Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Arts-chipels.fr

Via Injabulo, une rencontre énergisante et stimulante, vrai moment de bonheur.

Via Injabulo, une rencontre énergisante et stimulante, vrai moment de bonheur.

La nouvelle création, Via Injabulo, de la compagnie Via Katlehong est scindée en deux parties, chacune conçue par un chorégraphe européen majeur. La première pièce, førm Inførms, est signée par Marco da Silva Ferreira et la seconde pièce, Emaphakathini, oeuvre d’Amala Dianor.

Deux univers différents, deux parcours différents mais une approche qui prend en compte chacun, avec ses particularités la singularité de la compagnie accueillante. Ainsi chacun des deux chorégraphes joue avec les codes de la danse « pantsula », un très tonique mode d’expression, proche du hip-hop, apparu dans les townships sud-africains durant les années d’apartheid.  Chacun met en valeur et au « premier rang » les danseurs et danseuses de la compagnie, tout en gardant son propre langage. Jeu d’équilibre périlleux mais parfaitement réussi car au final le résultat dégage une énergie incroyable, une force énergisante et jouissive puissante qui nous réjouit durablement.

Ces deux chorégraphes ne se destinaient pas à la danse mais leurs parcours de vie les y ont amené et depuis ils y excellent. Ce spectacle est donc l’association pertinente de trois composantes, les deux chorégraphes mais aussi l’énergie et la virtuosité des danseurs et danseuses de la compagnie Via Katlehong à qui il faut absolument rendre hommage. Cette compagnie, créée en 1992 par Buru Mohlabana et Steven Faleni tire son nom du township dont ils sont issus. Cette compagnie mène depuis trente ans une intense activité artistique à forte résonance sociopolitique. Elle se distingue par l’énergie contestataire du pantsula.

Via Injabulo, une rencontre énergisante et stimulante, vrai moment de bonheur.

Le premier chorégraphe invité est donc Marco da Silva Ferreira, qui est danseur professionnel depuis 2008, il a performé entre autres, pour André Mesquita, Hofesh Shechter, Sylvia Rijmer, Tiago Guedes, Victor Hugo Pontes et Paulo Ribeiro. En 2012, il crée son premier solo Nevoeiro 21. En 2013, il présente Réplica...éplica...éplica...éplica, un solo in situ pour le Festival Imaginarius 2013 (Festival international de théâtre de rue de Santa Maria da Feira), et remporte le prix de la meilleure création. Depuis il enchaine les spectacles et les prix.

Pour cette chorégraphie, førm Inførms, Marco Da Silva Ferreira a revisité les archives de ses créations précédentes en cherchant les raisons de cette invitation. Il en a conclu que c’était parce qu’il s’était toujours intéressé aux danses d’origine afro-américaine (popping, new style, krump, house dance) et au kuduro, un style venu d’Angola. Le langage chorégraphique de la compagnie Via Katlehong venant essentiellement de l’isipantsula, un mot zoulou qui signifie « marcher ou bouger avec les fesses en saillie ». Il a donc imaginé des corps dotés de leur seul squelette, qui dansent et forment des figures osseuses et aigues, pour souligner la métaphore du corps comme un objet anthropologique portant en lui la mémoire du passé.

Via Injabulo, une rencontre énergisante et stimulante, vrai moment de bonheur.

Le deuxième, Amalar Dianor, commence ses études au Centre National de Danse contemporaine d’Angers à seulement 24 ans. Il a le Sabar en héritage, cette danse sénégalaise sensuelle et traditionnelle et ce mot, en Wolof, désigne à la fois un instrument de percussion, un style de musique et la forme d’une danse mais aussi la fête traditionnelle, très populaire où on la danse. Il devient en quelques années un interprète accompli et travaille avec des chorégraphes contemporains les plus reconnus, comme Emanuel Gat. En parallèle, il élabore son propre langage, mariant souplement l’énergie du hip hop, et l’abstraction de la danse contemporaine. Il mène aussi, en parallèle une mission de formation et de création collective au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso, baptisée Siguifin, auprès de danseurs en voie de professionnalisation et en collaboration avec des chorégraphes locaux.

Pour Emaphakathini , Amala Dianor a travaillé sur le concept de métissage qui est une manière de repousser les frontières, de déplacer les lignes de séparation pour créer de nouveaux espaces, pour créer des entre deux (Emaphakathini en Zoulou), en s’appuyant sur
la personnalité et l’histoire individuelle de chacun des interprètes des Via Katlehong et sur ce que ces personnes et leurs vies lui inspiraient. Il a travaillé également à partir des nombreux rythmes qui pulsent en Afrique du Sud. Le métissage, les « entre-deux » des danses traditionnelles et des danses urbaines.

Via Injabulo, une rencontre énergisante et stimulante, vrai moment de bonheur.

Ainsi, cet exercice, cette association de partenaires qui ont choisi la danse comme vecteur de socialisation et de formes de combat politique est vraiment réussi car autant les danseurs que les chorégraphes menants chacun des combats différents se retrouvent dans cette interprétation du « pantsula ». Le résultat dégage une énergie incroyable, une force énergisante et jouissive puissante qui nous réjouit durablement.

Distribution

Danseurs : Thulisile Binda, Julia Burnhams, Katleho Lekhula, Lungile Mahlangu, TshepoMohlabane, Kgadi Motsoane, Thato Qofela et Abel Vilakazi
Musique : tbc
Lumières : Cárin Geada
Régisseur général : Alexander Farmer
Directeurs de projet : Buru Mohlabane et Steven Faleni (Via Katlehong)
Diffusion : Damien Valette
Coordination : Louise Bailly

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article