Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Arts-chipels.fr

Bagarre. Tu veux te battre ? Attends de voir ta gueule à la récré !

Bagarre. Tu veux te battre ? Attends de voir ta gueule à la récré !

Les spectacles pour enfants évacuent généralement la violence dans une intention louable d’exemplarité vis-à-vis de la jeunesse. C’est laisser de côté l’une des questions importantes auxquelles sont confrontés les chères têtes blondes – ou brunes. Bagarre aborde ce thème de manière positive et c’est très bien.

On a souvent tendance à donner du jeune âge une image enchantée, un peu mythique et magique, et à consacrer les spectacles pour jeune public aux difficultés psychologiques que rencontrent les enfants face à une situation familiale chaotique – séparation, divorce des parents ou deuil. Bagarre aborde un aspect fondamental quoique souvent masqué ou minoré des relations enfantines : la part non négligeable des rapports de force, le harcèlement parfois et la difficulté de se construire face à la violence dans une société – même enfantine.

Bagarre © Sébastien Pasquier

Bagarre © Sébastien Pasquier

Une histoire de bagarre

Mouche a une histoire peu banale. Elle vit avec sa tante, Tata Moisie – c’est l’odeur qu’elle dégage – et son frère Titus sous la tente, sur la terrasse d’un immeuble. Compter les oiseaux, les avions et les insectes est un passe-temps familial. Voilà qu’un jour, le pacifique Titus trouve un punching-ball et une paire de gants de boxe. La fillette s’approche timidement de ces objets – c’est pas un truc de fille, la boxe, bien sûr – avant de les essayer et de s’y entraîner, sous l’impulsion de sa tante qui se mue en entraîneur. Croche et recroche, esquive, frappe, paf, bing, prends ça ! Œil méchant, poings fermés, dents serrées, on se rue l’un sur l’autre. Et puis, les gants, c’est chaud, comme un organisme vivant. Quand on a glissé ses mains à l’intérieur, c’est comme si on devenait quelqu’un d’autre, quelqu’un de plus fort… Au registre « social » se mêle un registre imaginaire, avec cette capacité qu’ont les enfants de transformer leur vie en « il était une fois… », où la tante devient bonne fée naviguant au milieu des étoiles.

Bagarre © Delphine Perrin

Bagarre © Delphine Perrin

La bagarre, une médiation vers l’apprentissage et l’accomplissement de soi

Au fil de la pièce, le rapport de la petite fille à l’usage de cette force nouvellement conquise évolue. Émerveillée par ce moyen d’extérioriser une énergie débordante, d’exploiter son nouveau potentiel et d’acquérir une véritable assurance, elle comprend rapidement que son entraînement lui permet d’éviter les moqueries et agaceries de ses camarades d’école, de se faire respecter et même d’imposer son point de vue. Elle mesure le pouvoir que lui confère cette capacité à faire valoir sa position et à sortir victorieuse des conflits. Elle comprendra aussi que la bagarre est un jeu naturel, symbolique, auquel se livrent tous les enfants et que, lorsqu’elle cesse d’être un jeu pour devenir destructrice, il convient de la canaliser et d’en faire usage avec discernement, non de la considérer comme une fin en soi. À force de cogner, on se trouve, pour peu qu’on réfléchisse à ce qu’on fait…

Bagarre © Delphine Perrin

Bagarre © Delphine Perrin

Une enfance pas vert paradis

En mettant en scène une famille quelque peu marginale – sans père ni mère, vivant dans des conditions précaires – la pièce sort du schéma traditionnel de l’enfant confronté aux difficultés familiales pour nous donner une image de personnages chahutés par la vie, socialement écartés et vivant de peu. Nous sommes loin de l’image d’une enfance préservée qui grandit à l’écart des difficultés de la vie. La vie est un combat et nier la violence serait se voiler la face. C’est dans le monde d’aujourd’hui que s’inscrit Bagarre. Un espace scénique où le ring est devenu étoile scintillante de scène de music-hall dans lequel évolue une petite fille en short de satin qui n’a pour tout accessoire que ses gants et un vieux sac. Elle joue tous les personnages de son entourage en passant de l’un à l’autre et se bat contre ses fantômes sur une musique qui emprunte au rock et aux rythmes syncopés de notre temps.

Titus © Sébastien Pasquier

Titus © Sébastien Pasquier

Le volet principal d’un triptyque

Comme une composition de saynètes qui, assemblées, forment une histoire, deux courtes pièces encadrent Bagarre. L’histoire de Titus, le frère, l’enfant qui aime à contempler les oiseaux, envoyer promener sa sœur et qui, armé de ses gants, se lance dans la bagarre jusqu’au jour où, ayant tapé un peu trop fort, il craint d’avoir tué son meilleur ami, la précède. L’aventure de Tata Moisie, une ancienne catcheuse ayant promené ses poings et ses combats jusqu’en Bolivie et qui joue pour Mouche le rôle d’une entraîneuse japonaise, clôt le cycle. Aussi, même si parfois on perd le fil, si on se demande par exemple pourquoi cette famille d’un genre particulier migre vers la mer, au travers de ces trois fables se raconte une épopée très humaine où les mésaventures, les heurs et les malheurs sont contés avec humour et poésie dans un langage simple, qui emprunte à celui des jeunes enfants. Au-delà des difficultés du réel, la magie est partout pour qui sait où la débusquer…

