22 Septembre 2023
Lorsque l’on parle avec Taigue Ahmed on est étonnée par la douceur de sa voix et le calme impressionnant de sa haute stature. IL nous explique qu’il a travaillé dans les camps de réfugiés au Tchad, son pays mais aussi dans d’autres pays en Afrique subsaharienne, avec des enfants et des adultes et que, après avoir participer à ses ateliers, les enfants arrêtaient de se battre entre eux .
Une installation photographique et vidéo nous retrace son travail atypique dans les camps de réfugiés. C’est une danse thérapeutique qu’il a mis en place. La danse permet de rendre aux victimes une meilleure image d’eux -même, d’apaiser les colères et de retrouver une estime de soi. L’art comme thérapie, comme outil de guérison des blessures de l’âme c’est connu depuis longtemps. L’art est une force qui nous libère et nous apaise et Taigué Ahmed en dansant avec eux leur permet de soigner leur corps et leur esprit. Taigué Ahmed, danseur, chorégraphe tchadien et directeur de l’association Ndam Se Na à N’Djamena, travaille en association avec l’UNHCR depuis de nombreuses années sur des projets d’atelier de danse avec les réfugiés centrafricains et soudanais des camps d’Amboko, de Gondjé et de Dosseye dans le sud du pays. IL réalise en 2006 avec l’aide de l’UNHCR des stages dans les camps proches de Goré, auxquels plus de 300 réfugiés s’inscrivent.
Taigue Ahmed, nous propose à l’Espace Cardin sous le majestueux vieil arbre qui trône dans le jardin près du bar, une performance d’une dizaine de minutes avec des seaux, de l’eau et des foulards colorés. Il danse en s’accompagnant en chantant. Il danse à petits pas au milieu des seaux en plastique rouges et bleus. Il est magnifique dans sa simplicité, sa retenue et sa sincérité. Cela avait un petit côté étrange et décalé. Lui, essayant de faire participer ces parisiens et parisiennes, bien sous tout rapport et ces parisiens et parisiennes bien sous tout rapport essayant de jouer le jeu. C’était comme un dialogue de gens qui ne parlent pas vraiment la même langue mais qui essaye de communiquer avec des gestes. Il n’a pas demandé aux spectateurs et spectatrices de l’espace Cardin de danser avec lui (pourquoi pas finalement) il leur a juste demandé d’agiter les grands foulards colorés qu’il avait disséminé sur les tables. Et cet instant de connivence était, au-delà du symbole, tout ce qu’il recherchait, le contact , l’échange avec l’autre, ce moment de reconnaissance de chacun parce que l’on bouge ensemble.
Enrôlé de force à 22 ans par l’armée tchadienne, Taïgue Ahmed a connu la guerre et en a fait le cœur de son travail de danseur. Soigner les blessures du corps et de l’âme par le mouvement ensemble. il raconte également les difficultés qu’il rencontre pour faire reconnaître l’art comme un élément essentiel dans la survie des personnes dont les droits humains sont bafoués.
Ainsi, Taigue Ahmed est un artiste engagé. Partager son expérience, danser avec l’autre est pour lui l’essence même de sa démarche. Taigué Ahmed, est danseur, chorégraphe et directeur de l’association Ndam Se Na à N’Djamena.
Il commence par une formation à la danse classique à 6 ans puis la danse traditionnelle dès l’âge de 13 ans par l’un des chorégraphes du Ballet national tchadien, puis il intègre la Compagnie des Jeunes Tréteaux du chorégraphe tchadien Hyacinthe Abdoulaye Tobio en 2002. Il interprète la création «L’ombre de Dieu disparu», et participe aux 5èmes Rencontres Chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan Indien à Madagascar.
Après avoir tourné en France dans la pièce chorégraphiée « Etre dans la peau d’une femme » de Julie Dossavi, Taïgue Ahmed présente en décembre 2009 à Paris son propre solo « Crache mon histoire » dans lequel il raconte comment la danse permet aux victimes de guerre de retrouver l’estime d’eux-mêmes. Puis il présente son solo lors de la 8e édition du festival « Danse, l’Afrique danse ! » qui s’est tenu à Bamako en octobre 2010, puis en Mauritanie et à Briançon en décembre 2011.
En juin 2011, Taïgue est invité à Amsterdam et présente la création Le jardin des délices, à partir de l’œuvre de Jérôme Bosch.
En octobre 2014 il dirige le project Atelier Nomade avec le Musée du Quai Branly à Paris et créée des atelier avec des jeunes de Clichy-sous-Bois et Montfermail pendant Quatre semaines pour le the festival AFRICTIONS
En 2015, Taigué Ahmed présente avec Sarah Israel leur performance « Laissez-moi… « à Munich.
Depuis il participe dans le monde entier à des festivals et il est également le co-fondateur du festival de danse SOUAR à N’Djamena qui a lieu chaque année en Décembre.
Projet : Refugees On The Move : Tchad
Site internet http://www.ndamsena.org
C’est parce que des artistes comme lui existent ,que l’on peut encore croire en l’humanité. Belle découverte !