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Arts-chipels.fr

Le voyage de Monsieur Perrichon, une épopée burlesque.

Phot. © Marion Duhamel

Phot. © Marion Duhamel

La comédie d’Eugène Labiche, menée à un train d’enfer par Frédérique Lazarini et une joyeuses bande de comédiens, nous apporte une bouffée avec d’air frais.

Entre les deux mon cœur balance

Les Perrichon, père, mère et fille sont en partance pour les Alpes. Le riche carrossier, fraîchement retiré des affaires, emmène les siens découvrir la montagne. Il vit avec son temps, ce XIXe siècle du développement ferroviaire et du tourisme naissant. Eugène Labiche en fait son miel quand, en 1860, il arrache une famille bourgeoise à son confort parisien pour l’envoyer à Chamonix en chemin de fer. Voici nos voyageurs Gare de Lyon, affolés, emmitouflés dans des tenues de ski et encombrés de valises. À leurs trousses deux jeunes gens, Daniel et Armand. Amis et néanmoins rivaux, c’est à qui obtiendra la main de la – pas si timide – Henriette. Pour cela, il faut aussi séduire père et mère... À chacun sa tactique.

Ce petit monde se retrouve au même hôtel, avec vue sur le Mont Blanc. La montagne : tout un programme pour le vaillant Monsieur Perrichon, tout fier de ses exploits sportifs, accomplis sous l’escorte zélée de Daniel et Armand. Il sera sauvé par l’un d’une dangereuse chute de ski et, inversement, il portera secours à l’autre, tombé dans une crevasse, à la Mer de Glace. Haut fait qui flatte sa vanité et lui fait choisir comme gendre le rescapé. Du côté des femmes, il en va autrement... Au finale, la récompense ira au plus honnête des prétendants... En attendant, le show continue.

Phot. © Marion Duhamel

Phot. © Marion Duhamel

Une avalanche de péripéties

Eugène Labiche s’en prend à l’engouement pour les sommets neigeux des petits bourgeois, cible principale et public de ses comédies. Dès le départ et jusqu’à leur retour à Paris, les personnages sont pris dans un tourbillon d’événements : imbroglio avec les bagages, chassés-croisés entre les deux prétendants, embrouilles avec l’hôtelier, irruption d’un commandant des zouaves irascible... Frédérique Lazarini tire de ce scénario riche en rebondissements un spectacle mouvementé, où les protagonistes enchaînent les mésaventures burlesques à la manière des acteurs du cinéma muet. Cédric Colas (Monsieur Perrichon), Emmanuelle Galabru (Madame Perrichon), Messaline Paillet (Henriette), Hugo Givort, qui signe aussi la création vidéo (Armand Desroches), Arthur Guézennec (Daniel Savary) et Guillaume Veyre (le Commandant Mathieu, le domestique Majorin, etc.) sont les rouages d’une mécanique théâtrale bien huilée. Pendant les déplacements, en train ou sur les pistes, on les retrouve, dupliqués sur deux grands écrans, sur fond de paysages alpins, grâce à des effets vidéo bien amenés. Dans les costumes colorés et stylisés de Dominique Bourde, avec pour terrain de jeu la scénographie minimaliste et astucieuse de François Cabanat, ils n’arrêtent pas de courir de gags en quiproquos, en passant par quelques songs façon comédie musicale. Mais pourquoi faut-il que les dialogues s’échangent avec un tel niveau sonore ?

Phot. © Marion Duhamel

Phot. © Marion Duhamel

Voyage voyage !

Le Voyage de Monsieur Perrichon, en convoquant sur un mode comique l’imagerie des excursions d'antan, la magie (et la peur !) des nouveaux moyens de locomotion n’est pas sans rappeler la bande dessinée satirique de Christophe, La Famille Fenouillard (1889) qui, quelques années plus tard, raconte les périples d’un bonnetier enrichi, de son épouse et de leurs deux filles. On n’est pas loin non plus de la veine franchouillarde des Bronzés font du ski. Et les selfies que postent aujourd’hui les voyageurs sur les réseaux sociaux pour vanter leurs hauts faits sportifs ou touristiques ne sont pas sans rappeler les fanfaronnades dérisoires de Monsieur Perrichon. En attendant un nouveau Labiche pour moquer les travers de notre époque, savourons celui qui nous est servi sur le plateau de l’Artistic Athévains ! 

Le Voyage de Monsieur Perrichon, d’Eugène Labiche
S  Mise en scène Frédérique Lazarini S Avec Cédric Colas, Emmanuelle Galabru, Hugo Givort, Arthur Guézennec, Messaline Paillet, Guillaume Veyre S Scénographie François Cabanat S Costumes Dominique Bourde S Lumières  Xavier Lazarini S Musique et son François Peyrony S Effets vidéo Hugo Givort S Assistante à la mise en scène Lydia Nicaud S Durée 1h30

Créé le 30 janvier 2025, jusqu'à fin avril ou au-delà
Artistic Athévains, 45 bis rue Richard Lenoir, Paris (11e),

En juillet 2025, au Théâtre du Chêne noir, Festival d’Avignon Off 2025

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