12 Novembre 2020
Le choc du reconfinement commence à laisser la place, à nouveau, à des propositions culturelles et artistiques diverses. Echappées belles vers quelques-unes, en ordre dispersé.
L’annonce triomphale de la découverte d’un vaccin par les laboratoires Pfizer a été douchée tout aussitôt par les réserves mises : pas seulement sur les phases de test, pas plus sur la surenchère que lui font les Russes qui annoncent un taux de réussite record (92%), mais surtout sur les conditions de conservation du vaccin, très contraignantes. Pour conserver leur efficacité les vaccins à ARNm comme celui proposé doivent être stockés dans des frigos à – 80° C. Une paille… qui nous obligerait tous à faire la queue dans des hôpitaux déjà surchargés et en sous-effectif, avec une capacité de surgélation dont on ignore le potentiel compte tenu du nombre de doses qu’il faudrait produire. Bref, on n’est pas près de se débarrasser de la boule de poils qui nous reste coincée en travers de la gorge et nous pèse sur la poitrine… En attendant, on fait comme si que… début décembre, on sera libre de faire du shopping et de se refaire quelques petits clusters pour le début de l’année suivante. Alors, oublions un moment ces triviales considérations matérielles pour nous élever l’âme et l’esprit…
Le sens de la laïcité en France en 2020
Parmi les débats qui ont animé le Landerneau médiatique ces derniers temps, celui sur la laïcité et sur sa nature – et culture. Voici un point de vue intéressant fourni par Telos, un centre de réflexion qui rassemble des économistes, des politologues, des juristes, des sociologues français et étrangers. Ni naïf ou béni oui-oui, ni partisan, mais ferme, le texte de Dominique Schnapper, directrice d’études à l’EHESS (retraitée) et ancienne membre du conseil constitutionnel, appelle, sans outrance ni simplification, à ne pas céder à la sirène illusoire et fausse d’une vision « ouverte » de la démocratie qui se ferait permissive vis-à-vis de valeurs qui vont à l’encontre des valeurs républicaines et laïques de la société française. Elle met aussi le doigt sur les faux-semblants qui polluent le débat actuel sur la loi de 1905, l’islamisme, l’islam et la laïcité. https://www.telos-eu.com/fr/societe/le-sens-de-la-laicite-en-france-en-2020.html
THEÂTRE & DANSE
Des femmes artificielles pour remplacer les femmes : Rabudôru, poupée d'amour
On connaissait les tamagotchi, ces animaux de compagnie virtuels créés par la société japonaise Bandai, que les jeunes filles devaient soigner afin qu’ils vivent le plus longtemps possible. On les avait différenciés sexuellement dans des versions ultérieures afin qu’ils puissent se marier. A Nagoro, un village du Japon complètement dépeuplé, les habitants avaient installé des poupées de chiffon pour recréer une apparence de vie. Place maintenant à la poupée de compagnie, créée pour le bon plaisir des mâles. Tel est le thème de la pièce, écrite et mise en scène par Olivier Lopez. Elle s’intéresse à l’arrivée des love-dolls dans nos sociétés.« Dans une entreprise en crise de croissance, déclare l’auteur à propos de l’histoire, la direction propose à ses employé·e·s de se diversifier et de s’engager dans la production de poupées de réconfort pour adulte. Des salarié·e·s se mobilisent et contestent cette perspective. Des inquiétudes légitimes se posent quant à la possibilité que ces femmes-objets bouleversent les équilibres sociétaux et rétrogradent la condition des femmes. D’autres mettent en avant l’activité générée par ces poupées et les possibilités quasi thérapeutiques qu’elles laissent entrevoir.
La pièce explore, par le prisme de l’intimité du couple et de la famille, les conséquences émotionnelles et politiques de notre capacité à porter une dimension affective aux objets qui nous entourent. »
Pendant la représentation, une version cinématographique est réalisée et montée en direct. Le « ciné live stream » est un autre regard sur l’histoire de Nora et Thierry. Accessible en ligne, cette « dématérialisation » interroge l’expérience théâtrale, la place du·de la comédien·ne, entre l’image et le plateau.
