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Arts-chipels.fr

L’avaleur d’après Other People’s money de Jerry Sterner

L’avaleur d’après Other People’s money de Jerry Sterner

Robin Renucci, dans la continuïté du Faiseur d’Honoré Balzac, qui racontait les débuts de la spéculation et du capitalisme,  met en scène la pièce de Jerry Sterner, qui elle, est une  satire contemporaine du processus d’OPA hostiles.

Ce récit illustre les relations plutôt conflictuelles et sanguinaires qui existent entre la finance actuelle et l’industrie. On assiste au combat  car c’est une mise à mort, entre Franck Kafaim, « l’avaleur », trader à la City de Londres, génie du rachat d’entreprises, interprété avec beaucoup d’humour et de cynisme par Xavier Gallais et une entreprise « familiale » le « Câble français » de Cherbourg. Le pdg de cette entreprise interprété par Jean Marie Winling et son assistante jouée par Nadine Darmon, des gens plus âgés, représentent le patronat paternaliste français arrimés à leurs valeurs rétrogrades et passéistes du siècle dernier mais qui malgré tout prenaient tant soit peu en compte les salariés dans leur modèle économique. Alors que la finance néolibérale contemporaine débridée ne voit que le profit immédiat au détriment de tout le  reste.

Ainsi, le spectateur est placé face à ces deux camps, comme dans un ring de boxe. Qui va emporter la partie ? La scénographie de Samuel Poncet et les lumières de Julie-Lola Lanteri-Cravet mettent en évidence ce duel et découpe la scène systématiquement selon les antagonistes. D’un côté de la scène, on est à Cherbourg avec un fauteuil, une table et une lampe et de l’autre, on est à Londres, toujours représenté par un fauteuil, sans aucune ambiguïté. On voudrait se positionner,  prendre parti mais chaque camp représente un pan du capitaliste l’un passéiste et l’autre sanguinaire. On est en deçà de la morale, et si je reprends les mots de Robin Renucci : on est dans  un projet éminemment politique.

« C’est de la politique active qui œuvre à ce que les citoyens aient davantage de discernement, davantage d’esprit critique, davantage la capacité de prendre la parole. Je m’adresse aux 60% de gens qui sont souvent délaissés - et alors tentés par les extrémismes. On va là où l’on vote Front national, on travaille avec les gens. Ce dont ils ont besoin, ce n’est pas de leur apporter des solutions, mais d’humanité, qu’on les écoute, qu’on les aide à s’exprimer sans les juger, sans évaluation. Ils savent faire le tri entre ce qui les rabaisse et ce qui les grandit… »

C’est une comédie satirique drôle et enlevée, que le jeu théâtral de tous les acteurs Nadine Darmon, Xavier Gallais , Jean-Marie Winling que j’ai déjà cités mais aussi Robin Renucci qui joue le directeur général et Maryline Fontaine la jeune avocate accentue subtilement. On rit du cynisme de l’Avaleur et de la naîveté du Pdg. C’est aussi une fable acerbe sur la nature humaine et ses compromissions,   ses petits arrangements avec la morale et l’honneur pour mieux servir son confort et son individualisme dans ce monde de plus en plus insécurisant. 

Au final c’est aussi un questionnement sur nous-même , que ferions-nous ? De quel camp serions-nous le plus proche ? Car il y en a plus de deux au final et le choix n’est pas si simple car la complexité humaine est loin d’être binaire.

A voir à la Maison des Métallos du 31 janvier  au  18 février

 

 

 

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