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Arts-chipels.fr

Miroir du Monde. Le cabinet de curiosités témoin du temps.

Affiche de l’exposition. L’Enfant Jésus, Sri Lanka, début du XVIIe siècle. Corps grenat (grossulaire) ; piédestal cristal de roche taillé, or serti de pierres, grains de rubis, de spinelle et de saphir, Dresde © Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden, photo Carlo Böttger

Affiche de l’exposition. L’Enfant Jésus, Sri Lanka, début du XVIIe siècle. Corps grenat (grossulaire) ; piédestal cristal de roche taillé, or serti de pierres, grains de rubis, de spinelle et de saphir, Dresde © Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden, photo Carlo Böttger

Les musées de Dresde présentent au musée du Luxembourg une sélection de pièces d’exception, témoignant de l’impact des voies nouvelles ouvertes par l’exploration du monde. Au-delà du commerce et des échanges, les répercussions sur la création artistique et le mode de vie.

Les cabinets de « curiosités » commencent à se développer dès le XVIe siècle. Conséquence directe des objets rapportés de leurs voyages exploratoires au long cours par les voyageurs et de leur description de mondes auparavant inconnus, cet appel du large, au dépaysement et à l’exotisme suscite un véritable engouement que naturalistes, scientifiques et artistes partagent. Dans une société imprégnée d’humanisme, qui fait l’apprentissage de la science en même temps que de la philosophie et qui secoue les carcans de dogmes trop étroits, un mécanisme de changement profond est en marche, avant tout dans les classes supérieures et intellectuelles de la société. Le mouvement amorcé par la Renaissance se poursuivra aux XVIIe et XVIIIe siècles où l’appétit de connaissance et le développement scientifique, qui lieront exploration, logique et démonstration, mèneront aux Encyclopédistes et à l’esprit des Lumières. C’est dans ce contexte que se développent les cabinets de curiosités, qui ne répondent pas, loin s’en faut, au seul plaisir de la collection mais constituent un outil de réflexion et de savoir.

Maria van Oosterwijck Fleurs et escargots, vers 1685. Huile sur toile h. 72 cm, l. 56 cm © Gemäldegalerie Alte Meister, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Elke Estel/Hans-Peter Kluth

Maria van Oosterwijck Fleurs et escargots, vers 1685. Huile sur toile h. 72 cm, l. 56 cm © Gemäldegalerie Alte Meister, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Elke Estel/Hans-Peter Kluth

En Saxe, des princes-électeurs à la croisée des mondes

Ce désir d’embrasser l’ensemble de la connaissance touche l’ensemble des élites européennes et les cabinets de curiosités se développent dans nombre de cours d’Europe, et chez les princes-électeurs de Saxe en particulier, les poussant à accumuler d’importantes collections constituées pour partie des apports des voyageurs dont, pour certains, ils financent les expéditions, d’acquisitions dans un contexte d’expansion internationale des échanges et de cadeaux diplomatiques offerts par les différentes ambassades. À la jonction des XVIIe et XVIIIe siècles, Frédéric-Auguste Ier de Saxe, dit « le Fort », qui devint aussi roi de Pologne et grand-duc de Lituanie, fera de Dresde une véritable capitale artistique. Souverain absolutiste et homme de passion, grand mécène et protecteur des arts, il s’intéresse également aux sciences et son musée personnel, le Grünes Gewölbe (la Voûte verte), s’accompagnera d’un cabinet de curiosités où les objets venus de pays lointains voisineront aussi bien avec des instruments scientifiques qu’avec une collection d’échantillons de bois.

Johannes Prätorius (1537-1616) Globe terrestre, Nuremberg, 1568. Laiton, coulé, repoussé, gravé, poinçonné, h. totale 47,5 cm, d. sphère 28 cm, échelle env. 1:45 500 000 © Mathematisch-Physikalischer Salon, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Jürgen Karpinski

Johannes Prätorius (1537-1616) Globe terrestre, Nuremberg, 1568. Laiton, coulé, repoussé, gravé, poinçonné, h. totale 47,5 cm, d. sphère 28 cm, échelle env. 1:45 500 000 © Mathematisch-Physikalischer Salon, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Jürgen Karpinski