Accès au ciné live stream : www.comediedecaen.com, www.lacitetheatre.org, ou sur demande
Rabudôru, poupée d'amour Écriture et mise en scène : Olivier Lopez
Avec : Alexandre Chatelin, Laura Deforge, Didier de Neck et David Jonquières
Collaboration dramaturgique : Julie Lerat-Gersant. Assistante à la mise en scène : Lisa-Marion McGlue. Création lumière : Louis Sady. Création sonore : Nicolas Tritschler. Régie son - stream : Pierre Blin. Cadrage et réalisation vidéo - stream : Jonathan Perrut. Régie vidéo : Olivier Poulard. Cadrage et régie plateau : Simon Ottavi. Costumes : Angela Séraline et Carmen Bagoé (Atelier Séraline). Décors et accessoires : Luis Enrique Gomez
Durée : environ 1h20. A partir de 12 ans (14 ans en scolaire)
Du 11 au 14 novembre - Comédie de Caen / CDN de Caen Normandie (14) / et en ciné live stream
17 mars - Kinneksbond / Centre Culturel, à Mamer (Luxembourg) / et en ciné live stream
30 mars - l’Archipel / Scène conventionnée de Granville (50)
1er avril - DSN / Scène nationale de Dieppe (76)
8 avril - Théâtre des Halles / Scène d’Avignon (84)
14 avril - Halle ô Grains / Saison culturelle de la Ville de Bayeux (14)
16 avril - Saison culturelle de Merville Franceville (14)
juillet - Festival OFF d'Avignon, Théâtre des Halles / Scène d'Avignon (84)
Danse à l’Opéra de Paris le vendredi 13 novembre
A partir de 20 h, découvrez en avant-première trois créations imaginées pour le programme de ballets contemporains Créer aujourd’hui, en direct de l’Opéra de Paris. Au programme : SExposure de Sidi Larbi Cherkaoui, sur une musique de Woodkid ; SClouds Inside de Tess Voelker, sur une musique de Nick Drake ; SEt si de Mehdi Kerkouche, sur une musique de Guillaume Alric (tarif 4,49€ sur les pages Facebook du Ballet de l’Opéra de Paris et de l’Opéra de Paris ce vendredi 13 novembre à partir de 20h, puis en replay pendant 48h). Il sera prochainement diffusé dans son ensemble sur France Télévision.
BEAUX-ARTS
Centre Georges-Pompidou, plongez en ligne dans les activités du Centre
Le Centre Georges-Pompidou propose en ligne une exploration de ses collections à travers 20 chefs d’œuvre et des podcasts sous forme de conversation entre une journaliste et un(e) conférencier(e), et une websérie ludique et instructive réalisée en collaboration avec TV5, Quèsaco, qu’est-ce que c’est, qui retrace l’histoire d’œuvres emblématiques du musée. Sur un ton décalé et drôle, Quèsaco tente de répondre en deux minutes aux questions qu’on se pose devant une peinture. Au programme de la saison 2 : Martial Raysse, Made in Japan – la grande odalisque ; Marc Chagall, les Mariés de la Tour Eiffel ; Frida Kahlo, The Frame ; Robert Delaunay, Manège de cochons ; Fernand Léger, Composition à la main et aux chapeaux ; Vassily Kandinsky, Mit dem schwarzen Bogen (Avec l’arc noir).
A découvrir également : la première exposition virtuelle consacrée aux trois Bleus de Joan Miró. Une nouvelle lecture est proposée pour tout comprendre de l’importance des trois œuvres dans l’histoire de l’art moderne et contemporain. La technologie, utilisée ici est celle des jeux vidéos en 3D en réalité virtuelle. Elle permet un déplacement totalement libre, sans la contrainte d’une visite d’exposition numérique généralement limitée à des vues à 360°. On peut aussi visionner les vidéos réalisées par le Centre à l’occasion d’une expérience de street art qui s’est déroulée à l’été 2020. 6 murs, 6 artistes, réalisé en partenariat avec l’association le M.U.R. Tout au long du mois de juillet, des ateliers artistiques ont été proposés à des structures travaillant avec des jeunes ou luttant contre la précarité. Cette expérience a permis d’offrir à des publics parfois fragilisés une expérience créative avec un artiste dans le domaine du collage, du graff, de la sculpture, de la peinture. Des jeux et des activités sont aussi proposées aux enfants et aux adultes. Côté cinéma et spectacles, on y trouvera une collection de films réalisés par les cinéastes invités du Centre Pompidou, des visites dans les coulisses des spectacles, des masterclasses. Et bien d’autres choses encore… https://www.centrepompidou.fr/
Le Grand Palais pour tous
Pendant cette période difficile, le Grand Palais continue de proposer au public de s’évader, d’apprendre et de dialoguer avec l’art. Un nouveau rendez-vous hebdomadaire, le Grand Palais pour tous, est disponible sur le site internet du Grand Palais (https://www.grandpalais.fr/fr) et ses réseaux sociaux : de la lecture, de la vidéo, de l’audio, pour découvrir l’histoire de l’art, seul ou en famille, de manière créative, artistique et ludique.
