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Arts-chipels.fr

Tristesse et joie dans la vie des girafes. Alice au pays de la crise.

© Pierre Grosbois

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Ces aventures d’une petite fille qui a trop poussé offrent avec une drôlerie non exempte de simplifications et de confusions nées d’une volonté de trop-plein un pot-pourri de considérations sur notre époque en même temps que sur le monde du spectacle.

Girafe est plus grande que son âge. C’est même pour ça qu’on l’a appelée ainsi. Du haut de ses neuf ans, elle regarde le monde des adultes en plein délitement. Il faut dire que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sa mère est morte et elle est élevée par son père, un artiste au chômage. Pas de quoi voir la vie en rose d’autant que la télévision câblée a été coupée et qu’elle ne peut plus voir sur Discovery Channel son programme favori, la Vie des girafes, sur lequel, en plus, elle doit faire un exposé pour l’école. Récupérer l’abonnement n’est pas donné : 53 507 euros ! Qu’à cela ne tienne ! Girafe, qui a de la ressource, se met en quête de l’argent nécessaire. Ses tribulations la mèneront dans les arcanes de l’argent et du pouvoir…

© Pierre Grosbois

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Une exploration drolatique du langage

Girafe n’est pas tout à fait une enfant comme les autres. Depuis toute petite, et particulièrement avec son père, elle n’a cessé d’explorer le monde des mots et feuilleté le dictionnaire, qui ouvre chaque fois de nouvelles fenêtres sur le monde. Dans une langue choisie, avec un vocabulaire qui outrepasse largement ce que connaissent les enfants de son âge et les fautes qui vont avec, elle décrit le monde extérieur. Candide au long cou, elle a les mots pour dire, dans une hésitation entre approche enfantine et vocabulaire adulte. Ses états d’âme, elle les partage avec son ours en peluche, Judy Garland, son comparse et son confident dépressif qui aimerait bien qu’elle le tue pour ne plus avoir à partager les émotions humaines.

© Pierre Grosbois

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Un parcours en zigzag

Un fil conducteur – la quête de l’argent nécessaire à payer l’abonnement à Discovery Channel – amène la petite fille à en chercher le montant là où il se trouve, c’est-à-dire à la banque. Le seul moyen pour y parvenir, c'est d'organiser un casse. Lequel casse est naturellement un échec. Le banquier la dénonce à la police, le policier lui expose que l’autorisation de faire un casse dépend du Premier ministre – une collusion entre le monde de l’argent et celui du pouvoir, allons bon ! Girafe prend donc la poudre d’escampette pour rencontrer le ministre qu’elle soumet à un chantage – pas très moral, tout ça pour de chères têtes enfantines, blondes ou pas. Cette traversée loufoque qui se déroule au Portugal mais pourrait se situer n’importe où en Europe est entrecoupée de rencontres insolites : un vieux à qui elle promet de ne pas grandir, une panthère maléfique style loubard en cuir noir qui l’incite au casse et même Anton Tchekhov qui a les traits de son père et qui se livre à une digression sur l’art et la manière d’écrire tout en cherchant désespérément la route de Moscou. Si on ajoute une pincée de fantôme de la mère, le panel des mélanges est complet.

© Pierre Grosbois

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Ni ni et et…

Ni tout à fait conte pour enfants bien qu’elle en utilise les ingrédients, ni tout à fait fable sur les turpitudes de notre société et ses absurdités, ni complètement roman d’apprentissage du passage à l’âge adulte d’une petite fille qui, telle Alice au bout de son périple, grandit, abandonnant ici son ours en peluche, ni exploration du monde du spectacle, de sa fragilité comme des conditions de la création artistique et en même temps tout cela, la pièce oscille entre humour et amertume, réalisme et onirisme, documentaire animalier et parodie de pièce, exposé scolaire et poésie, dialogue et récit. À trop emprunter, ainsi qu’il est fait, à la multiplicité des genres, des styles et des histoires, il arrive qu’on se perde. À trop vouloir en dire on finit par ne dire rien ou trop peu de choses. Qui trop embrasse mal étreint. C’est l’impression qu’on retire de ce pot-pourri drôle et enlevé mais qui n’effleure que la surface d’une multitude de choses.

© Pierre Grosbois

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Tristesse et joie dans la vie des girafes

S Texte Tiago Rodrigues S Traduction et mise en scène Thomas Quillardet S Avec Maloue Fourdrinier (Girafe), Marc Berman (Un vieux / Panthère / Le banquier au morceau de sucre / Police / Pedro Passos Coelho), Christophe Garcia (Judy Garland), Blaise Pettebone (L’homme qui est mon père / Tchekhov), Titouan Lechevalier (Régisseur plateau) S Assistante à la mise en scène Claire Guièze S Scénographie lumineuse Sylvie Mélis S Scénographie Lisa Navarro S Construction Philippe Gaillard S Création costumes Frédéric Gigout S Régie générale Titouan Lechevalier S Régie lumière Lauriane Duvignaud et Benjamin Duprat S Régie son Damien Rottier S Direction de production / Diffusion Marie Lenoir / Administration Maëlle Grange Logistique de tournée Marion Duval S Production 8 avril S Coproduction Le Théâtre – Scène nationale de Saint-Nazaire, Festival d’Avignon, Théâtre Paul Éluard de Choisy-le-Roi, Théâtre Jean Arp à Clamart, Festival Terres de Paroles, Le Trident – Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin, La Coupe d’Or — Rochefort S Soutiens Ministère de la Culture — DRAC Île-de-France et ARTCENA S Avec l’aide du T2G – Théâtre de Gennevilliers et de Humain trop humain — Centre dramatique national de Montpellier Texte traduit à l’initiative de France Culture, avec le soutien de la Maison Antoine Vitez —Centre international de la traduction théâtrale S Création le 14 juillet 2017 à la Chapelle des Pénitents blancs — Festival d'Avignon S Durée 1h20 S À partir de 9 ans

Du 23 février au 3 mars 2024. Mar.-ven., 19h30, sam., 18h30, dim. 25/02, 16h & 3 mars, 15h30

Théâtre du Rond-Point, avec le Théâtre de la Ville dans le cadre du Parcours Enfance & Jeunesse - 2bis, avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris. Rés. T. 01 44 95 98 21 – www.theatredurondpoint.fr

TOURNÉE

S Tristesse et joie dans la vie des girafes : 19 avril 2024 La Scala Provence / Avignon(84)

Autres spectacles de Thomas Quillardet en tournée

S En addicto : 8, 9 et 10 mars 2024 BRUIT – Festival théâtre et musique du Théâtre de l’Aquarium / Paris (75) ; 2 – 5 avril 2024 Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines (78) Scène Nationale (en salle et en décentralisation) ; 9 – 11 avril 2024 Le Théâtre d’Angoulême – Scène Nationale (16) (Studio Bagouet) ; en cours TGP – CDN de Saint-Denis (93) (en décentralisation à l’hôpital)

S Une télévision française - 22 et 23 mars 2024 Châteauvallon Scène Nationale / Ollioules (83)

Ton père : En partenariat avec Le Festival d’Automne à Paris 25 - 30 mars 2024 Lycée Voltaire / Paris (75) ; 22 - 27 avril 2024 Lycée Maurice Utrillo / Stains (93) L'Arbre, le Maire et la Médiathèque ; 13 – 19 mai 2024 Lycée Fragonard / L’Isle-Adam (95) ; 27 mai - 1er juin 2024 Lycée Montesquieu / Herblay (95)

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