Le cabinet de curiosités : embrasser le monde

Accumulation d’objets rares, nouveaux, singuliers, le cabinet de curiosités rassemble un mélange hétéroclite d’objets appartenant à différents registres de la connaissance. Les naturalia, qui se rapportent à l’histoire naturelle, comptent des minéraux et fossiles, des animaux naturalisés mais aussi des cornes, des dents, des défenses, et des plantes (herbiers peints ou secs…). Aux ressources naturelles extra-européennes sont aussi associés, à cette époque, des pouvoirs magiques. Les scientifica comportent des instruments scientifiques et les productions « technologiques » et mécaniques. Les exotica concernent les apports de tous ordres des pays lointains (plantes, animaux exotiques, objets ethnographiques). Quant aux artificialia, des objets rares d’une valeur souvent importante, ils rassemblent objets archéologiques, antiquités, médailles, armes, objets de vitrine, ou pièces d’orfèvrerie ou de sculpture réalisées à partir de métaux ou de pierres fines (camées, intailles), d’ambre, de cristal de roche, mais aussi à partir de coquillages tels les nautiles, de nacre, d’ivoire ou d’œufs d’autruche. Le cabinet de curiosités de Dresde s’inscrit dans cette démarche. Il sera, à partir de 1572, et progressivement, l’un des premiers ouverts au public, d’abord à des aristocrates de haut rang, puis à des érudits, des étudiants et des artisans et leurs familles.

Kriss (keris) avec fourreau peint, Mataram, Java, fin du XVIIe siècle – début du XVIIIe siècle. Peinture laquée, Dresde, atelier de Martin Schnell, vers 1720 © Museum für Völkerkunde Dresden, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Eva Winkler

Kriss (keris) avec fourreau peint, Mataram, Java, fin du XVIIe siècle – début du XVIIIe siècle. Peinture laquée, Dresde, atelier de Martin Schnell, vers 1720 © Museum für Völkerkunde Dresden, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Eva Winkler

Un florilège des collections de Dresde

L’exposition mêle des objets provenant de la Voûte verte (Grünes Gewölbe), de la Collection de porcelaine (Porzellansammlung), de la Salle d’armes (Rüstkammer), du Salon de mathématiques et de physique (Mathematisch-Physikalischer Salon), de la Galerie des maîtres anciens (Gemäldegalerie Alte Meister) et des Collections d’ethnographie de Saxe (Staatliche Ethnographische Sammlungen Sachsen). Elle reflète non seulement les multiples facettes mondiales et les procédures d’échange culturel à l’œuvre dans la démarche du processus de collection, mais témoigne aussi de la volonté des princes-électeurs de faire jouer à Dresde un rôle politique de premier plan en en faisant un pôle d’attraction et d’affirmer ainsi leur pouvoir.

Hans-Anton Lind, Centre de table mobile en forme de bateau avec nautile sur roues, Nuremberg, entre 1603 et 1609. Nautile, argent doré h. 40,1 cm, l. 20,0 cm, p. 13 cm, l. pied 15 cm, p. 6,5 cm, poids 1 116 g © Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Paul Kuchel

Hans-Anton Lind, Centre de table mobile en forme de bateau avec nautile sur roues, Nuremberg, entre 1603 et 1609. Nautile, argent doré h. 40,1 cm, l. 20,0 cm, p. 13 cm, l. pied 15 cm, p. 6,5 cm, poids 1 116 g © Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Paul Kuchel

Un parcours thématique

L’exposition, qui se présente comme un cheminement en continu explore tour à tour plusieurs thèmes. Elle s’ouvre sur ce qui provoque le mouvement de curiosité qui secoue l’Europe : la découverte du monde et sa redéfinition. Globes terrestres, horloge de table astronomique, cadran solaire et télescope voisinent avec des peintures. La quête de la rareté qui caractérise les cabinets de curiosité vient ensuite : lances d’apparat d’Afrique occidentale, bassin nacré Gujarat (Inde), couteaux et fourchette à manche de corail du XVIe siècle, porcelaine de Chine, ou, plus insolites, un Enfant Jésus sur socle du Sri Lanka (début du XVIIe) en grenat, cristal de roche, or et pierres serties ou un objet d’orfèvrerie réalisé à partir d’un bézoard, agglomérat de matière souvent coincé dans l’estomac ou dans les intestins, ici revêtu d’un filigrane d’or. La nature est présente à travers des coquillages – nautiles, escargots ou licorne de mer, etc. –  habillés somptueusement pour devenir objets gravés, coupes  et récipients, centres de table ou bijoux, des noix des Seychelles, des objets de nacre ou des scènes peintes.