Chaque lundi le sommaire du magazine du Grand Palais pour tous sera publié avec les actualités de la semaine : S Des «best of expos» pour continuer à partager les événements passés et à venir S Des publications jeunesse les mercredis et les week-end S Des rendez-vous en live tous les jeudis avec des invités, experts et artistes S Des contenus pédagogiques pour aller plus loin et analyser des œuvres d’art.
Ce qu’on peut voir aujourd’hui
S Noir & Blanc sur la toile, un film sur le thème : « Les artistes du noir et blanc d’hier et d’aujourd’hui » Partie intégrante du parcours de l’exposition, ce film de 15 minutes proposé exceptionnellement en ligne réunit les témoignages des photographes William Klein, Man Ray, Edouard Boubat, Valérie Belin, Israël Arino, et des tireurs Isabelle Menu et Boris Gayrard. Sur https://www.grandpalais.fr/fr/article/les-artistes-du-noir-et-blanc-dhier-et-daujourdhui
S Un live Instagram avec Dimitri Beck le 19 novembre à 12h. Directeur de la photographie de Polka, il évoquera l’intemporalité de la photographie en noir et blanc et réagira à certains tirages de son choix présents dans l’exposition.
S Un concours Instagram en partenariat avec Fisheye le 23 novembre 2020. Un concours photo Instagram ouvert à tous sur le thème « ombres et lumières ».
S Un filtre Instagram crée par Inès Longevial. La Rmn - Grand Palais a collaboré avec l’artiste-peintre pour créer, à l’occasion de l’exposition, des masques animés en noir et blanc, en réalité augmentée, à utiliser dans des stories Instagram – disponible depuis le compte Instagram du Grand Palais et celui d’Inès Longevial @le_grand_palais et @ineslongevial.
S Une frise chronologique interactive où le jeune public et toute la famille retrouveront l’histoire de la photographie (https://www.grandpalais.fr/fr/article/decouvre-les-debuts-de-la-photographie)
Dans les jours suivants seront proposés d’autres rendez-vous :
S Le témoignage du réalisateur et collectionneur de photos Yvan Attal, mais aussi d’écrivains et d’autres créateurs qui proposeront leurs regards sur les œuvres exposées ; une vidéo de présentation de l’exposition par ses commissaires ; d’autres Facebook live avec des spécialistes de la photo ; des activités pour les enfants (puzzle, quizz...).
S Pour aller plus loin dans la découverte de la photographie : le MOOC photo (https://mooc-culturels.fondationorange.com/enrol/synopsis/index.php?id=201) de la Fondation Orange qui a déjà ressemblé plus de 25 000 apprenants) ; des playlists dédiées à la photographie sur la chaine You Tube du Grand Palais (https://www.youtube.com/channel/UCyAiVPzrW_o5PuNl6UH3JNg) ; un hors-série photographie sur le site Histoire par l’image (https://histoire-image.org/fr/hors-series/photographies) ainsi que des fiches spéciales photographies à retrouver sur le site Panorama de l’art (https://www.panoramadelart.com/) ; le catalogue de l’exposition Noir & Blanc est toujours disponible à l’achat en ligne.
S Les cours Histoires d’art en ligne. Les séances prévues durant le mois de novembre au musée de l’Armée et au théâtre du Rond-Point ne pouvant avoir lieu en présentiel, la Rmn - Grand Palais lance des cours d’histoire de l’art en ligne : à partir du 17/11, le mardi de 18h30 à 19h30 5 cours Brève histoire de l’art (7 €tarif plein,5 € tarif réduit) ; à partir de la semaine suivante, le lundi ou le mercredi de 18h30 à 19h30 5 cours Femmes artistes (7 €tarif plein,5 € tarif réduit).
