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Arts-chipels.fr

«We should have never walked on the moon» – une étonnante et détonante ballade “performative” dans le théâtre de Chaillot

«We should have never walked on the moon» – une étonnante et détonante ballade “performative” dans le théâtre de Chaillot

Cela commence dès l’arrivée à Chaillot tout en haut des marches, un immense tapis rouge recouvre cet imposant escalier. Et si on regarde bien les bords en sont brulés, noirs. Un homme en blanc tombe et dégringole jusqu’en bas. Deux hommes en noirs le remontent brutalement et le sortent par un des côtés. Entrée en matière cash et choc. Ainsi, (LA)HORDE poursuit sa recherche chorégraphique en intégrant, amalgamant, danse, cinéma et art contemporain. Lors de cette « exposition performative géante » tous les espaces du Théâtre national de Chaillot, sont utilisés. Chaque spectateur crée son propre parcours, son propre « spectacle ».  On visite ainsi les dessous des différentes scènes, on explore des endroits souvent inaccessibles en temps normal. Au total, une cinquantaine de performeurs, dont plusieurs cascadeurs, un groupe d’amateurs et un DJ et des chorégraphes invité.e.s  investissent les lieux.

«We should have never walked on the moon» – une étonnante et détonante ballade “performative” dans le théâtre de Chaillot

(LA)HORDE nous offre une palette de contenus toujours dérangeant, toujours fascinant parfois choquant et souvent très beaux et poétiques qui nous interrogent et nous questionnent. Elle explore la beauté des choses associée à la violence de nos modes de vie. Ces films et ces performances mettent en scène des instants volés associés à des mises en scène très travaillées, magnifiquement tournées avec une poésie minimaliste étonnante, une lumière magnifique et en contraste totale avec des scènes brutes tournées lors de festivals ou autres, sorte de reportages sur le vif extrêmement crus. Elle associe beauté et images chocs, mise en scène de théâtre et cinéma. (LA)HORDE nous livre ainsi une vision de notre monde sans filtre dans ses extravagances et ses dérives.

Et cette juxtaposition, ce « collage », ce détournement même parfois nous poussent à cette interrogation, à cette déconstruction de notre rapport aux images et à leur pouvoir de séduction et de fascination qu’elles nous procurent.

«We should have never walked on the moon» – une étonnante et détonante ballade “performative” dans le théâtre de Chaillot

(LA)HORDE explore aussi le mouvement, le mouvement du corps dans l’espace, le mouvement qui crée une émotion et comme toujours c’est magique, parfois brutal encore avec toujours ce questionnement sur notre monde contemporain et nos rapports aux autres. Elle nous livre ainsi une palette d’émotions brutes et même parfois brutales, c’est dérangeant, stimulant et superbe. Du moins je ne peux juger que celles que j’ai vu ce soir-là, et ce n’était que celles qui étaient filmées ou jouées dans les espaces publics. Car je n’ai pas tout vu loin de là et j’ai un sentiment très partagé et même antagoniste sur cet évènement.
D’abord un sentiment d’admiration pour le parti pris et les quelques performances que j’ai pu voir, admiration pour les films que j’ai vu mis en scène et tournée par (LA) HORDE, admiration pour le pari et les risques pris par le Théâtre de Chaillot mais également, hélas, beaucoup de frustrations. Frustration de la spectatrice que je suis, car agacée d’entendre des spectateurs en train de discuter et de rire ou boire ou manger pendant que la performance se déroule autour d’eux. Frustration de devoir attendre des heures pour accéder aux espaces de danse que je n’ai pas vus donc car j’avoue n’avoir pas eu la patience d’attendre. Je n’ai donc vu qu’une partie, celle qui se passait en dehors des scènes classiques ou j’imagine les spectacles étaient plus « classique » mais ce n’est qu’une supposition. Je n’ai vu donc que le reste de la performance celle qui est plus de la promenade, en pleine lumière que du spectacle « formel » dans le noir d’une salle.

 

«We should have never walked on the moon» – une étonnante et détonante ballade “performative” dans le théâtre de Chaillot

Et je m’interroge donc. Cette exploration, cette déambulation festive est-elle vraiment au service du spectacle vivant ?  On dit dans le jargon théâtral, briser le quatrième mur !  Mais n’en crée -t’on pas un cinquième en fait ? Celui de l’attention des spectateurs/ trices, volages, zappeurs qui passent d’un sujet à l’autre et d’une animation à une autre, comme si l’espace festif était au service de leur « divertissement ». On se lasse vite et on change vite. La déambulation au milieu de la performance dansée n’est pas nouvelle. Des précurseurs en ont érigé les premiers codes, tel que La Ribot par exemple mais le public avait encore une position de spectateur-trice et regardait en silence, marchait précautionneusement.

Désormais il y aura les spectacles vivants et les performances festives.

Le danger il me semble pour le spectacle vivant est de n’être au final qu’un « divertissement » de plus, concurrencé par une soirée entre ami.e.s au retaurant ou autre surtout si comme moi on n’apprécie guère d’attendre des heures pour un spectacle aléatoire. Mais c’est surement une question de génération ?

A voir… avec des ami.e.s donc.

Distribution

Conception et mise en scène (LA)Horde – Marine Brutti, Jonathan Debrouwer, Arthur Harel
Chorégraphies Cecilia Bengolea et François Chaignaud, Lucinda Childs, Oona Doherty, (LA)HORDE
Collaborateur artistique scénographie Julien Peissel
Lumières Éric Wurtz
Costumes Salomé Poloudenny
Assistante artistique Nadia El Hakim
Assistante costumes Nicole Murru
Répétitrices Valentina Pace, Jacquelyn Elder, Béatrice Mille, Natacha Nezri
Régie plateau Antoine Cahana, Sébastien Mathé, Julien Parra, Matthias Vollerin
Régie lumière Gaspard Juan
Régie son Jonathan Cesaroni, Virgile Capello
Régie générale Rémi d’Apolito

Avec 26 interprètes du Ballet national de Marseille, 8 jumpers, 4 cascadeurs, 14 performeurs amateurs et le DJ Boe Strummer

Production CCN Ballet national de Marseille

Coproduction Palais des Festivals, mairie de Cannes / Chaillot – Théâtre national de la Danse

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