7x7 Salon chorégraphique – un hymne à la danse jouissif et somptueux

Sept chorégraphies de sept minutes par sept chorégraphes différents voici le dispositif imaginé par Emilio Calcagno. Je pourrais préciser sept duos, chaque chorégraphe imaginant un « pas de deux » avec un ou une danseuse du Ballet de l’Opéra d’Avignon. Aucune thématique n’est imposée, c’est une totale carte blanche qui nous offre donc une pérégrination à travers 7 univers différents, 7 écritures particulières qui reflètent toute la diversité de la danse contemporaine d’aujourd’hui. Car chaque chorégraphe va puiser dans son style et ses préférences pour créer sa partie. On peut ainsi reconnaitre les tendances et les particularités qui font et forment leur style propre. La magie et le talent de ces chorégraphes font que le spectacle qui en découle nous réjouit de bout en bout.

De part et d’autre du plateau sont disposés des canapés et des tables basses. Des abat-jours diffusent une lumière tamisée, comme une ambiance club un peu cosy, où les interprètes se promènent et interagissent autour du duo qui danse en attendant leur tour, un peu comme un battle. L’ensemble produit une joyeuse ambiance comme dans la tradition des salons artistiques, tous les artistes sont présents sur scène pendant la présentation de chaque duo, pour finir avec un final où ils et elles dansent ensemble sur une musique techno endiablée qui donne envie au public d’interagir.

Le premier tableau est imaginé par Johanna Faye avec Anastasia Korabov. Ce dispositif est comme une introduction avec un décor plus intime et spécifique. C’est un dialogue autour et avec deux chaises et une table. Ensuite le spectacle prend sa forme pérenne avec la disposition plateau club cosy.

La performance hilarante et rafraichissante de Andrea Costanzo Martini et Béryl de Saint-Sauveur avec une réflexion sur l’IA et la confiance aveugle que l’on a dans l’efficience de cet outil dans toutes les instances de nos vies, marque les esprits. « Life in Lycra » est aussi une réflexion plus spécifique sur les rapport entre le chorégraphe et son interprète. Moment très savoureux où le public ne cache pas son plaisir.

Puis Johanna Faye, issue de la culture Hip Hop et Sylvère Lamotte nous emmènent dans leur recherche et leur partage d’un langage commun. Moment très intense comme avec chaque duo, nous sommes transportés dans un univers particulier, précis et condensé.

Ensuite, Olivier Dubois qui a choisi une forme beaucoup plus élaborée nous offre sur la musique de Miss You des Rolling stones que tout le monde connait, un duo particulièrement rythmé sur une vidéo en fond de scène sur le thème « du souvenir », du « je me souviens ». Ainsi avec Sylvain Bouvier ils se projettent en vidéo tout en dansant sur la scène avec un final étonnant.

Sylvère Lamotte et Lucie-Mei Chuzel nous offre un duo particulièrement éblouissant tout en lenteur et équilibre comme en lévitation. On retient presque son souffle de peur de casser ce bel ensemble aérien qui semble défier la gravité. C’est un moment magique où l’on voudrait arrêter le temps pour en profiter pleinement.

Rosalba Torres Guerrero et Kyril Matantsau  reprennent la scène tout en contraste et énergie.

Et pour finir Leila Ka qui égale à elle-même nous emmène dans son univers avec quelques simples gestes et un minimum de postures. Elle danse un duo avec Ari Soto sur la musique de Léonard Cohen « dance me to the end of love ».  Habillés de jupes longues « à la derviche tourneur » les deux artistes survolent le plateau dans une danse aérienne et précise.

Ce spectacle a été conçu et mis en scène par Emilio Calcagno qui dirige depuis 1er septembre 2021, comme directeur de la Danse du Ballet de l’Opéra Grand Avignon. Il est d’origine sicilienne, arrivé en France en 1989, il intègre le Centre National de Danse Contemporaine à Angers  puis le ballet de Preljocaj en 1995 dont il prend la direction des activités pédagogiques de 2002 à 2005. A noter : Il constitue le programme pédagogique du projet européen D.A.N.C.E avec la direction d’ Angelin Preljocaj, Frédéric Flamand, William Forsythe et Wayne Mac Gregor. il est à l’origine de différentes initiatives qui confirment son appétence pour les questions de transmission : danse et écriture dans les bibliothèques, performances dans les musées. Son dernier projet Intitulé Yallah danse! met en œuvre un projet de coopération internationale entre l’Algérie, l’Italie et la France articulé autour de deux volets : la formation et la création. Ce programme accompagne durant une année un groupe de 20 danseurs et danseuses algérien.ne.s afin de leurs donner les ressources artistiques pour déployer leur propre univers chorégraphique.

C’est un spectacle vraiment réjouissant, un magnifique moment de jubilation et de partage avec le public comme une célébration de la danse contemporaine. Les chorégraphes tous et toutes plus talentueux les uns que les unes s’amusent, se font plaisir et nous transmettent leur joie de danser et surtout de danser ensemble. A voir sans modération !
 

Distribution

Conception et mise en scène : Emilio Calcagno
Chorégraphies : Andrea Costanzo Martini, Olivier Dubois, Johanna Faye, Leïla Ka, Sylvère Lamotte, Rosalba Torres Guerrero
Avec les danseurs du : Ballet de l'Opéra Grand Avignon
Lumières : Idalio Guerreiro
Reprises par : Christian Rivero Ramirez