S Ecoutez le Grand Palais ! le samedi 14 novembre à l’occasion de la Nuit des musées, version numérique, le public peut l’écouter, y découvrir ce qui se trame dans ses galeries. Il suffit de glisser un casque sur ses oreilles et de se laisser porter dans une balade sonore et immersive de 5 minutes : les cuivres sculptés de Sammy Baloji, l’exposition Noir & Blanc en cours de montage et, sous le clair de lune, la grande Nef où répète le chorégraphe Boris Charmatz…
Le Musée du Luxembourg chez vous
A partir du 16 novembre et en attendant la réouverture de l’exposition Man Ray et la mode au musée du Luxembourg, des publications du programme de la semaine seront disponibles sur le nouveau site du Musée du Luxembourg : https://museeduluxembourg.fr/fr. Avec : des audioconférences ; la réactivation de #ManRayetmoi avec Ali Mahdavi et quelques-unes de ses muses ; des activités pour enfants (parcours jeux et atelier photos) ; - des articles (thématiques, techniques) ; des live Facebook et Instagram ; des parcours thématiques en ligne ; une exposition en ligne des photos lauréates du concours « la Beauté de l’étrange » avec Wipplay ; une playlist musicale.
Cindy Sherman à la fondation Vuitton
L’univers de Cindy Sherman est exploré par la Fondation Louis Vuitton. Chaque fois, une thématique de l’univers original de Cindy Sherman est décryptée en vidéo, avec des images d’archives et d’œuvres. L’occasion d’en apprendre plus sur le processus de création et aussi sur le sens de son œuvre ! Chaque samedi matin à 10h, filmés dans les galeries, les commissaires d'exposition Angéline Scherf et Olivier Michelon apportent un éclairage sur l'exposition Cindy Sherman à la Fondation. Pour en apprendre plus sur les œuvres de l'artiste, mais aussi d'autres artistes présentés dans la séquence « Crossing Views » ! Vidéos à retrouver chaque semaine sur le compte Instagram de la Fondation, la page Facebook et le site internet sur la page « FLV chez vous »
Art contemporain. Diffusion multisupport
La manière de communiquer sur les questions posées par l'art de notre temps et les problématiques soulevées par l'art contemporain sont au cœur de la vie artistique d'aujourd'hui. On ne peut donc que saluer l’existence d’une maison d’édition dédiée à l’expression artistique actuelle : Naima. La diffusion sous forme imprimée reste souvent confidentielle et destinée à quelques happy few fonctionnant en réseau. Il est donc tout à fait intéressant que Naima, en plus de sa politique de publications imprimées, mette en ligne, pour un abonnement relativement modique, un catalogue de textes, des réflexions sur l’art, des parcours d’expositions, et y ajoute films et vidéos.
CINEMA
La Cinémathèque française chez soi
Leçons de cinéma, mini-sites web, articles, essais, focus sur des objets des collections de la Cinémathèque : chaque semaine des nouveautés. Et sur la plateforme VOD Henri, des films issus des collections ou d’ailleurs. Du 13 au 20 novembre, une programmation de films représentatifs du cinéma américain contemporain underground ou indépendant, American Fringe, et pour commencer, le 13, Tired Moonlight de Britni West, l’histoire d’une femme de ménage dans un hôtel d’une petite ville de province. Elle rêve d’évasion mais un homme surgit, ombre de son passé… A voir aussi, une rencontre entre Vincent Lindon et Benoît Jacquot, l’aventure de la restauration de l’Âge d’or de Buñuel, une plongée dans l’aventure de la Cinémathèque et de son fondateur, Henri Langlois… Sur https://www.cinematheque.fr/
LITTERATURE
Hommage en ligne à Paul Celan le 15 novembre à partir de 14h
Le poète juif roumain de langue allemande Paul Celan qui se suicidera en se jetant dans la Seine un jour d’avril 1970 et dont les parents sont morts dans un camp de concentration est considéré comme le poète de l’Holocauste. Le Mémorial de la Shoah organise une journée thématique pour lui rendre hommage. Au programme, une rencontre « Celan, la Shoah et la langue allemande », suivie de la projection du court-métrage, Wolfsbohne – Pois de loup (14h à 16h), et la projection-rencontre autour des Eaux du bourg de Marc Sagnol, en présence du réalisateur et de Thierry Bouchard, écrivain et éditeur (16h30 à 18h). La rencontre est dédiée à la mémoire de Bruno Schrager, oncle maternel de Paul Celan, déporté à Auschwitz-Birkenau par le convoi 57. La conversation engagée sur l’homme et son œuvre comportera une dimension historiographique – au sens strict du terme – de l’écriture celanienne. Comment, des camps d’extermination et de la bombe atomique à la Guerre des Six-Jours et à Mai 1968, Celan enregistre-t-il poétiquement des événements et comment écrit-il dans ses poèmes l’histoire du XXe siècle ? Dans un second temps, c’est l’axe linguistique qui sera suivi. Installé en France durant presque toute sa vie d’écrivain, Celan n’aurait cependant pas pu écrire son œuvre dans une autre langue que l’allemand, dans une autre langue que celle des organisateurs et des exécuteurs de la destruction des Juifs d’Europe. En présence de Bertrand Badiou, directeur de l’équipe de recherche Paul Celan de l’ITEM (CNRS/ENS), de Danièle Cohn, professeure émérite en philosophie de l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne, et de Clément Fradin, post-doctorant et membre de l’équipe Paul Celan de l’ITEM. Rencontre animée par Katja Beckel, professeur-relais au service formation du Mémorial de la Shoah.
