16 Mai 2019
Jean-Michel Ribes, Roland Topor et Reinhardt Wagner nous invitent à un non-cabaret plein de numéros savoureux et insolents chantés et joués. Comme au théâtre, quoi !
Trois complices de longue date, unis par le même humour d’empêcheur de danser en rond, animés par la même énergie iconoclaste, anarchiste et salutaire: Ribes, Topor et Wagner… Un mélange qui fait des bulles… Il nous monte à la tête comme un « champagne noir » pour reprendre les termes de Jean-Michel Ribes. Folie raconte des histoires. Celle d’une amitié, d’une vieille complicité tissée au fil de projets communs deux à deux, bouclés par ce trio dont le troisième survit à travers ses textes. Celle de trois personnages connus pour leur plaisir de la marge, de l’échappée belle, de l’école buissonnière, du rire libérateur. Celle aussi du passage du flambeau entre les générations : les filles de Jean-Michel Ribes et de Reinhardt Wagner sont sur scène pour cette évocation sans début ni fin, ces pointillés qui se suivent mais ne se ressemblent pas, ce bouquet de « plantes incongrues, carnivores et parfumées. »
À saute-mouton et à pieds joints dans une prolifération anarchisante
Ils sont en effet incongrus, ces textes qui vous expliquent comment éplucher facilement un testicule, s’attaquent à la madeleine de Proust ou vous expliquent crânement qu’il faut rester dans les clous pour ne pas se faire écraser par la critique. Des couchers de soleil qu’on aime parce qu’ils vous donnent l’impression de recevoir des cartes postales aux collaborations avec la revue surréaliste Bizarre, du gland qui donne naissance au chêne de Saint-Louis aux tribulations d’un petit coiffeur qui est toujours en retard, des considérations sur les relations entre Picasso et Gertrude Stein ou sur l’imposture d’un certain art à la dénonciation du pouvoir de l’argent et au non-sens de la vie, les textes s’enchaînent sans se ressembler. Ils dessinent le visage d’un Janus auquel aurait poussé une troisième tête. Ce dieu facétieux rigole des choses tragiques, met mes pieds dans le plat, n’évite pas la grossièreté, dit une réalité crue, les virilités imbéciles et vaines, la vanité des hommes, le ridicule qui ne tue plus. Puis il fait trois petits tours et s’en va.
En rythme et en musique
Encadrés par les musiciens, les deux comédiennes et leur partenaire masculin passent du dialogue à la mise en musique à tout bout de chant. À un rythme soutenu qui maintient le spectateur en éveil, l’esprit alerte, ils nous entraînent dans un univers peuplé d’escrocs où les petits chaperons rouges ne craignent plus les vampires, végétariens, et où les chanteuses n’aiment pas la chanson. Le politiquement incorrect et le socialement inadmis ont droit de cité. Le monde marche la tête en bas. Le rire, tantôt grave et tantôt graveleux, est un formidable plaidoyer pour la mauvaise éducation, le spectacle une invitation à tous ceux qui aiment les chemins de traverse.
Folie de Jean-Michel Ribes, Roland Topor, Reinhardt Wagner.
Textes : Roland Topor
Conception et mise en scène : Jean-Michel Ribes
Musique : Reinhardt Wagner
Avec : David Migeot, Alexie Ribes, Héloïse Wagner
Musiciens : François Verly, Reinhardt Wagner
Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin-Roosevelt – 75008 Paris
Du 11 mai au 2 juin 2019, à 18h30, sauf lundi et le 30 mai.
Tél : 01 44 95 98 00. Site : www.theatredurondpoint.fr
Puis au Théâtre Hébertot – 78 bis, bd des Batignolles – 75017 Paris
Du 6 juin au 13 juillet, à 20h30, dim. à 16h, relâche lundi
Tél. 01 43 87 23 23. Site : www.theatrehebertot;com