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Arts-chipels.fr

Euphrate. S’enraciner, c’est se définir.

© Victor Hadrien

© Victor Hadrien

Quand retrouver ses racines, turques en l’occurrence, aide à se trouver soi-même.

Légèrement fictionnel, largement autobiographique, ce seule en scène renvoie au parcours de la comédienne-autrice qui se présente sur scène. Elle conte l’aventure et les tribulations d’une immigrée de la deuxième génération, turque par son père, normande par sa mère. De ses difficultés scolaires aux affres des choix qui surgissent au moment de quitter le secondaire puis au choix d'une carrière. Des errances qui vont l’amener à se poser la question « Qui suis-je ? » qui entraînent une autre question : « D’où je viens », qui la pousse vers le pays de son père, la Turquie, d’Istanbul au cœur d’un village sur les bords de l'Euphrate, avec ses coutumes chaleureuses et accueillantes mais aussi ses interdictions et traditions coercitives concernant les filles.

© Arthur-Hervé Lenhardt

© Arthur-Hervé Lenhardt

Entre tradition et rébellion

Nil Bosca croque ses personnages avec un humour plein d’affection dans un style qui n’est pas sans rappeler celui de nombre d’humoristes qui ont fait leur carrière en prenant pour thème leur milieu d’origine. Elle évoque au passage la silhouette d’une comédienne turque du début du XXe siècle : Afife Jale. Première actrice musulmane en Turquie, celle-ci prend de front tous les interdits liés au statut de femme, affronte son père comme la société entière et cultive une liberté non exempte d’excès en tous genres. Mais au-delà, ce qui différencie le spectacle de Nils Bosca de nombre d’autres sur un thème analogue – cette fable des retrouvailles avec l’un des fondements de sa culture –, ce qui en fait l’originalité, c’est le travail corporel qu’elle développe. Sans cesse en mouvement, elle traduit, dans sa gestuelle empruntant au hip hop et au mime, la déstructuration qui correspond à l’état d’âme du personnage en recherche d’identité qu’elle incarne.

C’est sympathique, un peu puéril mais aussi plein d’émotion, sans que le contenu – la réconciliation avec soi-même à travers ses racines – apporte du neuf à une histoire déjà maintes fois rebattue. Il n’empêche que le spectacle touche le public pour son authenticité qui fait écho, pour nombre de spectateurs, à des expériences sans doute aussi déjà vécues.

© Arthur-Hervé Lenhardt

© Arthur-Hervé Lenhardt

Euphrate

S Écriture, conception et interprétation Nil Bosca S Collaboration à la mise en scène Stanislas Roquette et Olivier Constant S Collaboration à l’écriture Alexe Poukine et Hassam Ghancy S Assistante à la mise en scène Jane David S Regard chorégraphique Chrystel Calvet S Son Stephanie Verissimo S Lumière Geneviève Soubirou S Régie générale Yvan Lombard S Accompagnement scénographique Cerise Guyon S Regard complice Frédéric Le Van S Euphrate a été créé le 23 février 2022 au Lavoir Moderne Parisien S Production Artépo S Avec le soutien de la DRAC, de la Région Île-de-France, du département du Val-de-Marne, d’Anis Gras - le lieu de l’Autre, du Théâtre de Suresnes Jean Vilar, de l’ECAM, de l’Abbaye du Reclus, Centre d’information et de documentation jeunesse, de l’Auberge de jeunesse Yves Robert, de L’étoile du nord, de Nouveau Gare au Théâtre et de l’Institut Français de Turquie S À partir de 14 ans S Durée 1h10

Du 6 au 18 novembre 2023, lun.-mar. 20h, jeu.-ven. 19h, sam. 18h

Théâtre de la Cité internationale - 17, bd Jourdan 75014 Paris

Rés. 01 85 53 53 85 ou sur theatredelacite.com

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