Heka - Tout n’est que faux semblants. Jeux de mains et de balles

Entre magie et jongleries, les sept artistes de Gandini Juggling enchantent le public sous la houlette de Sean Gandini et Kati Ylä-Hokkala. Une création promise à une longue tournée.

La magie du jonglage

Heka est le dieu égyptien de la magie et de la médecine. Quant au jonglage, on en trouve la première représentation dans une sépulture de Haute-Égypte, sous forme de trois femmes échangeant des balles. D’où l’idée de la compagnie londonienne de placer ses jongleries sous les auspices du maître des illusions, Yann Frisch. On ne verra pas, sur scène, le virtuose de la nouvelle magie mais on reconnaît ses tours, dans la première partie, inspirés de Baltass, un numéro sur table proche du jonglage. Assise derrière une longue planche, une jeune femme joue des bras et des jambes pour faire apparaître et disparaître des balles. Ses bras s’allongent indéfiniment, ses mains se multiplient... Puis ses partenaires la rejoignent, pour un ballet incessant : boules rouges et blanches, avalées ou subtilisées pour resurgir chez le voisin ou la voisine.

Le maître des cérémonies, Sean Gandini, de rouge vêtu, puis de blanc, parmi ses partenaires en costume noir, vient présenter sa troupe cosmopolite : deux Finlandais, un Éthiopien, une Taïwanaise, etc. Lui-même, anglo-italien, ponctue des numéros de devises empruntés à de grands prestidigitateurs dont Henning Nelms. « La magie doit être efficace, spectaculaire et  divertissante », scandent les circassiens en manipulant balles et anneaux au rythme des percussions.

La deuxième moitié de la pièce repose sur les effets de lumière et une chorégraphie fluide, jouant sur l’apparition, la disparition ou le démantèlement des corps, des objets, des costumes... Des tours à la manière du performeur finlandais Kalle Nio, deuxième « consultant magie » du spectacle. Une débauche d’éclairages irisés, de noirs et de clairs-obscurs, orchestre une partie de cache-cache déjantée entre les artistes.

L’art du mentir vrai

« Faire ce qu’on ne dit pas, dire ce qu’on ne fait pas, ne pas faire ce qu’on dit, ne pas dire ce qu’on fait » ou « Do what you don’t say, say what you don’t do, don’t do what you say, don’t say what you do », telle est la recette délivrée par Sean Gandini. Monsieur Loyal aux allures lunaires, il nous rappelle en passant que, pour Pablo Picasso : « Tout l’art est un mensonge qui révèle la vérité ».

Et, mine de rien, Heka, est un contre-exemple du rôle subalterne des femmes dans le monde de la magie traditionnelle. Elles furent longtemps les aimables assistantes d’un tout-puissant maestro, souvent vouées à être sciées en deux ou décapitées en public. Ici magiciennes, jongleuses et acrobates sont majoritaires, et les costumes sont bisexués : jupes et porte-chaussettes pour tous.

Depuis 1992, de spectacle en spectacle, les Gandini explorent l’art de la jonglerie, aux croisements d’autres disciplines. Après s’être inspirés de la danse post-moderne américaine (Life A Love Letter To Merce Cunningham) ou de Pina Bausch (Smashed), ils réinventent avec bonhomie l’art de berner, sans pousser trop loin la supercherie. Pas d’effets mirobolants, ni d’esbroufe. Juste un brin de merveilleux pour enchanter le jeune public. Les adultes, eux, pourront méditer la belle formule de Robert Houdin : « Le magicien est un acteur qui joue le rôle de magicien ».

Heka 
S Mise en scène Sean Gandini et Kati Ylä-Hokkala S Consultants magie Yann Frisch, Kalle Nio S Lumières Guy Hoare S Costumes Georgina Spencer S Musique originale Andy Cowton S Technique Guy Dickens S Jongleurs Kate Boschetti, Sean Gandini, Tedros Girmaye, Kim Huynh, Sakari Männistö, Yu-Hsien Wu, Kati Ylä-Hokkala S Production Gandini Juggling S Coproduction La Maison des Jonglages, La Courneuve – Mime London – Théâtre d’Orléans, scène nationale S Résidences de création La Batoude, Beauvais – La Garance, Cavaillon – The Place, Londres – The Point, Eastleigh (GB) – 101 Outdoor Arts, National Centre for Arts in Public Space (GB) S Durée 1 heure S Dès 6 ans
Le 10 décembre 2024, création à la Garance, Scène nationale de Cavaillon
Du 21  au 29 décembre 2024, Théâtre de la ville, les Abbesses Paris 18^e
TOURNÉE
9 au 11 janvier 2025 à la Scène nationale d’Orléans
20 et 21 janvier 2025 au Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
22 janvier 2025 au Théâtre Sémaphore, Port-de-Bouc
24 et 25 janvier 2025 au Pôle, Le Revest-les-Eaux
1^er mars 2025 à L’Archipel, Fouesnant
11 mars 2025 au Rive Gauche, Saint-Étienne-du-Rouvray
15 mars 2025 au Centre Culturel de la Hague, dans le cadre du Festival Spring
1^er avril 2025 à la Scène nationale 61, Alençon
4 avril 2025 au Théâtre des Cordeliers, Romans-sur-Isère
8 avril 2025 au Théâtre Le Vellein, scènes de la CAPI, Villefontaine
9 et 10 avril 2025 à l’Hexagone, Meylan
11 avril 2025 au Théâtre Les Quinconces, Vals-les-Bains
12 avril 2025 au Théâtre des Cordeliers, Annonay
15 avril 2025 à La Mouche, Saint-Genis-Laval
17 avril 2025 à l’Espace Chambon / Théâtre de Cusset
22 avril 2025 au Théâtre Juliobona, Lillebonne
3 mai 2025 à La Coupole, Saint-Louis
16 mai 2025 au Théâtre Cinéma, Fontenay-le-Fleury
22 mai 2025 au Dôme, Pontoise
23 mai 2025 au Centre Culturel Jacques Prévert, Villeparisis
27 et 28 mai 2025 à La Comète, Scène nationale, Châlons-en-Champagne
30 mai 2025 au Théâtre municipal de Charleville-Mézières