Corne à poudre, Inde du Nord, époque moghole, vers 1590. Ivoire, ambre, laiton doré L. 26,3 cm, l. 8 cm, poids 190 g © Rüstkammer, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Carlo Böttger

Corne à poudre, Inde du Nord, époque moghole, vers 1590. Ivoire, ambre, laiton doré L. 26,3 cm, l. 8 cm, poids 190 g © Rüstkammer, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Carlo Böttger

L’ivoire, un matériau d’intérêt mondial

Une sélection d'œuvres tournées et sculptées en ivoire d’Afrique occidentale, d’Inde et de l’Empire ottoman atteste que le traitement artistique de l’ivoire était une pratique courante dans de nombreuses contrées du monde. Les scènes qui y sont représentées montrent que certains objets ont été spécialement conçus pour le commerce avec l’Europe. Ils témoignent de la réalité d’échanges, qui inspireront des artistes européens, certains d’entre eux ayant été réalisés par des artistes de la cour de Saxe. Une sphère en ivoire tourné et gravé d’origine chinoise atteste de la virtuosité et de la finesse à l’œuvre dans le travail de sculpture, et des pièces de jeu d’échec venues d’Inde de l’extraordinaire minutie apportée à chacune des pièces. Coupes, cor, manche de dague, olifant, corne à poudre ou cuillers décoratives complètent le parcours.

Johann Joachim Kändler un Asiatique, manufacture de porcelaine de Meissen, modèle de Johann Joachim Kaendler, 1732, façonnage vers 1921-1922. Porcelaine, non peinte h. env. 64 cm, l. env. 48 cm © Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Johann Joachim Kändler un Asiatique, manufacture de porcelaine de Meissen, modèle de Johann Joachim Kaendler, 1732, façonnage vers 1921-1922. Porcelaine, non peinte h. env. 64 cm, l. env. 48 cm © Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden

Stéréotypes de l’exotisme

Sont véhiculés, derrière la fascination qu’exercent ces lointains surprenants, tout un cortège de stéréotypes. On y trouve l’image d’une nature paradisiaque où les animaux s’ébattent en liberté dans une nature offerte sur le mode de la profusion, la fascination pour ces animaux hors du commun – lions, chameaux… – ou des scènes de la vie quotidienne. Ici c’est l’imaginaire des artistes européens qui est mis en avant et la manière dont ils fabriquent l’ailleurs. La Statuette au plateau d’émeraudes réalisée par Balthasar Permoser, Johann Melchior Dinglinger et Wilhelm Krüger (probablement en 1724) est à cet égard révélatrice. Personnification du Nouveau Monde, elle présente un indigène plus proche d’un Africain que d’un Indien, le corps nu abondamment revêtu de bijoux parfaitement fantaisistes, tenant un plateau encombré d’émeraudes. Image symbolique s’il en est de la vision que des Européens se font des « sauvages » d’Outre-Europe… Les Bustes d’une Asiatique et d’un Asiatique de Johann Joachim Kaendler (1782, façonnage v. 1921-1922) sont tout aussi révélateurs. Leurs lobes d’oreilles flasques et démesurés, dans leur déformation, attestent de leur a-normalité par rapport à la « race supérieure blanche ».

Cruche d’inspiration néerlandaise, Japon, province de Hizen, Arita, époque Edo (1603-1868), 1700-1730. Porcelaine, montage en laiton, peinture bleu cobalt sous glaçure, rouge fer et or, h. avec couvercle 29,5 cm, h. sans couvercle 24,3 cm, l. 23,9 cm, d. pied 13,4 cm © Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Adrian Sauer

Cruche d’inspiration néerlandaise, Japon, province de Hizen, Arita, époque Edo (1603-1868), 1700-1730. Porcelaine, montage en laiton, peinture bleu cobalt sous glaçure, rouge fer et or, h. avec couvercle 29,5 cm, h. sans couvercle 24,3 cm, l. 23,9 cm, d. pied 13,4 cm © Porzellansammlung, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Adrian Sauer

La porcelaine, au cœur des échanges entre Orient et Occident

Une place importante est accordée par l’exposition à la porcelaine. Parce que l’Occident envie longtemps, sans parvenir à l’imiter, la finesse de la porcelaine extrême-orientale et son caractère translucide, et parce qu’Auguste le Fort, à la suite de la découverte de la matière première nécessaire à sa réalisation par un certain Schnorr et de ses processus de fabrication  par Johann Friedrich Böttger, décide d’implanter une manufacture de porcelaine à Meissen et d’en asseoir la notoriété en créant le Palais japonais qui en met en scène la production prestigieuse. L’histoire est savoureuse. Böttger, alchimiste à la recherche de la pierre philosophale, avait été emprisonné par l’Électeur de Saxe pour tenter de récupérer son secret. Pour fabriquer des creusets réfractaires, il expérimente une argile rouge de la région de Meissen. C’est en voyant son valet utiliser la poudre de kaolin, une argile blanche de la région, que Böttger finit par obtenir la porcelaine blanche dont l’Europe, à cette époque, s’est entichée. L’exposition montre l’intéressant chassé-croisé qui se crée alors entre des porcelaines chinoises, imprégnées de formes et de motifs européens, et de porcelaines allemandes aux motifs inspirés de l’art chinois et extrême-oriental.

