Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Arts-chipels.fr

Stellaire. Un enchantement plastique pour petits et grands.

© Stereoptik

© Stereoptik

Croiser l’expansion de l’univers avec l’attraction passionnée d’une histoire d’amour à partir d’une animation sur scène en direct projetée sur un écran : un pari audacieux et réussi.

Fondée par Jean-Baptiste Maillet et Romain Bermond, la Compagnie Steroptik crée du cinéma sans pellicule, fabriquant en direct durant les représentations le son et les images d’un film d’animation projeté sur grand écran. Musiciens et plasticiens tous les deux, ils font naître l’émerveillement en dirigeant eux-mêmes sur scène, à partir de deux pupitres installés à cour et à jardin, une symphonie picturale en musique live et en lumière orchestrée en direct.

De l’expansion de l’univers à l’homme

Sur l’écran noir qui occupe tout le fond de scène, une tache lumineuse apparaît, bientôt suivie par une autre, puis par d’autres encore pour former le ciel constellé d’étoiles qu’on contemple, les soirs d’été, avec fascination. D’univers il va être question, et des poussières d’étoiles et de matière qui vont former les galaxies et créer la vie. Sous la houlette des deux scientifiques de l’université de Gronigen qui ont été partie prenante du projet, il va être question de Big Bang, bien sûr, d’univers en expansion, mais aussi d’avant le Big Bang et de l’hypothèse d’une contraction arrivée à un tel degré qu’une explosion se produit. Un entonnoir qui concentre la matière, à la manière des trous noirs, avant de la recracher. Il sera question de notre planète et de son Soleil, parcelle infime dans le tourbillon de la galaxie, monde au milieu d’autres mondes, appelé à disparaître le jour – lointain – où le Soleil, devenu géante rouge avalant tout ce qui l’entoure, fera disparaître notre univers familier. Il sera aussi question de ces particules échappées au Big bang que sont le carbone et l’oxygène qui donneront naissance à la vie.

© Stereoptik

© Stereoptik

Un homme et une femme

Les millénaires ont coulé et les humains sont apparus. Elle, astrophysicienne, parcourt la planète pour donner une série de conférences. Lui, dessinateur, est devant sa feuille blanche. Deux univers parallèles qui poursuivent leur trajectoire. Mais voici qu’au détour d’un parc, ils entrent en collision. Ils se mêlent et fusionnent, entament de concert un nouveau cycle qui les entraîne à travers le temps et l’espace. C’est l’occasion d’une exploration de l’espace-temps, le moyen de mesurer le caractère mouvant du temps, interminable quand il sépare ceux qui s’aiment, resserré quand les événements s’enchaînent, différent en tout cas de la durée immuable que mesurent les horloges. Nos deux personnages se lancent à l'assaut du ciel, embarquent dans une soucoupe volante pour un voyage interplanétaire qui les mènera – Star Wars est passé par là – dans un univers intergalactique peuplé de drôles de créatures qui font une teuf d’enfer et où deux d’entre elles, associées, forment le visage d’Einstein qui tire une langue rouge vif.

© Stereoptik

© Stereoptik

L’émerveillement de l’enfance

Si le texte est là, pour fournir de temps en temps quelques explications, c’est d’abord la polyphonie des images qui nous projette hors de l’univers que nous connaissons ou que nous pensons connaître. Il y a quelque chose de la poésie d’un Méliès créant son Voyage dans la Lune, cette fausse naïveté qu’on dit le privilège de l’enfance. Les fusées décollent, on découvre des paysages insolites, on se laisse porter dans un monde où l’on a perdu ses repères. L’homme et la femme, solarisés, déréalisés, s’asseyent sur un banc qui se matérialise ensuite, des marionnettes, montées sur baguette, rappellent le théâtre d’ombre des karagheuz de Turquie et de Grèce, un rouleau peint qu’on dévide crée, à la manière du théâtre de tréteaux, un paysage changeant qui se modifie au fil du récit. La musique en direct, percussions, guitare acoustique, claviers ponctue l’action.

© Stereoptik

© Stereoptik

Quand la technique fait naître la poésie

On reste ébahi devant l’inventivité de Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet. Pour eux, « Le lien entre l’art et la science est assez évident pour ce qui concerne leur rapport à l’inattendu. Beaucoup de découvertes scientifiques sont nées d’erreurs, de déviations imprévues. Dans l’art, c’est pareil. Un artiste change de direction sans le prévoir, selon les surprises, les contraintes qu’apporte une matière, un geste. » Les images vidéo, pré-enregistrées et recréées, s’insèrent dans un ensemble où les anneaux de Saturne naissent d’une spatule dentelée manipulée à vue sur une surface plane, où le sable projeté crée des impacts d’astéroïdes, où des gouttes colorées projetées dans un aquarium créent, par leur différence de densité, des paysages imaginaires où se promènent les personnages. Hokusai passe par là. La mer devient terre, le pinceau fait naître en direct un environnement urbain.

Dans ce monde mêlé d’art et de science, où tout est dans tout et réciproquement, les apparitions, les disparitions, les métamorphoses laissent les enfants médusés, les adultes séduits.

Stellaire, de et par Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet - Stereoptik Artistes Associés

Collaboration scientifique:  Pratika Dayal & Anupam Mazumdar, University of Groningen

Avec la participation filmée de Randiane Naly& Clément Métayer

Espace Pierre Cardin 1, Avenue Gabriel – 75008 Paris

Du 19 au 30 octobre 2021, du mardi au samedi à 19h, sauf le 20 oct. à 10h, le 21 à 14h30 et le 23 à 15h

Tél : 01 42 74 22 77. Site : www.theatredelaville-paris.com 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article