Inscriptions au webinaire sur : https://memorialdelashoah-org.zoom.us/webinar/register/3516045294120/WN_cHxK4V6xQveK3NhgPB320w
Inscriptions pour suivre la rencontre sur Zoom, gratuites sur https://billetterie.memorialdelashoah.org/fr/evenement/celan-la-shoah-et-la-langue-allemande. Les rencontres en français vont être diffusées en direct sur la page du Mémorial, Facebook et Youtube.
Faire entendre sa voix, c’est aussi laisser résonner sa poésie.
Fugue de mort (Pavot et mémoire)
Lait noir de l’aube nous le buvons le soir
nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit
nous buvons nous buvons
nous creusons une tombe dans les airs on n’y est pas couché à l’étroit
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand vient le sombre crépuscule en Allemagne tes cheveux d’or Margarete
il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle ses dogues
il siffle pour appeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre
il ordonne jouez et qu’on y danse
Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir
nous buvons nous buvons
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit quand vient le sombre crépuscule en Allemagne tes cheveux d’or Margarete
Tes cheveux de cendre Sulamith nous creusons
une tombe dans les airs on n’y est pas couché à l’étroit
Pavot et mémoire (in Choix de poèmes)
Je suis seul, je mets la fleur de cendre
dans le verre rempli de noirceur mûrie. Bouche sœur,
tu prononces un mot qui survit devant les fenêtres,
et sans un bruit, le long de moi, grimpe ce que je rêvais.
Je suis dans la pleine efflorescence de l’heure défleurie
et mets une gemme de côté pour un oiseau tardif :
il porte le flocon de neige sur la plume rouge vie ;
le grain de glace dans le bec, il arrive par l’été.
Renverse du souffle
Tremble aux feuilles qui brillent blanches dans les ténèbres.
Ma mère jamais n'eut les cheveux blancs.
L'Ukraine est verte comme les dents- de- lion.
Ma mère si blonde n'est pas rentrée.
Nuage de pluie, tu hésites là, aux puits?
Ma mère si douce pleure pour tous.
Étoile ronde, tu enroule la traîne d'or.
Ma mère avait au cœur une blessure de plomb.
Porte de chêne, qui t'a soulevée hors des gonds?
Ma mère si tendre ne peut pas venir.
Renverse du souffle
SOLEILS-FILAMENTS
sur le désert gris-noir.
Une pensée à hauteur
d'arbre
attrape le son de lumière : il y a
encore des chants à chanter au-delà
des hommes.
