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Vittorio Forte : Beethoven et Bach en boucle méridionale pour l’été

Vittorio Forte : Beethoven et Bach en boucle méridionale pour l’été

Beethoven faisait partie des points de passage obligés en matière de musique en l’an 2020. Vittorio Forte sacrifie à la nécessité ambiante en la détournant, comme il en est coutumier. Il rend aussi hommage aux musiciens qui inspirèrent les immenses compositeurs que furent Mozart et Beethoven : la famille Bach.

Le Destin a-t-il encore une fois frappé à la porte ? On pourrait le croire en ce qui concerne Beethoven. La coincidence du 250e anniversaire de sa naissance et de l’expansion de la pandémie, qui a terrassé et terrasse encore le monde, a quelque peu réduit la multitude d’hommages prévus pour le célébrer. Il reste heureusement quelques concerts pour entendre ces morceaux qu’on connaît par cœur et qu’on fredonne dans le silence de la nuit ou pour découvrir une partie moins connue de son œuvre pianistique.

Autour de Beethoven et avec lui

Vittorio Forte, à sa manière, nous replonge dans l’histoire de la musique dans laquelle s’inscrit Beethoven. En reliant l’œuvre du compositeur aux pages musicales d’autres musiciens qui entretiennent avec l’œuvre du maître un lien, une forme de parenté, il nous raconte l’histoire de cette évolution musicale qui s’écarte du baroque pour emprunter les routes du classicisme et du romantisme naissant. Il nous rappelle aussi que, si l’histoire a marginalisé certains de ces compositeurs, il n’en fut pas de même en leur temps. Il met à son programme Muzio Clementi que Beethoven appréciait particulièrement, ou Carl Philipp Emanuel Bach, son prédécesseur et guide incontournable en matière de technique pour le clavier – il explora les questions de doigté, d’ornementation et d’interprétation de cet instrument naissant qui deviendra le piano d’aujourd’hui. Au-delà de la simple référence à des pages négligées ou oubliées, il nous donne en particulier à entendre la délicatesse et la richesse ornementales de la musique du fils de Jean-Sébastien Bach en même temps que son sens des ruptures dont les accents préromantiques étonnent parfois et séduisent.

Bach de père en fils

Vittorio Forte présente également une journée Bach dans le cadre du Festival international de piano de la Roque d’Anthéron. De Jean-Sébastien à Jean-Chrétien (devenu John dans sa carrière anglaise) en passant par Carl Philipp Emanuel, ce sont trois membres de la famille – le père et deux de ses fils – qui sont placés sur le devant de la scène. Pour Vittorio Forte, n’est-ce pas une manière de dire, une fois encore, qu’autour d’un génie, vraisemblablement dictatorial et à coup sûr très critique vis-à-vis de sa progéniture, le monde a continué de tourner, la musique d’évoluer et que ces enfants entretiennent avec leur père une relation complexe ? Ils n’en ont pas moins existé fortement en leur temps et occupé, le premier le terrain allemand, le second l’Italie et l’Angleterre. En faisant alterner l’œuvre du père et quelques extraits de celles de sa progéniture, il rappelle qu’à eux trois, et avec leurs écarts de générations – Carl Philipp est le deuxième fils survivant du compositeur et Jean-Chrétien son « fort sot » dernier fils – ils forment une page de l’histoire de la musique et incarnent la quintessence du baroque, le classicisme et les évolutions qui mènent aux tourments du Sturm und Drang et à la rupture avec l’héritage musical de l’Allemagne du Nord au profit d’une musique plus brillante, plus sensuelle et légère. N’en demeure pas moins omniprésente l’écrasante mais non moins magnifique œuvre du père qui a nourri, sans que la référence lui ait été faite parfois, la musique de ses successeurs qui ont repris à leur compte l’art de la fugue comme celui du contrepoint. Le programme choisi laisse augurer qu’on n’entendra pas que des accents baroques dans la musique de Jean-Sébastien Bach. La gravité, la tristesse et le sentiment d’urgence qui émergent dans la Chaconne adaptée au XIXe siècle par Ferrucio Busoni nous parlent d’un ailleurs différent du tressage mathématique et contrapuntique sans cesse renouvelé des combinaisons musicales. Bach nous raconte aussi que la complexité d’une musique savante peut faire naître des états d’âme. Cela, Vittorio Forte excelle toujours à le traduire…

Vittorio Forte

Au château d’Alba-la-Romaine (Ardèche) le jeudi 23 juillet à 20h

Carl Philipp Emanuel Bach, Beethoven, Muzio Clementi

Au Festival de la Roque d’Anthéron (Bouches-du-Rhône) le mercredi 12 août à 10h

Journée Bach : Jean-Sébastien Bach et ses enfants, Carl Philipp Emanuel et Jean-Chrétien

Jean-Sébastien Bach : Partita n°1 en si bémol majeur BWV 825

Bach/Kempff – Choral-prélude « Wachet auf, ruft uns die Stimme », d’après la Cantate BWV 140 (« Cantate du veilleur ») et – Sicilienne en sol mineur, extrait de la Sonate pour flûte n°2 BWV 1031

Bach/Busoni - Chaconne de la Partita n°2 en ré mineur BWV 1004

Carl Philipp Emanuel Bach : Fantaisie en fa majeur Wq59/5 et Rondo en la mineur Wq 56/5

Johann Christian Bach : Sonate en la majeur op. 17 n°5

Et un disque consacré à Carl Philipp Emanuel Bach : Abschied

 

Vittorio Forte : Beethoven et Bach en boucle méridionale pour l’été
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