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Pianos romantiques. Beethoven en concerts. Entre Modernes et Anciens.

Pianos romantiques. Beethoven en concerts. Entre Modernes et Anciens.

Le 1er juillet, Michael Levinas propose une confrontation inédite entre son trio, Stimmung, joué sur des instruments modernes et l’ensemble Marie Soldat qui utilise des instruments anciens, à partir d'une pièce de Beethoven : la Sonate « Waldstein », opus 53. L’occasion de prendre la mesure de l’évolution des sonorités dans un univers musical en pleine mutation.

« L’écoute des interprétations successives, dit Michael Levinas — les unes faisant entendre les sonorités instrumentales de la fin du baroque avec des modes de jeux faisant référence aux traités de l’époque, les autres sur instruments modernes — aidera à saisir une part du cheminement d’un Beethoven, homme du XVIIIe siècle, polyphoniste et harmoniste, qui ouvre le passage au XIXe siècle. Beethoven développait de nouvelles formes d’écriture qui reliaient les découvertes des structures inédites du système tonal et les recherches acoustiques d’une lutherie en pleine évolution. L’écriture du compositeur s’inspirait de ces recherches et les facteurs d’instruments répondaient aux exigences créatrices du compositeur. Ce processus de collaboration entre l’acousticien et le compositeur (méthode de travail typiquement beethovénienne) est encore bien actuel dans la création contemporaine… » Michael Levinas met en évidence un processus créatif propre au compositeur, qui reprend les motifs contrapuntiques en les brisant sur plusieurs registres tout en explorant les « possibles » de la musique baroque pour les articuler avec l’évolution des timbres de lutherie au XVIIIe siècle et les nouvelles dimensions acoustiques qu’il apporte. Pour lui, le corpus des 32 sonates ouvre la voie au piano romantique du XIXe siècle.

En dehors de cette Sonate, le trio Stimmung interprétera le Trio op. 97 l’Archiduc, l’ensemble Marie Soldat, avec Laura Granero sur un piano Rosenberger 1820, la Sonate pour piano n° 53 op. 109. Sur le Trio op. 97 l’Archiduc, Beethoven disait : « L’Andante, je le considère comme l’idéal le plus élevé de la sainteté et de la divinité. Ici les mots ne signifient plus rien, ce sont de mauvais serviteurs de la parole divine, la musique l’exprime ». Les variations de cet Andante ne sont plus motiviques mais, selon Boucourechliev, « chimiques, elles attaquent en profondeur la substance du thème, les instruments semblent accompagner quelque chose mais quoi ? C’est l’ombre du thème qui peu à peu s’épaissit dans la trame… ». Quant à la Sonate op. 109, elle témoigne, en dépit des remous qui l’agitent, d’une sérénité et d’un détachement certains. Elle développe toute l’amplitude des variations possibles : contraste, différenciation, transformation, synthèse. « L’opus 109 (comme l’opus 111, comme un peu plus tard les fameuses Variations Diabelli) attaque le thème de l’intérieur, l’interroge, l’oblige à révéler, par transformations successives, sa nature intime et ses pouvoirs. », analyse le compositeur Guy Sacre. De sorte qu’après la sixième et dernière variation, où le thème s’éparpille en fragments au milieu des arpèges, on assiste à son retour imprévu, « apparemment dans sa forme initiale, mais forcément plus expressif, plus émouvant, transformé lui-même au sortir de ses propres métamorphoses. » 

Le projet Entre Modernes et Anciens, conçu en collaboration avec le Festival de la Chaise-Dieu qui se déroulera le 28 août 2021, s’achèvera par des présentations de Michael Levinas et de Laura Granero suivies d'une discussion avec le public.

Le 1er juillet à 19h30 - Salle Colonne – 94, bd Blanqui – 75013 Paris

Trio Stimmung : Michael Levinas, Christophe Giovaninetti, Raphaël Chrétien. Programme : l’Archiduc (op. 97) et Sonate op. 53 « Waldstein »

Laura Granero (sur un piano Rosenberger 1820). Programme : Sonate op. 53 « Waldstein », Sonate pour piano n° 53 op. 109

Réservations : CONCERTS | La Nouvelle Athènes (lanouvelleathenes.net)

Et, le 30 juin à 19h30, salle Colonne, toujours Beethoven avec les Variations on folksongs et le duo Olga Pashchenko (piano) et Anna Besson (flûte). Le répertoire romantique pour flûte est souvent méconnu, aucun compositeur « illustre » n’ayant écrit pour cet instrument. Pourtant, nombre de compositeurs – souvent flûtistes eux- mêmes – ont rendu hommage à cet instrument avec lequel la virtuosité s’exprime. Le pittoresque des airs populaires venant des brumes nordiques faisait partie de l’esthétique préromantique. C’est dans les premières années du XIXe siècle que l’éditeur écossais George Thomson se décide à réunir les talents du poète Robert Burns et du compositeur Ludwig van Beethoven. Après 126 chansons arrangées pour piano et voix, le compositeur se lance en 1819 dans de nouvelles variations pour piano et accompagnement de flûte sur 17 airs populaires. Certaines de ces recherches seront reprises dans les Variations Diabelli. Ce concert, proposé par deux artistes à l’avant-garde de la relecture du répertoire romantique, fera dialoguer les deux opus 105 et 107 de Beethoven avec deux compositeurs contemporains du musicien, Friedrich Kulhau — actif à Copenhague — et le flûtiste Eugène Walckiers ainsi que leur héritier Franz Doppler. Complétant l’évocation de l’univers de l’époque, une chaconne inspirée de Haendel constituera le matériau baroque des Variations pour piano solo WoO80.

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