Mooc culturels d’Orange : Art et pouvoir
Aussi loin que nous puissions remonter dans l’étude des sociétés humaines, les puissants ont utilisé l’art pour se mettre en valeur. Entre propagande et soutien aux artistes, où passe la frontière ? Les artistes, justement, ont peu à peu élaboré les codes de représentation du pouvoir, profane ou sacré. L’emploi judicieux des couleurs joue ici un rôle fondamental. https://mooc-culturels.fondationorange.com/
Sur France Musique et France Culture
Mozart en tête. Le 12 novembre à 20h sur France Musique : Mozart, Tchaïkovski, Poulenc. La Suite « Mozartiana », qui s’appuie sur quatre thèmes de Mozart, fut composée par Tchaïkovski à l’occasion du centenaire de la création de Don Giovanni. C’est donc en toute logique que ce concert s’ouvre par l'ouverture de cet opéra. Pour terminer ce programme, Cristian Măcelaru a choisi la Sinfonietta de Poulenc, autre amoureux de la musique de Mozart, qui utilise le même effectif que la Suite de Tchaïkovski. Sur France Culture, une question sur la musique de Mozart : Pourquoi la musique de Mozart adoucit-elle les mœurs ? Nous fait-elle aller mieux ? Nous donne-t-elle parfois le sentiment d'être immortels ? Explications avec le pianiste Karol Beffa et l'écrivain Philippe Sollers.
Coup de chapeau à Ravel mais pas seulement. Avec son orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgski le 25 novembre à 20h, mais aussi le 3 décembre à 20h avec le Tombeau de Couperin, Ravel se rappelle à notre souvenir. Sur France Musique. Le 25 novembre, Aziz Shokhakimov, à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Radio France, nous offre un programme russe avec le Deuxième Concerto pour violoncelle de Chostakovitch, qui fut créé par Mstislav Rostropovitch, et les célèbres Tableaux d’une exposition qui, avec l'orchestration de Ravel, se transforment pour certains en enluminures, pour d'autres en fresques. Le 3 décembre, l’hommage rendu par Ravel à Couperin laisse supposer un concert à la gloire de la musique française par-delà les siècles, lequel se poursuit par le Premier Concerto pour violoncelle de Saint-Saëns joué par Jean-Guihen Queyras, en résidence cette saison à Radio France. Les Variations rococos de Tchaïkovski sont elles aussi un coup de chapeau à la musique du XVIIIe siècle. Avec l’ouverture-fantaisie Roméo et Juliette, du même compositeur, c’est l’Europe tout entière qui finit par baigner ce programme. Orchestre national de France sous la direction de Cristian Măcelaru.
La Hongrie au cœur le 20 novembre à 20h. Le jeune chef ouzbek Aziz Shokhakimov dirige deux concerts à la tête du Philhar. Sur France Musique, il parcourt à grands pas les plaines de Hongrie avec leTroisième Concerto pour piano de Bartók, que jouera Francesco Piemontesi, puis avec les Danses de Galanta de Kodaly. Le temps d'une escapade en compagnie de Ligeti, il s'aventure dans cette zone inquiétante et féconde, à la limite de la Hongrie et de la Roumanie, qui a nom Transylvanie. Et boucle ainsi la boucle après avoir ouvert le concert en compagnie de la Rhapsodie roumaine n° 1 d'Enesco.
MUSIQUE
Réécouter Roland de Lassus et les Psaumes de pénitence de David
Roland de Lassus, tout comme Tomas Luis de Victoria et Giovanni Pier-Luigi da Palestrina incarnent les trois compositeurs les plus importants du XVIe siècle et marquent la transition du Moyen Âge vers la Renaissance et le baroque. La musique de Roland de Lassus fait de lui l’héritier direct du chant grégorien. Souvent écrite en latin et imprégnée d’une religiosité profonde, sa musique noble, solennelle, harmonique et polyphonique, reste imprégnée des canons médiévaux. Né à Munich, enfant de chœur à Mons en Belgique, installé à Mantoue puis à Milan et Naples avant de se fixer à Rome, avec ensuite un retour aux Pays-Bas sans doute via la France – Ronsard le qualifie de « divin » – suivi d’un retour à Munich puis d’autres lieux, Roland de Lassus est le parfait exemple de l’universalisme que porte l’humanisme. Compositeur prolixe – plus de 1 600 œuvres lui sont attribuées avec certitude – il reste catholique sans intolérance. Sa version des Psaumes de pénitence de David (1584) est l’une des plus célèbres de la Renaissance. Utilisant un contrepoint libre, il met l’accent sur l’impact émotionnel de la musique. Le De profundis qui y est inclus est souvent considéré comme l’un des sommets de la polyphonie de la Renaissance. Son interprétation par le Herreweghe, Collegium Vocale de Gand est d’une délicate splendeur… https://www.youtube.com/watch?v=g8ewPHWcbAE