25 Novembre 2024
C’est un miroir plein de vivacité et d’humour que ce texte, inspiré par des rencontres de l’autrice avec des collégiens, tend aux adolescents. Il témoigne des troubles qui agitent cette classe d’âge à ce moment charnière entre l’enfance et l’âge adulte.
Ils sont trois amis qui se retrouvent dans ce lieu qui ne ressemble à rien. Un vieux canapé dans lequel ils s’affalent, une table en formica et les sièges qui vont avec. Un lieu qu’ils squattent et où ils ont, depuis longtemps, cimenté leur amitié. Trois ados – une fille et deux garçons – qui ont pris l’habitude de se retrouver là, à l’écart des parents, dans ce lieu qui est à eux même s’il n’est que provisoire et peut-être même appelé à disparaître. Ils sont trois et nous ne saurons pas leurs noms, seulement le sobriquet qu’ils se sont donné ou qu’on leur a donné : Côtelette, Dino et Poney. Côtelette, c’est la fille, parce qu’elle a été anorexique ; Dino, parce qu’il est italien d’origine ; Poney parce qu’il gère comme une brave petite bête une tripotée de petits dans une famille monoparentale où la mère est débordée.
Les parents vus par les ados
Ils se sont réunis à l’appel de Côtelette, parce qu’elle a quelque chose à leur dire. Et la nouvelle est d’importance. À la suite de son séjour dans une famille anglaise, elle s’est laissé tenter par leur fils et elle est enceinte… Elle n’a que faire du père mais elle a décidé de garder l’enfant et se demande comment faire passer la pilule auprès de ses parents. C’est pour ça qu’elle a sollicité ses vieux copains. Pour l’aider. Elle imagine, la manière de leur annoncer la nouvelle, leur contrôle de façade, leur stupeur devant sa décision non seulement d’aller au terme de sa grossesse mais de ne pas accoucher sous X, bientôt relayée par les garçons qui y vont de leur interprétation, dressent un portrait plein d’humour et de dérision du monde des adultes. Au fil des spéculations de chacun apparaissent en creux leurs propres familles et les relations qu’ils entretiennent avec elles.
Une création qui s’enracine dans un travail d’enquêtes
Le texte fait suite à la résidence d’une autrice, Sarah Carré, en 2020 et 2021, initiée par Culture commune, la Scène nationale du Bassin minier du Pas-de-Calais. L’autrice travaille avec quatre collèges du territoire, rencontrant les élèves, amassant ainsi une matière qui donne lieu à une commande d’écriture de la Scène nationale en partenariat avec le Centre culturel L’Escapade à Hénin-Beaumont. Il est question de saisir – et de traduire – ce qui fait la caractéristique de l’adolescence : un mal-être lié à cet âge charnière qui hésite entre l’enfance, encore présente à travers les attaches familiales, et les prémices de l’âge adulte qui se manifestent par une révolte plus ou moins violente contre l’autorité parentale et un désir d’émancipation. Un âge de tiraillements et d’aspirations contraires que le spectacle met en lumière.
Une plongée dans les incertitudes de l’adolescence
Sarah Carré imagine donc une situation « de crise » qui va servir de révélateur. Parce que Côtelette ne craint pas seulement d’annoncer sa grossesse à ses parents. Elle voudrait être libre, ne plus rendre de comptes. La vraie vie est ailleurs. Elle propose alors à ses amis de prendre le taureau par les cornes. Partir, tout quitter, à trois, et pour Poney, se libérer de l’esclavage dans lequel son rôle de grand frère le met. Mais pour où aller ? Leur imagination se débride.C’est alors que la réalité revient comme un boomerang. Parce qu’il y a ceux qu’on laisse. Une mère seule, une famille un peu dézinguée. Ceux qu’on aime aussi, auxquels il faudra s’arracher. Il y a leur âge, leurs conditions de survie. Et de fil en aiguille ce questionnement : Côtelette est-elle vraiment enceinte ? Et si ce n’est pas le cas, pourquoi a-t-elle joué à ce jeu ?
Une mise en scène dynamique pour jouer en tous lieux
Matthieu Roy rythme leurs échanges à la manière d’une partie de pingpong. Ils se renvoient les répliques comme on discute à bâtons rompus, se balancent parfois à la figure leurs vérités, à deux doigts de la rupture. Ils sont réactifs, sur le qui-vive, prêts à en découdre. Sur la scène, des balles de tennis traînent un peu partout. Leurs échanges verbaux deviennent balles qu’ils se renvoient, dans une langue dans laquelle les collégiens présents dans la salle se reconnaissent. Ils sont cash, ne prennent pas de gants, réagissent avec l’aplomb des jeunes de leur âge et font de l’ironie leur arme. Ils sautent sur les canapés, montent sur les tables, fument, justement ce qu’il leur est interdit de faire. Ils sont transgressifs, pour le plus grand bonheur des teenagers présents dans la salle. La discussion qui suit avec les comédiens permettra aux jeunes gens de donner leur perception du spectacle, avec les interrogations qu’il laisse en suspens, mais aussi de questionner leur propre comportement, dans la joie et la bonne humeur.
Pour toucher le public de collégien.ne.s auquel il est destiné, Mobile Home, facilement transportable et adaptable, a été conçu pour être représenté « hors les murs » dans les établissements scolaires comme sur un plateau de théâtre équipé. Pour atteindre son public là où il se trouve. Et aussi parler de théâtre populaire.
Mobil Home de Sarah Carré
S Mise en scène et dispositif scénique Matthieu Roy S Collaboration artistique Johanna Silberstein S Costumes HOLOGRAM® S Lumière Manuel Desfeux S Avec Anthony Jeanne, Clara Thibault et Théophile Sclavis S Création 2024 S Production Veilleur® S Coproduction Culture Commune Scène nationale du Bassin Minier du Pas -de-Calais S Avec le soutien de La Scène Maria Casarès S Le spectacle est créé en résidence à Culture commune - Scène nationale du Bassin minier à Loos-en-Gohelle S Veilleur® est conventionné par le Ministère de la Culture (DRAC Nouvelle-Aquitaine) et subventionné par la région Nouvelle-Aquitaine et la ville de Poitiers S Le texte est publié aux éditions Théâtrales jeunesse S Durée 50 min.
Représentations
18 janvier au 9 février 2024 Scène Maria Casarès - Lieu culturel à Poitiers