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Arts-chipels.fr

Manchester by the Sea. Une étrangeté américaine

Manchester by the Sea. Une étrangeté américaine

Avec Manchester by the Sea, Kenneth Lonergan nous propose un film qui se rapproche plus de l’intimisme du cinéma européen que des productions auxquelles nous a habituées le cinéma américain. Il met en scène une histoire très attachante, faite de petits riens noyés dans la grisaille du quotidien.

Lee est une sorte d’homme à tout faire dans une entreprise de plomberie du côté de Boston. Un raté taciturne incapable d’aligner trois mots pour communiquer avec qui que ce soit. Il s’est exilé de son lieu d’origine après avoir causé involontairement, un soir comme tant d’autres d’abus d’alcool et de drogue, un incendie qui a ravagé la maison de sa compagne et tué ses enfants. Il traîne donc une vie mutique et alcoolique, avec son lot de bagarres, jusqu’à ce qu’un de ses frères décède, l’instituant tuteur de son fils, un adolescent de 16 ans, résidant à Manchester by the Sea, d’où il est originaire.

Un constat bien amer sur les barrières sociales

Entre ces deux personnages de nature opposée, Lee l’introverti, conscient de sa médiocrité, de son infériorité, et Patrick, ce jeune homme auquel tout réussit – la musique, les copines, les études – qui se met à vivre avec une énergie sans pareille et face auquel Lee est complètement désarmé, un lien très profond se noue peu à peu. Il passera par la rénovation d’un bateau qui les rassemble. Lorsque le film s’achève, Lee, conscient de l’écart qui existe entre Patrick et lui, prend des dispositions permettant au jeune homme de rester dans son milieu tandis que lui-même retourne à sa médiocrité. Une histoire pas gaie-gaie, mais attachante dans ce qu’elle remue dans les profondeurs.

Un beau film sur les solidarités familiales porté par Casey Affleck

Casey Affleck – le jeune frère de Ben – livre ici un portrait du personnage tout en intériorité, dense, d’une épaisseur qui n’a d’égale que son impassibilité apparente et le détachement manifeste qu’il offre au regard des autres. La chaleur qui émane des relations familiales entre Lee et son autre frère, cette solidarité qui les unit au-delà des clivages sociaux ou de leur nature propre nous plonge dans cette Irlande mythique qui rassemble, envers et contre tout, les membres de la tribu des exilés. Et puis il y a la mer et la variété des états qu’elle offre selon les moments de la journée, la manière dont elle joue avec la lumière et dont la lumière joue avec elle, cet univers de bateaux et de mâts enchevêtrés qui disent le port d’attache comme le voyage. Un monde rugueux, difficile, mais vrai, authentique.

De ce film de presque rien, on sort touché, car il charrie du vivant et de la pâte humaine, une chaleur qui est partout présente.

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