ce récit. Car Elias voudrait être un garçon « comme tout le monde », aimer une fille, flirter comme les autres. Mais il n’y arrive pas. Le regard des autres, sur l’éveil de la sexualité et l’évolution des rapports filles-garçons qui les tourmente, leur hostilité déclarée de l’homosexualité, pèse comme un couvercle sur ses désirs et il lui faudra du temps et des repentirs pour accepter enfin son homosexualité. Alexander, de son côté, doit surmonter une déception amoureuse qui lui fait ériger des défenses face aux allers-retours entre l’attirance et le rejet manifestés par Elias qui ne parvient pas à faire le tri dans sa tête.

Photo. © DR

Photo. © DR

Une galerie d’adultes haute en couleurs

Autour des deux adolescents gravite un ensemble bigarré d’adultes. Du côté d’Alexander, c’est le calme d’un père, parent isolé et compréhensif. Chez Elias, , la situation est plus complexe. Il y a le père, chanteur de charme et gloire locale de la société flamande, qui tient son succès des romances d’amour – hétérosexuel – qu’il égrène devant un public conquis, plus préoccupé par sa carrière que par son fils. Il y a le frère aîné, en révolte ouverte contre le père. Il y a la mère, qui ressent le désarroi d’Elias et butte sur son silence. Il y a le grand-père, personnage tutélaire et refuge, attentif et chaleureux, qui ne juge pas et recueillera les confidences de l’adolescent lorsque celui-ci craquera.

Photo. © Polar Bear

Photo. © Polar Bear

Un côté fleur bleue et eau de rose

On s’ennuie un peu devant les échanges langoureux de regards et les succédanés du désir qui s’expriment de manière larvée à travers les activités des deux adolescents. De la même manière, la plongée dans le monde un peu « beauf’ » du père apparaît un peu pesante. Cependant, le regard porté par l’adolescent sur la magnificence de son environnement naturel – nous sommes en milieu rural – et les relations émotionnelles et chaleureuses entre le grand-père et son petit-fils sont empreints d’une touchante poésie. Si la fin du film, qui trouve son achèvement dans un happy end où tout le monde – parents, enfants, proches et amis – intègre l’homosexualité déclarée d’Elias, peut apparaître comme un peu mièvre, elle reste un joli plaidoyer pour la reconnaissance et l’acceptation de la différence.

Aux adolescents en mal-être devant la découverte de leur homosexualité, le film offre la vision d’une différence qui peut s'assumer. Aux autres jeunes, il montre le chemin de la reconnaissance et du respect nécessaires de cette différence. Aux parents, il propose une acceptation apaisée, loin des préceptes d’une éducation héritée. Un exemple pour combattre les préjugés. Ainsi, tout est bien qui finit bien dans le meilleur des mondes…

Photo. © DR

Photo. © DR

Young Hearts
Fiction - 2024 - Belgique/Pays-Bas - 99 min - Couleur - 1.85:1 - 5.1. En salles le 19 février 2025
S Un film de Anthony Schatteman S Avec Elias Lou Goossens (Elias), Marius De Saeger (Alexander), Geert Van Rampelberg (Luk, le père d’Elias), Emilie De Roo (Nathalie, la mère d’Elias), Dirk Van Dijck (Fred, le grand-père d’Elias) S Réalisateur et scénariste Anthony Schatteman S Directeur de la photographie Pieter Van Campe S Décors Kato Bulteel S Monteur Emiel Nuninga S Son Rosanne Blokker, Meghan Van Der Meer S Musique originale Ruben De Gheselle S Producteur Xavier Rombaut (Belgique) S Coproducteurs Floor Onrust pour Family Affair Films (Pays-Bas), Annabella Nezri pour Kwassa Films (Belgique) S Producteur exécutif Jan Ryyers S Production Polar Bear, Family Affair Films, Kwassa Films S Avec le soutien de Flanders Audiovisual Fund (VAF) du gouvernement de la Flandre, de Screen Flanders, de Ketnet, BETV, Sabam pour la culture, du Tax shelter du Gouvernement fédéral belge par l’intermédiaire de Mohow !, de Netherlands Film Production Incentive S Film développé grâce à l’aide de Cinekid Scriptlab S Ventes internationales Films Boutique S Distributeur France Epicentre Films S Le film a remporté de nombreux prix, en Allemagne (Berlinale 2024 – Génération, Mention spéciale du jury, Ours de Cristal), en Suisse, en République tchèque, au Canada et aux États-Unis, dont des prix d’interprétation pour Lou Goosens. En France, il a obtenu le Prix Cannes écrans juniors des collégiens et le Prix du public Solveig Anspach aux Ciné-rencontres de Prades.

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