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Arts-chipels.fr

Le Syndrome des amours passées. La comédie du désir et de la procréation.

Le Syndrome des amours passées. La comédie du désir et de la procréation.

Ce ballet marital plein d’humour, qui met aux prises un couple et son désir insatisfait d’enfant pose, sur le mode de la légèreté et de la cocasserie, de nombreuses questions sur la sexualité du couple et les fondements du besoin de procréer.

Ils n’ont pas grand-chose qui les distingue de millions de couples hétéros qui peuplent la planète. Ils sont complices et conscients de l’être. Seulement voilà. Pour « concrétiser » la pérennité de leur union, la rendre manifeste, ils veulent un enfant mais, en dépit de leurs tentatives, leurs efforts restent vains. Ce n’est pas qu’ils soient stériles, mais leur projet d'enfant reste dans les choux... Alors ils consultent et le spécialiste interrogé diagnostique chez eux un « syndrome des amours passées ». S’ils n’enfantent pas, c’est que quelque chose, dans une de leurs relations passées, fait blocage. Une seule solution : reprendre leur carnet d’adresse respectif et refaire l’amour avec leurs ex.

© Hélicotronc & Tripode Productions

© Hélicotronc & Tripode Productions

De l’absurdité comme un des beaux-arts

Bien entendu, le syndrome est une invention d'Ann Sirot et de Raphaël Balboni, les auteurs-réalisateurs. Il n’est que le prétexte à ouvrir une boîte de Pandore dont ne s’échappent pas que des maux… Sandra et Rémi, leurs personnages sont réticents, bien sûr, et une fois la règle du jeu acceptée, les obstacles sont multiples. Comment faire admettre à leurs ex de jouer le jeu ? Les années ont passé, leurs relations ont évolué, leurs sexualités et leurs préférences sexuelles aussi. Comment leur présenter la chose ? Et comment se remettre en selle soi-même pour affronter l’irruption du passé dans le présent ? Et si le nombre d’ex entre les deux présente un écart considérable, que fait l’autre quand l’un batifole ? Qu’importe, ils s’accrochent. Les ressources de leur imagination sont inépuisables… L’absurdité, dans cette aventure incongrue, prend de dangereuses allures de réel et interroge une relation qu’on croyait sans histoire : la matérialité du couple.

© Hélicotronc & Tripode Productions

© Hélicotronc & Tripode Productions

Entre réalisme et traitement onirique

Le film navigue ainsi entre réalité et fantasme. Filmé au plus près des deux personnages, en très gros plans complices lorsque le scénario les rassemble dans leur lieu d’élection, le lit, il introduit une dimension projective et imaginaire lorsqu’il dresse, sur un mur éclairé comme pour une veillée funèbre, les photos des candidat.e.s de leur ancienne vie à retrouver, sous lesquelles ils inscrivent, comme dans une enquête policière, les avancées de leurs investigations. Leurs nouvelles expérimentations des amours passées apparaissent, elles aussi, sous l’angle d’un univers du sexe fantasmatique, comme une déconnexion de la réalité qu’il vient cependant parasiter. Car la plongée au cœur du désir ne peut être innocente et sans effet. Elle a un prix…

© Hélicotronc & Tripode Productions

© Hélicotronc & Tripode Productions

Une comédie mais pas que…

Si l’on s’amuse beaucoup, avec des comédiens épatants qui ne sacrifient pas seulement au désir de faire rire mais présentent un visage plein d’humanité, on n’en ressent pas moins un trouble qui est celui des choix qui cimentent le couple et des indécisions qui président à nos désirs de famille et/ou de sexe. Ann Sirot et Raphaël Balboni ont fait de l’amour, de la sexualité et de la famille leur thème de prédilection, mené sous différents angles au fil de leurs réalisations : la jalousie, le conflit amoureux, l’arrivée intempestive d’un enfant, la démence d’un proche ponctuaient les « épisodes » précédents. En se penchant sur l’exclusivité sexuelle et la reproduction chez un couple hétéronormatif, ils mettent au pied du berceau la question de la monoculture du schéma familial avec ses interdits et ses mirages. Et comme le mobile au-dessus du lit, elle tourne, tourne, tourne… avec l’idée qu’il existe des solutions possibles.

© Hélicotronc & Tripode Productions

© Hélicotronc & Tripode Productions

Le Syndrome des amours passées - 2023 - Belgique, France - Comédie - 89 min. Sortie en salles le 25 octobre 2023

S Réalisation et scénario Ann Sirot et Raphaël Balboni S Avec Lucie Debay (Sandra), Lazare Gousseau (Rémi), Florence Loiret Caille (Marion), Nora Hamzawi (Julie), Florence Janas (Céline), Ninon Borsei (Justine), Hervé Piron (Stéphane) S Musique originale Julie Roué S Image Jorge Piquer Rodriguez S Son Aline Huber, Agathe Poche, Gilles Benardeau S Montage Sophie Vercruysse, Raphaël Balboni S Assistant réalisateurs Camille Mol S Décors Julien Dubourg S Costumes Frédérick Denis S Maquillage Élodie Lienard S Direction de production Sara Dufossé S Producteurs Julie Esparbes, Delphine Schmit, Guillaume Dreyfus S Production Hélicotronc S Coproduction Tripode Productions S Avec la participation de Centre national du Cinéma et de l’image animée, Canal+, Ciné+, KMBO, Be For Films et Cinémage S Avec le soutien de La Fédération Wallonie Bruxelles, la RTBF, Proximus et BeTV

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