Titus © Sébastien Pasquier

Titus © Sébastien Pasquier

Multiversions de temps de crise…

Covid oblige, l’impossibilité de jouer dans un théâtre a engendré des formes particulières attachées au spectacle. Titus, comme Bagarre, ont été adaptés pour être présentés au jeune public dans les classes – Tata Moisie sera disponible à l’automne prochain. Deux formes coexistent donc. Chacune touche un public différent, familial pour la version en salle, scolaire pour les versions représentées dans les classes, et assorties d’un débat à l’issue de la représentation. Cette démarche en direction de publics diversifiés hors des lieux dédiés du théâtre, nombre de compagnies l’ont développée. S’il était besoin d’un témoignage de la vitalité du spectacle vivant, on la trouverait dans les multiples initiatives, tant online que dans les créneaux laissés ouverts dans les marges du confinement. Soyons-en simplement heureux et pleins d’espoir pour un futur qu’on espère plus radieux...

Bagarre. Pour enfants à partir de 6 ans. S Écriture Karin Serres S Conception et mise en scène Annabelle Sergent S Collaboration artistique Christophe Gravouil S Interprétation Tamaïti Torlasco (en alternance avec une autre comédienne) S Création lumière François Poppe S Création sonore Oolithe [Régis Raimbault et Jeannick Launay] S Regard chorégraphique Bastien Lefèvre S Regard scénographique Olivier Droux S Conseiller technique à la scénographie Pierre Airault S Costumes Anne Claire Ricordeau S Régie générale Régis Raimbaul.

Titus. S Écriture : Karin Serres S Mise en scène : Annabelle Sergent S Interprétation (en alternance) : Christophe Gravouil ou Benoît Segui.

Tata Moisie. S Écriture : Karin Serres S Conception, interprétation : Annabelle Sergent S Collaboration artistique : Christophe Gravouil S Création sonore : Oolithe [Régis Raimbault & Jeannick Launay] S Régie générale : Régis Raimbault

TOURNÉE

Du 7 au 28 juillet 2021 à 15h40. Titus/Bagarre - Le Nouveau Grenier, Avignon (ex Collège de La Salle, 9, rue ND des 7 douleurs)

27-29 septembre 2021. Maison de la Culture, Bourges (18)

1er octobre 2021 (report saison 2020/2021). (Ici ou là) Saison Culturelle, Indre (44)

8-10 octobre 2021 (report saison 2020/2021) Le THV I Saint-Barthélemy-d’Anjou (49)

14 et 15 octobre 2021. L’Entracte, Scène conventionnée I Sablé-sur-Sarthe (72)

17 et 18 octobre 2021 (report saison 2020/2021). Festival Méli’Môme, Reims (51)

21 et 22 octobre 2021. Le Carré, Scène nationale, Château-Gontier (53)

26 et 27 octobre 2021. L’Espace 600, Grenoble (38)

7-15 novembre 2021 (report saison 2020/2021). Tournée finistérienne, Le Finistère (29)

17-23 novembre 2021 (report saison 2020/2021). Le Volcan, Scène nationale, Le Havre (76)

26 novembre 2021. La Chaise rouge/Cie Patrick Cosnet, Pouancé (49)

30 nov.-1er décembre 2021 (report saison 2020/2021). Service Culturel, Villiers-le-Bel (95)

8-10 décembre 2021 Le Grand R, Scène nationale, La Roche-sur-Yon (85)

14-17 décembre 2021. Centre Culturel Athéna, La Ferté Bernard (72)

4-8 janvier 2022. Le Théâtre, Scène nationale, Angoulême (16)

18-21 janvier 2022. Espace Sarah Bernhardt, Goussainville (95)

25 et 26 janvier 2022. Espace Germinal, Fosses (95)

2-6 février 2022 (report saison 2020/2021) Très Tôt Théâtre, Quimper (29)

7-11 février 2022 (report de la saison 2020/2021). Festival A Pas Contés, Dijon (21)

15-19 février 2022. Scènes Croisées de Lozère, Mende (48)

21-27 février 2022 (report saison 2020/2021). Théâtre Le Massalia, Marseille (13)

6 mars 2022. Théâtre Épidaure, Bouloire (72)

10-12 mars 2022. Théâtre de la Tête Noire, Saran (45)

15 et 16 mars 2022. La 3’E Saison de l’Ernée, Ernée (53)

18 et 19 mars 2022. Service Culturel, Couëron (44)

23 et 24 mars 2022. Centre Culturel Juliette Drouet, Fougères (35)

29 et 30 mars 2022. Le Piano’cktail, Bouguenais (44)

4-8 avril 2022 (report saison 2020/2021). Théâtre du Pays de Morlaix I Morlaix (29)

12-16 avril 2022. L’Empreinte, Scène nationale, Brive (19)

20-22 avril 2022. Points Communs, Nouvelle Scène nationale, CergyPontoise (95)

17 mai 2022. Le Kiosque, Mayenne (53)

19 et 20 mai 2022. Saison Culturelle des Coëvrons, Evron (53)

23-26 mai 2022 (en cours). Saison Culturelle, Landivisiau (29)

30 et 31 mai 2022. Le Théâtre de Thouars, Thouars (79)

7-11 juin 2022. Théâtre de Lorient, CDN, Lorient (56)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article