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Arts-chipels.fr

Eva Oertl et Vesselin Stanev : la rareté délicate d’un duo de flûte et de piano

Eva Oertl et Vesselin Stanev : la rareté délicate d’un duo de flûte et de piano

Eva Oertl et Vesselin Stanev se produisent en duo depuis 2008. Plus de dix années de collaboration artistique et une complicité parfaite qui se ressent dans leur interprétation.

Il n’est pas si fréquent d’entendre des duos de flûte et de piano, aussi parce que les pièces composées pour ces deux instruments ne sont pas légion. Raison de plus pour découvrir ce duo et les pièces qu’il propose, parfois reprises à des morceaux pour d’autres instruments, pour la voix comme le Chant de la sirène (The Mermaid’s Song) de Joseph Haydn ou le lied Am See de Schubert, entre autres, ou du violon tels la Sonate opus 4 en fa mineur de Mendelssohn ou la Sonate en mi mineur K 304 de Mozart. Il n’est pas indifférent d’assimiler le souffle de la flûte à la voix humaine ou au violon qui lui-même renvoie à cette même voix.

Eva Oertl et Vesselin Stanev : la rareté délicate d’un duo de flûte et de piano

Un espace de découvertes

Le concert offre l’occasion d’explorer des territoires de la musique peu connus, voire même inconnus. C’est le cas pour la musique de Franz Xaver Mozart, rejeton de son génial père. Né cinq mois avant le décès de Wolfgang Amadeus, il montra de précoces dispositions pour la musique qu’encouragea sa mère, Constance. Mais sa carrière fut entravée par le parallèle établi en permanence avec son père. On redécouvre depuis quelques années la couleur particulière de sa musique, qui annonce le romantisme. Quant à Carl Reinecke, contemporain de Liszt ou Schumann, lui aussi enfant prodige de la musique soutenu par Mendelssohn, il aura comme élèves à Leipzig Grieg, Janácek, Albéniz ou Max Bruch. Avec le thème éminemment romantique d’Ondine (Undina), il reprend un thème conté maintes fois par les récits mythologiques : celle d’un être divin qui se fait humain pour connaître l’amour humain avec, comme l’on sait, des issues toujours tragiques. Ondine, fille du roi de la mer, évolue dans la liquidité fluide du monde marin (1er mouvement). Pour devenir humaine, elle devient enfant libre et joueuse (2e mouvement) adoptée par un couple de pêcheurs. Vient à passer un beau cavalier et c’est le coup de foudre (3e mouvement). Mais l’ancienne fiancée de celui-ci revient à la charge. Ondine, délaissée, devra, conformément à l’engagement pris, tuer son amour d’un baiser mortel et s’en retournera à l’eau dont elle est issue (dernier mouvement).

Eva Oertl et Vesselin Stanev : la rareté délicate d’un duo de flûte et de piano

Les tourments de l’âme

Les sirènes et les créatures marines et légendaires peuplent ce parcours éminemment romantique. Elles invitent le promeneur solitaire à les suivre, l’appellent à oublier sa condition humaine pour partager leur destin au sein des eaux profondes d’où l’on ne revient pas. L’élégie est partout présente : dans la Sonate en fa mineur op. 4 de Mendelssohn comme dans la Sonate en mi mineur K 304 de Wolfgang Amadeus Mozart, composée à Paris en 1778 au moment où le compositeur porte le deuil de sa mère, une pièce où se ressent l’influence du mouvement Sturm und Drang, qui substitue à l’esprit éclairé des Lumières le clair-obscur et la douleur, et les mouvements désordonnés de la passion annonçant le romantisme. Dans cet océan des états de l’âme, Eve Oertle et Vesselin Stanev naviguent comme poissons dans l’eau. Elle avec sa finesse d’interprétation et son engagement du corps entier dans les sons qu’elle extrait de sa flûte traversière, lui avec cette aisance virtuose qui fait sa marque de fabrique, une virtuosité habitée qui exprime par le menu les infinies nuances de la composition, l’émergence du presque rien qui fait toute la différence et l’amour qu’on porte à la musique. Dans un accord parfait dans l’intensité respective de leurs partitions, dans leur complémentarité comme dans le rythme imprimé à la musique, attentifs l’un à l’autre, ils nous offrent un voyage modulé et rêveur, ondoyant et plein d’émotion.

Eva Oertl et Vesselin Stanev : la rareté délicate d’un duo de flûte et de piano

Eva Oertl (flûte) et Vesselin Stanev (piano)

PROCHAINS CONCERTS

23 Septembre, Genève, Salle Centrale de la Madeleine, 20 h (Vesselin Stanev)

1er Octobre, Lyon, Palais de la Mutualité, 20 h (Eva Oertle/Vesselin Stanev)

8 Octobre, Grenoble, Salle Olivier Messiaen, 20 h (Vesselin Stanev)

15 Novembre, Marseille, Théâtre du Gymnase, 20 h (Eva Oertle/Vesselin Stanev)

16 Novembre, Nice, Acropolis, Salle Athéna, 20 h (Eva Oertle/Vesselin Stanev)

9 Decembre, Montpellier, Le Corum, Salle Pasteur, 20 h (Vesselin Stanev)

11 Decembre, Bordeaux, Théâtre Femina, 20 h (Vesselin Stanev)

 

Enregistrement Sony Classics

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