8 Novembre 2021
Dans la foret lointaine… Loup y es-tu ? Ces quelques contines enfantines auxquelles la bande son fait quelques allusions d’ailleurs, ont bercé mon enfance et celle de mes enfants, et elles pourraient être le sous-titre de ce spectacle.
L’artiste, Etienne Saglio, nous entraîne dans un espace fantastique, dans une forêt lointaine (sic), envoûtée, envoûtante avec des vrais animaux et des incarnations tel le renard qui est d’une espièglerie cocasse. On a la collaboration d’un vrai rat et d’un loup qui jouent parfaitement leurs rôles. Et puis il y a aussi un géant, magnifiquement rendu. Les objets également s’animent et jouent des tours comme le carrelage au sol, gigantesque damier qui se transforme en forêt, comme le placard qui comme tous les placards (c’est bien connu) se transforme en une porte magique derrière laquelle il se passe des choses… Et puis une plante verte qui sort de son pot pour retourner en forêt. On est dans un monde fantasmagorique, un pays des merveilles, un pays magique !
La forêt incarnation mythologique de nos peurs ancestrales, échappatoire de l’imaginaire
Étienne Saglio présente sa création ainsi : « Ce spectacle est une forme de conte. Une quête initiatique pleine de symboles et d’épreuves. Comme toujours dans mon travail, je mélange des choses très personnelles à des mythes qui peuplent l’imaginaire collectif... Les forêts qui nous peuplent... »
On oscille tout le long du spectacle entre le fantasme de la forêt sécurisante avec les chants d’oiseaux et les rayons du soleil filtrés et bienfaisant et la forêt mythologique, enchantée et effrayante quand vient la nuit avec ces zones d’ombre, ces habitants mystérieux et encore plus quand l’orage gronde… C’est aussi l’histoire du placard qui renferme on ne sait quoi d’indicible et d’effrayant. C’est Le loup du conte qui finalement n’est pas si méchant. Bref c’est une plongée dans la fantasmagorie des contes pour enfants avec l’accent mis sur la dimension magique de ces transformations. On est dans un jeu multiple où nos yeux nous jouent des tours ou nos certitudes s’avèrent hésitantes et souvent fausses, où ce que l’on prenait pour acquis tout à coup n’est plus du tout ce que l’on croyait.
La forêt comme symbole environnemental également, comme retour à la source, retour aux éléments essentiels et primaires, retour aux choses simples, à la vie « d’avant » avec l’image de la chaleur rassurante du feu le soir au fond des bois.
La magie nouvelle versus la magie traditionnelle
Etienne Saglio joue sur nos sens, sur la représentation qu’ils nous donnent du réel. C’est un spectacle de magie où la poésie a remplacé l’incontournable chapeau noir dans lequel apparaît et disparaît moultes lapins et autres colombes. Etienne Saglio avec ce spectacle confirme son appartenance à la magie nouvelle. Avec un sens du mystère indéniable, il crée des images poétiques tirées de nos imaginaires enfantins et de son propre univers.
La magie nouvelle se différencie de son ainée en revendiquant une dimension dramaturgique et poétique. Les instruments de l’illusion sont complètement différents et ne jouent pas sur les mêmes registres. Avec des jeux de lumière, de miroirs, d'hologrammes, mais aussi des caméras, des vidéoprojecteurs et de la psychologie, la magie nouvelle travaille sur les rythmes visuels, les couleurs, la symbolique des gestes, le côté « mentaliste » pour nous faire perdre nos repères et nous emmener dans un monde fantasmagorique où notre perception du monde est complètement chamboulée.
Une équipe de talents au service du spectacle.
Il faut rendre hommage à l’ensemble de l’équipe dont la collaboration a permis l’avènement de cette création. Plus particulièrement le travail de Valentine Loseau, magicienne, dramaturge et anthropologue et Raphaël Navarro, jongleur, magicien et metteur en scène qui travaillent également tous les deux dans le champ de la magie nouvelle avec la création de différents spectacles sans oublier le talentueux scénographe Benjamin Gabrié dont j’avais déjà apprécié le travail dans la création de Simon Bourgade et Camille Bernon, Change Me.
A noter également la création musicale de Madeleine Cazenave qui accompagne magnifiquement et participent pleinement aux ambiances étranges et fantastiques de ce spectacle.
Et puis bien sûr l’interprétation des comédiens et comédiennes qui grâce à leur talent nous immergent dans ce monde d’émotions et de poésie. Un moment magique à partager en famille.
Au théâtre du Rond Point
3 – 20 NOVEMBRE 2021, 20H30
Distribution
Création et interprétation : Etienne Saglio
Et avec : Bastien Lambert
En alternance avec : Murielle Martinelli
Et avec : Guillaume Delaunay, Émile, Boston
Dramaturgie et regard extérieur : Valentine Loseau
Regard extérieur : Raphaël Navarro
Scénographie : Benjamin Gabrié
Musique : Madeleine Cazenave
Création et régie lumière : Alexandre Dujardin
Création sonore et régie son : Thomas Watteau
Conception machinerie et régie plateau : Simon Maurice, Jérémie Quintin
Régie générale et régie plateau : Yohann Nayet
Régie plateau : Louise Bouchicot
Conception et régie vidéo : Camille Cotineau
Création informatique : Tom Magnier
Régie informatique : Nicolas Guichard, Thibaut Champagne
Jeu d’acteur : Albin Warette
Costumes : Anna Le Reun
Coachs animalier : Félix Tréguy, Pascal Tréguy
Logistique de tournée : Pauline Bleher
Direction de production, administration et diffusion : Ay-Roop