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Arts-chipels.fr

Pénélopes. Cent fois sur le métier remettez en place la liberté des femmes.

© Flavie Trichet-Lespagnol

© Flavie Trichet-Lespagnol

Entre Pénélope et les femmes d’aujourd’hui un lien se tisse : celui de la liberté de choix. Conquérir ce droit est ce qu’expriment les Montreuilloises interviewées, et d'autres, qui fabriquent une nouvelle mythologie de Pénélope.

C’est une salle dans un centre social. Au fond, un mur avec collées, deux bandes de papier pour un dazibao qui se révélera à la fin. Les spectateurs sont assis au niveau du plateau. Seuls une table sans personnalité et deux enceintes meublent l’espace. Une voix off rappelle l’histoire de Pénélope, pressée par son père de se remarier – on se souviendra qu’Ulysse met dix années à revenir de Troie et qu’on le considère comme mort –, qui résiste aux injonctions qui lui sont faites en usant d’un subterfuge. Elle s’engage à se remarier lorsqu’elle aura achevé la toile qu’elle tisse et dont, chaque nuit, elle défait le tissage. Ce qui est mis en avant ici n’est pas la fidélité de l’épouse mais la résistance de la femme qui refuse de céder à la pression paternelle. C’est cette résistance qui constitue le thème du spectacle. 

Un seule en scène aux multiples visages

La comédienne qui entre en scène est une jeune femme d’aujourd’hui, en costume contemporain. Elle pose son matériel de maquillage sur la table. Elle peut commencer. Elle revêtira la peau de plusieurs femmes, modifiant à chaque fois son apparence, son comportement et sa voix, femme une et plurielle composée des voix de femmes recueillies au fil de rencontres avec la metteuse en scène et la comédienne qui les incarne. Mais contrairement à ce dont fait généralement état le théâtre, elles ne sont plus des victimes en proie à la désespérance mais, comme Pénélope, des résistantes qui s’en sont sorties en en payant le prix et qui racontent ces histoires que nous connaissons déjà mais qui résonnent différemment dans ce lieu qui n’appartient pas au théâtre mais à l’action sociale, relié à un monde où se dressent des barres d’immeubles avec les usagers qu’on leur connaît, hantant les cages d’escalier ou adossés aux murs.

© Flavie Trichet-Lespagnol

© Flavie Trichet-Lespagnol

Des destins de femmes diversifiés

Il y a les pétroleuses, les militantes, évoluant dans un milieu ouvert, aisé, façonnées par les remous qui ont secoué la société des années 1960 et 1970 – le Manifeste des 343 salopes qui ont mis sur la place publique la question de la liberté de l’avortement, mais aussi les communautés hippies et l’amour libre – qui se sont définies contre le caractère fallacieux et illusoire de certaines de ces « révolutions ». Il y a les « putains » qui ont choisi de désobéir, de dévier par rapport aux traditions familiales et culturelles et de ne pas suivre la voie du mariage arrangé. Il y a celles qui n’ont pas accepté la mainmise des hommes dans le monde du travail et ont essuyé ironie, quolibets et insultes sexistes, parfois même de la part d’autres femmes, mais ont tenu bon. Il y a les mères qui s’interrogent sur leur manière de se comporter face à leur garçon et face à leur fille, et celles qui voient dans leur divorce leur poche – enfin – de solitude. 

Des femmes emblématiques

Elles disent la manière dont elles intériorisent les « valeurs » familiales – l’obéissance, le respect, la soumission au regard des autres –, tirent sur leur vapoteuse comme on se drogue pour oublier ou tenir le choc, sont accros au portable – leur troisième enfant – ou annoncent une appartenance privée mais non publique à la communauté LGBT. Leurs cas individuels ressemblent à ceux de millions d’autres dans lesquels nous pouvons nous projeter ou reconnaître les comportements de proches. Pour portraiturer ces femmes qui ont cherché à échapper aux règles édictées par d’autres et à conquérir leur liberté, Maélys Ricord se démultiplie, devient caméléon avec beaucoup de justesse. Au travers de ses travestissements parlent les Pénélopes rencontrées à Tarbes, à Nanterre, à Vitry, Lyon, Vire et Brétigny. Des femmes qui ne se soumettent pas et se dressent, envers et contre tout, telle Pénélope ne terminant son ouvrage qu’au moment où elle l’a choisi. Une invitation faite aux femmes à se prendre en charge dans une société où les violences dont elles sont l'objet font chaque année autour de 200 000 victimes…

© Flavie Trichet-Lespagnol

© Flavie Trichet-Lespagnol

Pénélopes

S D’après L’Odyssée d’Homère et avec des entretiens d’habitantes de Montreuil S Mise en scène Céleste Germe S Collaboratrice artistique et jeu Maelys Ricordeau S Composition musicale et direction du travail sonore J. Stambach S Voix Habitantes de Montreuil S Régie générale Pauline Samson S Régie son et vidéo Émile Denize S Assistanat à la mise en scène, dérushage Mathilde Wind S Interviews menées par Céleste Germe et Maelys Ricordeau S Administration, production, diffusion Léa Coutel et Yuka Dupleix S Production Das Plateau S Coproduction de la version à Montreuil Théâtre Public de Montreuil – CDN S Coproduction et soutiens de la version initiale Espace Culturel Boris Vian avec le soutien la Ville des Ulis, le département de l’Essonne, la Région Ile-de-France et la DRAC Ile-de-France S Coproduction de versions originales Le Parvis Scène Nationale de Tarbes-Pyrénées ; Nanterre-Amandiers – CDN ; Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine ; Théâtre Nouvelle Génération, CDN (Lyon) ; Théâtre Brétigny, scène conventionnée d’intérêt national arts & humanités ; Théâtre Joliette, Scène conventionnée art et création ; Centre Culturel Aragon – Ville d’Oyonnax S Résidence et soutiens T2G - Théâtre de Gennevilliers ; Odéon, Théâtre de l’Europe ; Tréteaux de France – CDN ; Espace culturel Boris Vian, Les Ulis ; Le Mouffetard - Théâtre des arts de la marionnette ; le Carreau du Temple ; Maison Daniel Féry de Nanterre ; La Villette, Paris ; Théâtre Ouvert - Centre National des Dramaturgies Contemporaines S Das Plateau est conventionné par la DRAC Île-de-France et soutenu par la Région Île-de-France au titre de l’aide à la permanence artistique et culturelle S Durée 1h S À partir de 15 ans

1er - 8 décembre 2023 Théâtre Public de Montreuil – CDN (en itinérance)

Vendredi 1er décembre à 20h - A.E.R.I 57 rue Etienne Marcel

Samedi 2 décembre à 15h et 19h – École Louis et Madeleine Odru 5 rue René Vautier

Mardi 5 décembre à 20h - Centre de quartier des Ruffins 172 bd. Théophile Sueur

Mercredi 6 décembre à 15h et 20h – Centre social du Grand Air - Espace 40 40 rue Bel air

Jeudi 7 décembre à 20h - Centre de quartier Les Ramenas 149 rue Saint-Denis

Vendredi 8 décembre à 20h - Maison des associations et des initiatives citoyennes 60 rue Franklin

TOURNÉE

18 - 19 janvier 2024 Théâtre Joliette, Scène conventionnée, Marseille

5 - 8 mars 2024 Centre Culturel Aragon, Oyonnax

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