Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Arts-chipels.fr

La Nuit prochaine. Une originalité séduisante et certaine, mais encore en germe.

La Nuit prochaine. Une originalité séduisante et certaine, mais encore en germe.

Il est toujours difficile pour une jeune compagnie qui a connu le succès à ses tout débuts de se hisser au niveau de son premier essai pour faire aussi bien, voire mieux. Plus ramassée autour des actrices et des acteurs, cette nouvelle pièce, pour entraînante et intéressante qu’elle est, ne suscite pas, malgré sa singularité, une adhésion pleine et entière.

Frantz introduisait un jeune garçon en prise avec la mémoire de son père. La Nuit prochaine met en scène une jeune fille qui se sent parfaitement bien mais dont les médecins diagnostiquent la fin prochaine. Mais info ou infox ? En allers-retours successifs, on balance entre vérité et contre-vérité, où l’on voit les médecins se tromper sur l’état de la jeune fille avant de reconnaître s’être trompés en se trompant, et on imagine que la suite pourrait être à l’avenant. En tout cas, c’est le séisme dans la vie auparavant tranquille de la jeune fille dans le contexte survolté d’une société qui s’agite frénétiquement. Maman bobo, séquences ados, amours perturbées, on navigue entre humour et non-sens dans l’aventure de la jeune fille sur qui est tombée la foudre « qui ne tombe qu’une fois sur un million ».

© Yann Boyenval

© Yann Boyenval

Le corps et la voix des acteurs

Par rapport au spectacle précédent, pas d’accessoires à vue pour fabriquer du son mais les sifflements et autres bruitages de caisse enregistreuse ou d’aspirateur produits par les comédiens à la voix. Une partition chorale qui accompagne une conception chorégraphique du mouvement. Elles composent ensemble ce qui fait l’originalité du spectacle : une manière de bouger détachée de l’usage quotidien dans un univers décalé largement inspiré par la simplification des comics et l'univers du mime tel que l'école Jacques Lecocq, d'où les comédiens sont issus, le dispense. Entre espace « réel » et mental d’Ana, la frontière devient fluctuante dans cet univers déjà décalé à la base. Le fantasme s’introduit, les personnages se lancent, s’arrêtent, cassent le mouvement, se déstructurent. Mime et airs de comédie musicale s’interpénètrent dans un ensemble impeccablement mêlé où la gestuelle, volontairement excessive, va de pair avec l’absurdité des situations, entre monde connecté, couples qui partent en quenouille et crâne familier. Néanmoins, question de rythme peut-être, qui mériterait d’être resserré, ou de confusion trop grande entre les gestuelles et traitements scéniques associés à la réalité et à l’imaginaire, on ressort avec une impression diffuse de mélange, d’amalgame qui place tout au même niveau. Cependant, il faut saluer la difficulté de l’exercice de style ici proposé. Le caractère très expérimental de ce « théâtre physique et choral » en fait un OTNI, un objet théâtral non identifié, qui mérite qu’on s’y arrête.

© Yann Boyenval

© Yann Boyenval

La Nuit prochaine

S Texte et mise en scène Marc Granier S Direction musicale Paul Ménage S Avec Johannes Johnström, Suel Lee, Chloé Louis, Sami Morri, Ivet Sanz Vicente S Durée 1h15 S À partir de 11 ans

Du 27 novembre au 20 décembre 2022, du dimanche au mardi, à 21h

Les Déchargeurs – 3, rue des Déchargeurs, 75001 Paris

01 42 36 00 50 www.lesdechargeurs.fr

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article