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Les six Concertos brandebourgeois – l’art du contrepoint, transposé en mouvements chorégraphiques, sublime, magistral et hypnotique.

Les six Concertos brandebourgeois – l’art du contrepoint, transposé en mouvements chorégraphiques, sublime, magistral et hypnotique.

Il y a parfois des moments exceptionnels, des instants magiques, suspendus, hors du temps, hypnotiques comme les six concertos brandebourgeois de JS. Bach interprétés en live par les vingt et un musiciens et musiciennes de l’ensemble baroque B’Rock et en résonnance chorégraphique parfaite les seize danseurs et danseuses de Anna Teresa De Keersmaeker qui les dansent.

 

Les six Concertos brandebourgeois – l’art du contrepoint, transposé en mouvements chorégraphiques, sublime, magistral et hypnotique.

Le contrepoint trouve ses origines avec la polyphonie, au Moyen Âge et consiste en la superposition organisée de lignes mélodiques distinctes. Les mélodies se superposent sans qu’aucune d’entre elles ne soit considérée comme principale. Il n’y a donc pas d’accompagnement, tout est mélodique, à égalité ! La qualité de la composition réside toujours dans la qualité des combinaisons de ces mélodies. Et le maître incontesté du contrepoint est Jean-Sébastien Bach qui avec ces six concertos est au sommet de son art. Cette chorégraphie est structurée comme le contrepoint mélodique avec des mouvements en parallèles constamment, des déclinaisons de mouvements de bases qui reviennent pour structurer l’ensemble, chaque partie jouant son interprétation à côté des autres. On est bien dans une transposition chorégraphique de la structuration musicale du contrepoint des concertos. Tout le talent de Anna Teresa De Keersmaeker est bien dans cette transposition. Au tout début les interprètes sont en ligne en fond de scène et très vite une déstructuration de cette ligne apparait. Et tout au long du spectacle on assiste à des duos, solos, petits et moyens groupes, en solitaire ou tous ensembles, en parallèle, en simultané ou dans des enchaînements, de magnifiques portés, des mouvements au sol, bref une multitude de variations interprétées magnifiquement. Les mouvements sont d’une technicité incroyable, calés au millimètre mais cela n’empêche aucunement la sensibilité, l’élégance et la grâce. Une particularité qu’il faut également souligner est la diversité des âges des interprètes certains ayant plus de 40 ans et d’autres très jeunes.

Les six Concertos brandebourgeois – l’art du contrepoint, transposé en mouvements chorégraphiques, sublime, magistral et hypnotique.

La réussite de ce spectacle est aussi en grande partie due à la prestation de B’Rock orchestra dirigé par la violoniste Amandine Beyer qui pendant deux heures interprètent magistralement les six concertos dans l’ombre des danseurs, placés le dos au public dans la fosse d’orchestre. Les musiciens et musiciennes ne regardent donc pas le public mais sont tournées vers les interprètes sur scène et selon les figures sont parfois très très proches. Musique et chorégraphie sont les deux parties de ce même spectacle. La qualité de cette musique jouée en live est incomparable et une synergie incroyable se crée entre les deux groupes. Il en ressort tant du côté des musiciens et musiciennes que des danseurs et danseuses un sentiment jouissif que l’on sent pleinement également côté public.

Les six Concertos brandebourgeois – l’art du contrepoint, transposé en mouvements chorégraphiques, sublime, magistral et hypnotique.

Anne Teresa De Keersmaeker crée Asch, sa première chorégraphie en 1980. Deux ans plus tard, ce sera avec Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich qu’elle marquera les esprits et lancera véritablement sa carrière. Elle s’établit à Bruxelles et y crée sa compagnie Rosas. Jean Sébastien Bach est avec Steve Reich les deux compositeurs qui accompagnent Anne Teresa De Keersmaeker tout au long de sa carrière. Avec la particularité d’être toujours joué et interprété en live. Ses spectacles explorent les structures musicales de ces deux compositeurs. Elle structure souvent ses chorégraphies en lien avec des principes de géométrie et des modèles mathématiques.
Ainsi dans ce spectacle, Anna Teresa de Keersmaeker nous parle de dodécaèdre, le cinquième solide de Platon.  Ce solide le dodécaèdre contient 375 fois le rapport du nombre d’Or. IL est dans la cosmogonie astrologique le symbole de l’univers et du sommet. Ainsi on peut imaginer aisément que les configurations au sol dessinés par les danseurs et danseuses représentent au final une partie de la figure et que le reste du solide soit représenté dans l’espace par les lumières et les boules de métal qui ponctuent la scène. On peut aussi imaginer un dodécaèdre éclaté au sol qui servirait de guide aux déplacements multiples des interprètes.

Les six Concertos brandebourgeois – l’art du contrepoint, transposé en mouvements chorégraphiques, sublime, magistral et hypnotique.

Ainsi, l’association du génie du contrepoint, Jean Sébastien Bach avec la précision syntaxique de Anna Teresa de Keersmaeker, sans oublier la performance magistrale de tous les interprètes, tant danseurs et danseuses que musiciens et musiciennes nous emportent véritablement vers le sublime. A voir absolument !

Distribution

Chorégraphie Anne Teresa De Keersmaeker
Création et interprétation Boštjan Antonˇciˇc, Carlos Garbin, Frank Gizycki, Marie Goudot, Robin Haghi, Cynthia Loemij, Mark Lorimer, Michaël Pomero, Jason Respilieux, Igor Shyshko, Luka Švajda, Jakub Truszkowski, Thomas Vantuycom, Samantha van Wissen, Sandy Williams, Sue Yeon Youn Musique Johann Sebastian Bach, Brandenburgische Konzerte, BWV 1046–1051
Direction musicale création Amandine Beyer
Direction musicale représentations La Villette Cecilia Bernardini
Musiciens B’Rock Orchestra Violon Cecilia Bernardini (solo), Jivka Kaltcheva, David Wish Alto, Manuela Bucher, Luc Gysbregts, Marta Paramo Violoncelle Rebecca Rosen, Frederic Baldassare, Julien Barre Contrebasse Tom Devaere Hautbois Marcel Ponseele, Stefaan Verdegem, Jon Olaberria Flûte à bec Bart Coen, Manuela Bucher Traverso Manuel Granatiero Trompette Bruno Fernandes Basson Tomas Wesolowski Cor Bart Aerbeydt, Mark De Merlier Clavecin Andreas Küppers
Dramaturgie Jan Vandenhouwe
Assistante artistique Femke Gyselinck
Scénographie et lumières Jan Versweyveld
Assistants scénographie et lumières François Thouret, Pascal Leboucq Son Alban Moraud, Aude Besnard
Conseil musicale Kees van Houten
Costumes An D’Huys
Coordination artistique et planning Anne Van Aerschot
Chef costumière Alexandra Verschueren
Directeur technique Freek Boey

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