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Arts-chipels.fr

Ash – un portrait en ombre et lumière, une ode inventive à la danse et à la danseuse

Ash – un portrait en ombre et lumière, une ode inventive à la danse et à la danseuse

La scène est sombre, Shantala Shivalingappa se dessine en ombre chinoise sur le fond de scène très éclairé avec des motifs géométriques noirs qui s’animent sur le fond jaune. Un rythme percussif retentit. La danseuse reste longtemps immobile avant de commencer à danser. Shantala Shivalingappa est une danseuse et chorégraphe de danse contemporaine et de Kuchipudi, une danse indienne traditionnelle. Elle est née à Madras mais vit à Paris. Elle est une danseuse maitrisant donc cet art si difficile qu’est le Kuchipudi. Elle a interprété ses chorégraphies dans le monde entier, cherchant à faire évoluer cet art ancestral pour lui donner un souffle contemporain car elle maitrise également la danse contemporaine pour avoir travaillé avec Béjart et Pina Bausch pour ne citer que les plus célèbres. La dance indienne est une danse sacrée, c’est l’expression de la dévotion et la danseuse bouge au rythme des musiciens car sa danse est une cérémonie dans un environnement souvent très épuré. Ainsi, dans ce spectacle, Shantala Shivalingappa nous invite à une cérémonie. On célèbre la danse mais aussi l’interprète. La chorégraphie qu’elle nous présente est à mi-chemin entre le Kuchipudi et la danse contemporaine.

Ash – un portrait en ombre et lumière, une ode inventive à la danse et à la danseuse

Shantala Shivalingappa bouge avec les percussions du compositeur Loïc Schild qui, à un moment du spectacle, se sert aussi de la toile du fond de scène comme une immense percussion. Sa danse est en résonnance avec le rythme percussif mais aussi avec les rythmes graphiques qui s’enchaînent sur la toile en fond de scène dessinant et recomposant l’espace.

Ce spectacle est le troisième volet d’une série de portraits de danseuses entreprit par Aurélien Bory en 2008 pour Stéphanie Fuster.  Puis en 2012, avec son magnifique Plexus pour Kaori Ito, et pour finir cette série, il revient en 2018 avec Ash pour Shantala Shivalingappa.

Son approche et son principe créatif est de partir de l’espace vide pour y créer un dispositif scénique original, sauf peut-être, avec ses portraits de danseuses où il part de l’espace intérieur et de l’univers de ses interprètes et non du vide. Avec Plexus par exemple il avait créé une forêt de 35000 fils. Ici il travaille plus particulièrement sur la symbolique de la cendre et du renouveau. La cendre s’inscrit dans un cycle de mort et de renaissance. C’est ce qui en fait un symbole de la religion hindouiste. Dans le spectacle, toute la partie des cendres, au-delà du symbole est magnifiquement réalisée et interprétée par Shantala Shivalingappa qui dessine au sol sur la toile, une grande spirale qu’elle saupoudre ensuite de farine symbolisant les cendres. Puis elle dessine des cercles avec ses pieds pour ensuite les piétiner en dansant. Lorsque la toile remonte sur le fond de scène, une partie de la farine tombe et reste au sol. Shantala Shivalingappa sort de ce mouvement saupoudrée de blanc. La symbolique poétique de cet instant est très forte.

Ash – un portrait en ombre et lumière, une ode inventive à la danse et à la danseuse

Aurélien Bory après des études de physique et d’acoustique, choisit les arts. Il fonde la Cie 111 en 2000 et depuis il enchaîne les créations les plus improbables. Pour lui, partir de l’espace vide est ce qui l’intéresse le plus car au final il y fait « ce qu’il veut ». Ainsi il parle de son travail en ces termes : « J’aborde le théâtre comme un art de l’espace », « on part d’un plateau nu » … « J’aime composé l’espace à partir du vide ».

Il aime aussi  travailler avec d’autres, la collaboration lui ouvre des perspectives nouvelles à explorer. Chaque spectacle crée une forme nouvelle. C’est la révélation de cette forme à partir du vide qui est son « moteur de recherche » et sa dynamique.

Pour lui, une scénographie est un processus à l’œuvre qui agit sur les corps et sur l’espace. Il installe des dispositifs très présents et très puissants qui sont le moteur du spectacle comme dans son fameux « plan B » avec Phil Soltanoff.  Et pour ce spectacle, cependant, j’ai un léger regret, j’ai le sentiment qu’il n’y avait pas assez d’espace donné à Shantala Shivalingappa. Il me semblait qu’elle était au service du dispositif et non l’inverse.  Elle qui sait si bien remplir un espace scénique sans décor, au milieu de tout cet appareillage, elle semblait si fragile mais avec son magnifique talent elle en a fait un moment magique.

 

Distribution :

Conception, scénographie et mise en scène Aurélien Bory

Avec Shantala Shivalingappa et Loïc Schild (percussions)

Collaboration artistique Taïcyr Fadelµ
Création lumière Arno Veyrat

Composition musicale Joan Cambon
Conception technique décor Pierre Dequivre, Stéphane Chipeaux-Dardé
Costumes Manuela Agnesini avec l’aide de Nathalie Trouvé
Régie générale Arno Veyrat
Régie plateau Thomas Dupeyron
Régie son Stéphane Ley
Assistant création lumière et régie Mallory Duhamel

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