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Arts-chipels.fr

Je suis un lac gelé. Un conte onirique et fantasque pour tout-petits.

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

La frontière entre le réel et l’imaginaire est floue et le passage d’un univers à l’autre naturel chez les tout-petits. C’est le ressort qu’utilise Sophie Merceron pour composer cette fable qui mêle évasion dans les airs et refuge sous les eaux.

Lorsque les enfants pénètrent dans la salle, des coussins ont été disposés en cercles concentriques autour de ce qui ressemble à une caisse recouverte d’un tissu. Sur chaque coussin, un oiseau différent. Au-dessus de l’espace ainsi défini, des oiseaux de papier aux couleurs multicolores, flottent, agités par les déplacements de l’air. À chaque enfant est distribuée une carte sur laquelle apparaît un oiseau. Car c’est d’oiseaux dont il va être question, d’envol et de voyage. De migration et de celui qui reste : un enfant.

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

L’histoire d’un enfant en colère

Göshka a cinq ans. Son costume n’est pas bien reluisant, il est rapiécé de partout parce que Göshka n’est pas riche. Son seul bien c’est Anatol, un petit violon qui ne le quitte jamais et une petite boîte emplie de morceaux de vie, qui contient aussi bien la voix de son père et le rire de sa mère qu’un ongle de doigt de pied, une odeur de cheveux ou le goût de la neige. Göshka est en colère contre sa mère qui ne le laisse pas faire ce qu’il veut, lui impose sans cesse de dire bonjour, de se brosser les dents, d’être comme ci ou comme ça. Il est aussi triste parce que son père est un oiseau migrateur et qu’il les a laissés, sa mère et lui, pendant qu’il parcourt le vaste monde. Il se sent seul, abandonné. Il voudrait que le printemps arrive et ramène avec lui ce père qui lui manque. En attendant, Göshka connaît tous les noms des oiseaux, il peut les reconnaître, à leur plumage ou à leur chant, les énumérer.

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

Une incursion au pays des rêves

Voici qu’une nuit, un être étrange vient lui rendre visite. C’est un petit garçon, disparu dans les eaux gelées du lac. Il s’appelle Milan-sous-la-glace et il est là depuis mille ans. On ne le voit pas mais on entend sa voix. Göshka fait d’abord la tête – « Je parle pas aux fantômes surgelés ! » – avant de devenir peu à peu ami avec Milan et d’échanger avec lui des questions fondamentales : « Est-ce qu’on peut vivre mille ans sous la glace sans s’ennuyer ? Est-ce qu’un instrument de musique peut être amoureux ? Est-ce qu’on peut s’aimer fort, même de loin ? Est-ce que si on aime furieusement sa maman, on a le droit de la manger ? Est-ce que ça a le goût de fromage fondu, une maman ? Est-ce qu’on rit fort, quand on est le maître du monde ? Pourquoi la voisine ressemble à son chien ? »

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

Entre migration des oiseaux et envol de l’imaginaire

Le personnage de Göshka parle, chante, fait de la musique tout en dialoguant avec l’invisible, l’impalpable. Il résonne en phase avec cette faculté qu’ont les très jeunes enfants, accoutumés aux histoires du soir et aux fantômes qui rôdent dans les contes, de passer sans transition du réel à l’imaginaire et d’installer le fantasme dans la réalité. Dans ce monde-là, la glace chante pour annoncer le printemps qui revient, comme le cœur de l’enfant chante dans l’attente du retour de son père. Dans l’envol des oiseaux se dessine la liberté de voguer dans le ciel autant que la perte engendrée par la migration et la séparation. La vision imagée renvoie au réel, mais elle n'établit pas un parallèle direct. Elle n’éclaircit pas mais suggère, laissant au jeune spectateur se frayer son propre chemin, tiré de son expérience personnelle, lui rendant surtout la formidable possibilité d’évasion que comporte le rêve.

Les enfants, silencieux, suspendus au récit, leur carte d’oiseau serrée entre leurs mains, ne disent pas autre chose qu’être entrés de plain-pied, en résonance, avec la fable du petit garçon, de l’homme-oiseau et du garçon-lac gelé. Le reste, c’est à ceux qui les encadrent de le faire émerger, dans les activités qui peuvent naître de la réception du spectacle.

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

Je suis un lac gelé de Sophie Merceron. Commande d’écriture à destination du très jeune public (entre 3 et 6 ans)

S Mise en scène et dispositif scénique Matthieu Roy S Collaboration artistique Johanna Silberstein S Costumes Alex Costantino S Espaces sonores Grégoire Leymarie S Régie générale Thomas Elsendoorn S Avec Iris Parizot, comédienne & altiste, et la voix de Théophile Sclavis S Production Veilleur® S Coproduction Les Plateaux Sauvages (Paris), Théâtre Jean Lurçat - Scène nationale d’Aubusson S Avec le soutien de La Maison Maria Casarès - Centre culturel de rencontre et Maison des Illustres et l’OARA S Veilleur® est conventionné par le Ministère de la Culture (DRAC Nouvelle-Aquitaine) et subventionné par la région Nouvelle-Aquitaine et la ville de Poitiers S Résidences • 10 au 21 octobre 2022 La Maison Maria Casarès, Alloue • 3 au 15 janvier 2023 Les Plateaux Sauvages, Paris S Pour enfants de 3 à 6 ans

TOURNÉE

Création16 au 21 janvier 2023 Les Plateaux Sauvages, 5, rue des Plâtrières, Paris 20e - www.lesplateauxsauvages.fr

du 18 janvier au 4 février 2024 Mercredi 14h30, sam. & dim. 16h. Scolaires les mer.-jeu.-ven. Goûter-spectacle. La Scène Maria Casarès - Poitiers (86)

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