Blizzard. Performances circassiennes sur fond de frimas.

Si le grand Nord canadien et son vent en tempête semblent quelque peu artificiels dans le propos du spectacle, la maîtrise acrobatique de Flip Fabrique est, elle, soufflante.

Ils sont sept circassiens et un musicien, pianiste déjanté et un peu fou dont l’instrument se mue aussi bien en clavier électronique qu’en piano classique. Ils apparaissent dans des doudounes qu’ils sont bientôt contraints de quitter car faire de l’acrobatie avec est pour le moins malcommode. Et l’acrobatie, ils savent faire. Pyramides humaines en déséquilibre sur un coin de cube instable maintenu par des câbles dans l’espace ou dans des situations acrobatiques, jetés-rattrapés dans les positions les plus invraisemblables, portés en mouvement sur une main, élévations qui tiennent de la contorsion, on se dit qu’il faut une belle confiance pour se lancer ainsi en s’en remettant à son partenaire tant certains exercices apparaissent périlleux.

Un art insolite du jonglage

Pas de mât chinois ni de travail de corde dans le choix de leurs numéros mais la performance de gymnases accomplis, d’acrobatie, de sauts et de main à main et, dans les airs, en plus de la voltige, la discipline des sangles aériennes, seul ou à deux, qui développe dans l’espace des figures complexes. Au sol, outre quelques interventions clownesques pas tout à fait convaincantes, le jonglage prend une dimension inusitée. Car les artistes ne se contentent pas d’élever dans les airs des balles-boules de neige de plus en plus nombreuses et de se les échanger à un rythme accéléré. Les pelles deviennent raquettes et le cube présent sur scène tout au long du spectacle se mue en murs de squash sur lesquels viennent ricocher à un rythme d’enfer des balles que les jongleurs rattrapent et qu’ils s’échangent.

Au sol et dans les airs

Surprenante, une démonstration de hula-hoop apporte une note cocasse en même temps qu’insolite. Sur le bras, le pied, le cou, la taille et avec tout le corps, jusqu’à quatre cerceaux entrent en jeu. Lumineux, avec leurs couleurs changeantes, ils introduisent leurs notes colorées dans un univers tout en blanc, en bleu et en noir. Mais au-delà, leur manipulation rapide engendre des effets d’optique tout à fait surprenants. À cette discipline, ancrée dans le mouvement au sol, répond le rêve d’être un oiseau que procure le trampoline, cette sensation de liberté, de s’élever dans les airs sans être retenu par rien. Une impression de jouissance infinie que nous font éprouver les artistes même si elle est ici associée à des « atterrissages » acrobatiques difficiles sur un espace limité ou sur les épaules d’un partenaire.

Flip Fabrique appartient à la mouvance des cirques contemporains québécois. Plutôt tendre que trash, leur pratique du nouveau cirque, avec l’humour en bandoulière et en dépit d’un rapport au « blizzard » qu’on aurait aimé plus abouti, est de haut niveau et ravit le public.

Blizzard

S Spectacle créé le 5 juillet 2019 au Carré, Amsterdam S Artistes de cirque Justine Méthé-Crozat, Alana Moggridge, Ben Nesrallah, Hugo Ouellet-Côté, Thierry Proulx, Samuel Ramos, Jérémy St-Jean, Daniel Sullivan S Concept original FLIP Fabrique S Direction artistique Bruno Gagnon S Mise en scène Olivier Normand S Scénographie Marie-Renée Bourget Harvey S Costumes Erica Schmitz S Éclairages Caroline Ross S Musique Ben Nesrallah S Durée 1h15

TOURNÉE

- Les 20 et 21 janvier : Maison des Arts de Créteil
- Le 25 janvier : Palais du Littoral, Grande Synthe