Paroi latérale d’une tente (détail), Empire ottoman, Fin du XVIIe siècle. Toile en coton avec applications tissées en coton et en soie. Rüstkammer, Staatliche Kunstsammlungen Dresden. Phot. © DR

Paroi latérale d’une tente (détail), Empire ottoman, Fin du XVIIe siècle. Toile en coton avec applications tissées en coton et en soie. Rüstkammer, Staatliche Kunstsammlungen Dresden. Phot. © DR

De l’art ottoman à la « turquerie »

L’empire ottoman occupe à cette époque, hormis l’Italie, la France et l’Espagne, tout le pourtour méditerranéen et s’étend jusqu’en Hongrie et à la frontière polonaise. Les guerres contre les Ottomans, comme les cadeaux diplomatiques, fournissent une abondante matière de fourreaux ou de selles de cuir repoussé doré ou argenté, d’épées ou de sabres aux lames damasquinées, de fusils à mèche et à silex aux crosses décorées, de tentes d’apparat. Et les « turqueries » sont à la mode. Lors du mariage de son fils en 1719, Auguste le Fort reçoit sa belle-fille sous une tente ottomane ornementée, costumé en sultan, et offre au jeune couple en cadeau de mariage le Palais turc, aménagé dans le style oriental.

Karoline Schneider (*1986) 15 boomerangs 2-16 (postcolonial) mimétisme, 2018. Céramique cuite émaillée h. env. 24 cm, l. env. 29 cm, ép. env. 1 cm © Karoline Schneider, Kunstfonds / Karoline Schneider

Karoline Schneider (*1986) 15 boomerangs 2-16 (postcolonial) mimétisme, 2018. Céramique cuite émaillée h. env. 24 cm, l. env. 29 cm, ép. env. 1 cm © Karoline Schneider, Kunstfonds / Karoline Schneider

Miroirs du monde

Promenade trans-géographique puisqu’elle entraîne le visiteur  de la Chine à l’Amérique et des profondeurs de l’Afrique jusqu’aux abords de la Méditerranée, le parcours est aussi transhistorique. Au-delà des trois siècles (du XVIe au XVIIIe siècle) pendant lesquels se constitue la collection, l’exposition sur la rencontre entre les mondes élargit le propos. Puisque ces objets ont été rassemblés pour témoigner d’un échange entre des civilisations au moment même de leur production, prolonger la démarche des « miroirs du monde » revenait à y inclure des éléments contemporains pour que passé et présent recomposent le paysage actuel. Pour ce faire, plusieurs œuvres contemporaines jalonnent le parcours. Ce sont ces boomerangs de céramique cuite émaillée de Karoline Schneider, citation vernaculaire du passé d’un continent plongé dans l’ère postcoloniale ou cette Pierre de Lettré 4 de Su-Ran Sichling en béton lavé, reprenant la tradition asiatique des « pierres (ou rochers) de lettrés », de petites roches naturelles sculptées incitant à la contemplation et à la méditation.

Chacune des étapes du parcours aurait mérité à elle seule une exposition. La beauté et l’intérêt des pièces présentées, l’aspect réflexif du parcours, avec les questions qu’il induit concernant la circulation entre les groupes humains, les civilisations, les cultures, et le rapport entre science et art n’en sont pas moins passionnants.

Miroir du Monde - Chefs-d’oeuvre du Cabinet d’art de Dresde

Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais en collaboration avec les Staatliche Kunstsammlungen Dresden : la Voûte verte (Grünes Gewölbe), la Collection de porcelaine (Porzellansammlung), la Salle d’armes (Rüstkammer), le Salon de mathématiques et de physique (Mathematisch-Physikalischer Salon), la Galerie des maîtres anciens (Gemäldegalerie Alte Meister) et les Collections d’ethnographie de Saxe (Staatliche Ethnographische Sammlungen Sachsen)

Commissariat Claudia Brink, conseiller scientifique aux Staatliche Kunstsammlungen Dresden Scénographie Atelier Maciej Fiszer

Du 14 septembre 2022 au 15 janvier 2023, tlj 10h30-19h, nocturnes lun. jusqu’à 22h (sf 25 déc.). Horaires spéciaux les 24 et 31 déc.

Musée du Luxembourg - 19 rue Vaugirard, 75006 Paris

www.museeduluxembourg.fr

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