Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Arts-chipels.fr

Into the Hairy, paradoxe improbable, une fluidité pleine de grâce et de poésie pour exprimer la violence des rapports humains.

Into the Hairy, paradoxe improbable, une fluidité pleine de grâce et de poésie pour exprimer la violence des rapports humains.

Comme tous les spectacles de Sharon Eyal et Gai Behar on est happé dès les premières secondes tant par la musique que par les gestes des interprètes et on reste comme hypnotisé jusqu’à la fin. Avec celui-ci, toujours aussi impressionné, on remarque des changements par rapport aux précédentes chorégraphies. D’abord les costumes de Maria Grazia Chiuri qui sont de longues combinaisons moulantes en dentelle noire et puis la musique qui est une nouvelle collaboration avec un jeune musicien londonien Koreless. Et surtout, les mouvements et les figures. C’est d’abord imperceptible et puis beaucoup plus net, les mouvements sont plus fluides, les demi-pointes encore présentes sont atténuées par un mouvement beaucoup plus souple comme une vague fluctuante. Le premier tableau est comme une magnifique fleur qui s’ouvre, moment intense plein de poésie. Ce spectacle est plus dans l’organique, les gestes et figures prennent une souplesse, une élasticité qui tiendrait plus de l’animalité et du végétal que du robot. On imagine parfois voir des sortes d’insectes ou de créatures hybrides qui se débattraient et évolueraient ensemble, l’un avec l’autre, l’un contre l’autre et même l’un contre les autres.

Into the Hairy, paradoxe improbable, une fluidité pleine de grâce et de poésie pour exprimer la violence des rapports humains.

Et comme tous les spectacles de Sharon Eyal celui-ci nous interroge sur notre rapport au monde et aux autres.

Le titre de la pièce est donc « into the Hairy » qui pourrait être « sur le fil du rasoir » où la notion de prise de risque est bien présente. D’une part, parce qu’elle explore d’autres territoires et que c’est toujours compliqué pour un artiste de sortir de sa zone de confort et d’autre part, sur la chorégraphie même qui entraîne les danseurs et danseuses dans des zones extrêmes où les corps sont mis à rude épreuve jusqu’au limite du possible. Mais elle nous questionne aussi bien sûr sur nous et nos rapport au monde et aux autres. Cela peut être violent, rude et parfois presque brutal avec des scènes et des gestes qui nous troublent profondément parce qu’en résonnance avec quelque chose de viscéral en nous. Elle parle en fait à notre humanité, à ce qui nous fait être humain. Ce langage abstrait que constitue la danse parle directement à nos émotions et avec Sharon Eyal elle ajoute une dimension comme un miroir déformant qui met en scène les rapports humains.

Ses trois pièces célèbres, son triptyque magnifique OCD Love, Love Chapter 2 et The Brutal Journey of the Heart, dont le numéro deux « Love Chapter 2 » est repassé au théâtre du Rond-point dernièrement, parlaient d’amour et des relations amoureuses plus ou moins compliquées. Dans ce spectacle, on est toujours dans le relationnel mais les interactions sont de plus en plus tourmentées et difficiles. Le paradoxe est que les mouvements et les gestes des interprètes sont plus harmonieux et plus coulant mais les interactions et le ressenti plus violent. Le monde est de plus en plus féroce et les humains également. Sharon Eyal est installée en France désormais, cela influencera t’il sa vision du monde ? Ces prochains spectacles nous le dirons.

Into the Hairy, paradoxe improbable, une fluidité pleine de grâce et de poésie pour exprimer la violence des rapports humains.

La maitrise des danseurs et des danseuses

La troupe de L-E-V est caractérisée par des danseurs et danseuses longiformes mais hyper athlétiques qui poussent les postures et les gestuelles jusqu’aux limites du possible. C’est cela aussi qui contribue à notre fascination pour ces spectacles. Cette dextérité est ici encore plus flagrante avec des positions improbables et expertes tout le long de la chorégraphie.

Ce spectacle ouvre la porte sur une multitude d’évolutions possible. On sent une maturité et une maitrise des mouvements qui lui ouvrent toutes les portes possibles. Ce ballet est composé de différentes parties avec des rythmes et des enchaînement complètement différents. C’est riche et varié et toujours aussi fascinant. Sharon Eyal est une des chorégraphes contemporaines qui font la danse d’aujourd’hui et de demain et on est toujours aussi impressionné et admiratif lorsque l’on assiste à une de ces représentations. A voir sans modération.

Distribution

Chorégraphie Sharon Eyal Co-création Gai Behar
Musique originale Koreless
Danseurs Darren Devaney, Guido Dutilh, Juan Gil,

Alice Godfrey, Johnny McMillan, Nitzan Ressler, Frida Dam Siedel, Keren Lurie Pardes Costumes Maria Grazia Chiuri – Christian Dior Couture
Création lumière Alon Cohen

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article