8 Octobre 2021
De son expérience personnelle de nageur et de compétiteur de haut niveau, Maxime Taffanel tire une pièce insolite et attachante sur son amour de la natation et le monde d’après.
Il est seul en scène, sans décor et sans accessoire, vêtu seulement d’un survêtement quelconque. Un visage de pierrot lunaire, de jeune homme trop vite grandi qui campe un adolescent émerveillé et plein d’enthousiasme qui découvre la robe de bulles de l’eau de la piscine, sa magie et ses résistances. Il raconte. Sa découverte du milieu aquatique, son plaisir du corps poisson qui glisse entre l’air et l’eau. Les années de compétition et la disparition de soi. La perte de la performance, le deuil nécessaire et la reconstruction.
Petite histoire au jour le jour d’un compétiteur hors norme
Cette histoire, Maxime Taffanel la tire de son expérience propre tout en la mettant à distance. A travers le personnage du jeune Larie, qu’il campe, il nous fait pénétrer dans le quotidien d’un univers de compétiteur. Ses jeunes années et l’enthousiasme originel, cette passion de l’eau comme une première maîtresse, cette déambulation parmi les bulles, le bruit de la respiration comme une soufflerie de forge avec ses rythmes et la sonorité de chaque geste. Il décrit avec humour l’attitude du dieu-coach et ses réflexions, sa manière de se cramponner au chronomètre comme à un gouvernail, la hantise du timing, et la période de galère qui ponctue les premiers échecs, le sentiment de s’enfoncer dans l’eau, les entraînements incessants depuis l’aube, les « 8 597 kilomètres au compteur ». Il aborde la question de son abandon, la perte de la joie de nager, la disparition du champion qui courait avec le courant et qui lui court aujourd’hui après. Mais une reconstruction est possible, ailleurs et après.
Une corporalité intense, comme une chorégraphie
Maxime Taffanel s’engage à fond dans cette évocation partiellement biographique où il ex-prime, comme on expulse l’air et qu’on chasse les démons. Avec une physicalité hors du commun, il décrit par le menu les mouvements, leur temporalité et leur rythme, les respirations qu’ils sollicitent. Il force le trait en mimant l’entraîneur armé de son chronomètre, ses mimiques appréciatives, son économie de gestes qui n’en sont pas moins éloquents ou le présentateur qui fait « genre » en se plongeant dans l’arène où vont combattre les gladiateurs. Il ondule dans l’eau, mouvements des mains et des bras arrêtés par la limite du bassin qui conduit à leur inversion, ampleur des envols du papillon, allongements crawlés poussés à l’extrême limite des possibilités. Sans relâche son corps nous sollicite. Il faut dire que Maxime Taffanel a été à bonne école : une mère chorégraphe avec laquelle il a aussi travaillé son spectacle pour aboutir à cette perfection expressive en même temps que dansée du geste. C’est impressionnant mais aussi poétique. L’eau, dans la gestuelle de Maxime Taffanel, devient matière à prendre à bras-le-corps et moyen de glisser à l’extrémité du temps. Et nous évoluons avec lui dans la musicalité corporelle de la nage et le plaisir de l’eau.
Cent mètres papillon
Texte et interprétation Maxime Taffanel
Mise en scène Nelly Pulicani
Création musicale Maxence Vandevelde. Lumière Pascal Noël. Conseils costumes Elsa Bourdin
Théâtre de Belleville - 16, Passage Piver, Paris XIe
Tél. 01 48 06 72 34. Site : www.theatredebelleville.com
Du 3 au 27 novembre 2021. Du mercredi au samedi 21h15
TOURNÉE 2021-2022
-10 octobre - Saint Eloy les Mines, St G de Mons (63)
- 28 novembre - Saint Jean de Braye (48)
- 6 janvier - Grenoble TMG (38)
- 29 janvier - Rosny sous Bois (93)
- 11 février 2021 - Saint Christol lez Alès (30)
- 5 mars - Kembs Espace Rhénan (68)
- 1er avril - Font Romeu (66)
- 14 avril - Annecy, Théâtre des Collines (74)
- 28 ou 29 avril - Chamonix (74)
- 19 mai - Crolles, Espace Paul Jargot (38)