15 Août 2022
C’est sans moyens ou presque que François Descraques et ses amis avaient démarré, en 2009, leur projet de websérie. Quatre saisons, trois mangas, une BD et un roman plus tard, c’est au cinéma que revient cette fable d’un visiteur du futur qui débarque dans notre quotidien.
Le visiteur du futur fait partie des phénomènes typiques de ce début du XXIe siècle car il est intimement lié au développement exponentiel des réseaux sociaux et de YouTube. Lorsqu’en 2009, deux amis passionnés de science-fiction, férus de comics et de séries TV imaginent de faire quelque chose, avec les moyens du bord, ils ne savent pas encore que l’idée qu’ils vont développer s’étalera sur cinquante-sept épisodes répartis en quatre saisons, que la série diffusée sur YouTube aura 184 000 abonnés et plus d’un million de vues, et qu’elle aura pour excroissances des mangas, une BD et même un roman. Un peu plus de dix ans plus tard, c’est avec un peu plus de moyens et en voyant plus grand qu’ils abordent le cinéma.
Une identité bien dans l’air du temps
Ce qui fait le succès du Visiteur du Futur, ce sont des codes complètement ancrés dans la culture jeune. Une dérision et un humour taillés à la serpe, une manière de rire de tout qui ne s’embarrasse pas vraiment de bienséance, un langage mâtiné d’anglicismes qui est celui des d’jeuns’ d’aujourd’hui, une vision un peu trash, décalée et réjouissante qui ne respecte rien ni personne. L’aspect bricolo, quoique largement enrichi dans le film, renvoie à une précarité qui est la marque de notre temps. Les personnages évoluent dans un décor de déchets du monde industriel, une gigantesque casse sur laquelle se dessine, au loin, une tour Eiffel destroyed, qui dresse ses moignons dans un ciel crépusculaire. On est dans un monde en train de basculer vers l’irrémédiable.
Des thèmes qui parlent à nos oreilles contemporaines
En 2555, dans la ville détruite, s’élève un champignon atomique. C’est pour éviter « ça » que le Visiteur revient à notre époque, qu’il se mêle des affaires du XXIe siècle. Le film met en scène, au travers des relations d’un père et de sa fille, un conflit de générations qui engage le sort de la planète. Si le père envisage l’avenir à courte vue et s’accommode des nuisances qui forment l’escorte de notre temps, la jeune fille voit plus loin car c’est la survie de l’humanité qui est en cause. Cette préoccupation écologique, elle est la ligne de fracture entre les générations, celle qui sépare le siècle du politique du monde d’après.
Gentils contre méchants
Et c’est terrés au milieu d’un bric-à-brac d’objets hétéroclites, au milieu d’un décor de tuyauteries fatiguées, de vieilles caisses et de rebuts divers que doivent s’affronter des « gentils » pluriethniques et bardés d’enfants, reflets multiculturels et bigarrés de la société d’aujourd’hui, et l’impitoyable Brigade temporelle qui voudrait laisser le monde aller vers sa fin. On retrouve, plus aboutie, mais assagie sans doute en partie pour éviter d’être profondément clivante, l’ambiance un peu foutraque, avec son humour décapant, qui faisait le charme des séries du début, et on s’amuse beaucoup de cette science-fiction de pacotille. Bric-à-brac et univers de bric et de broc font ainsi bon ménage dans une esthétique définitivement postmoderne qui reflète la génération Y et fait feu de tout bois.
Le Visiteur du futur - 2021 - France - 102 minutes - Sortie nationale le 7 septembre 2022
S Réalisation, scénario et dialogues François Descraques d’après la série Le Visiteur du Futur (Ankama Animations) et les mangas La Brigade temporelle (Ankama Éditions) et certains éléments du roman La Meute de Slimane-Baptiste Berhoun (Éditions Bragelonne) S Musique originale Jimmy Tillier S Image Matthieu Misiraca S Première assistante réalisation Johana Katz S Scripte Julie Collet S Son Thomas Gastinel, Clément Maurin, Loïc Gourbe S Décors Paul Chapelle S Costumes Cécile Auclair S Montage Quentin Eiden S Direction de production Laurent Lecêtre S Régie générale Nicolas Jacob S Direction de post-production Mélodie Stevens S Supervision musicale Martin Caraux S Effets spéciaux Mathematic, Fabulous S Avec Arnaud Ducret (Gilbert), Florent Dorin (le Visiteur), Enya Baroux (Alice), Raphaël Descraques (Raph), Slimane-Baptiste Berhoun (Henry), Mathieu Poggi (Matteo), Audrey Pirault (Louise), Vincent Tirel (Victor), Assa Sylla (Belette), Lénie Cherino (Constance), Alex Ramirès (Fabio), Ludovik (Richard), Julie Farenc (Cathy), Swann Daniel (Mulot) S Avec la participation de Mcfly (Galabroche), Carlito (Defunax), Jenny Letellier (Charlie), Valentin Jean (Lucien), Marc Riso (Francis), Simon Astier (Michel), Kyan Khojandi (Boris), Bruno « Navo » Muschio (Régis), David Marsais (Picpus), Monsieur Poulpe (Le survivant qui bave), Davy Mourier (Le survivant qui louche) S Producteurs Robin Boespflug-Vonier, Stéphane Parthenay - Pyramide Productions S Coproducteurs Frédéric Bouté, Geneviève Lemal S En coproduction avec France 2 Cinéma, Allons voir SPRL et Scope Pictures S Avec la participation de OCS, Ciné + S En association avec Cinécap 4, Cinécap 5 et SG Image 2019 S Avec le soutien de La Région Grand Est, Inspire Metz / Eurométropole de Metz, de la métropole du Grand Nancy et la ville de Nancy S Avec la participation du CNC en collaboration avec le Bureau d’accueil des tournages / Agence culturelle Grand Est