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Arts-chipels.fr

Céleste. Le Cirque, c’est gai. Le Cirque, c’est triste…

Céleste. Le Cirque, c’est gai. Le Cirque, c’est triste…

Ce joli et poétique spectacle de Geneviève de Kermabon, à la fois artiste de cirque et de théâtre, mêle ici la gaieté du clown et l’allant de Monsieur Loyal à la fantaisie triste et à la nostalgie qui se dissimulent derrière le rideau…

Un cercle matérialise au sol l’espace de la piste. Mais il n’est pas de sable. Il est rouge, comme le rideau par lequel s’effectuent les entrées des artistes sur la scène. Au fond trône un grand portrait d’auguste. Dans un coin des ustensiles de nettoyage ont été abandonnés. Même si nous sommes au cirque, une distorsion s’est produite. Nous sommes déjà dans sa citation. Le principe qui se dégage de cette première image constituera le fil conducteur du spectacle. Ce qui nous est proposé est une forme d’envers du décor, un autre regard sur le cirque.

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

Une évocation autobiographique

Elle apparaît dans son costume à bretelles et sa cravate à paillettes. Faut qu’ça brille sous les sunlights ! Mais l’histoire qu’elle va nous raconter, c’est celle d’une artiste vieillissante qui se penche sur son passé. Elle se souvient… du difficile apprentissage, lorsqu’on a le sentiment d’être mené comme les chevaux qu’on dresse, au fouet, à coups d’engueulades et d’exercices encore et toujours recommencés car jamais parfaits. Le sentiment qu’on a de passer à côté de sa vie dans cet entraînement incessant, avec le masque du sourire, doré comme la lumière qui inonde la scène, qui ne révèle derrière que le même masque comme un oignon entièrement composé de couches d’apparences qui se succèdent à l’infini. Elle dit la souffrance de ne pouvoir vivre comme les autres. D’avoir vingt ans et de ne pouvoir rencontrer le garçon pour lequel elle a eu le béguin parce qu’il faut répéter, encore et toujours. De se retrouver vieille sans autre perspective, pour s’en sortir, que le travail à l’usine. Sans soutien, sans compagnon…

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

Le grand cirque des animaux humains

N’allez cependant pas imaginer que la vie circassienne ne se compose que de cela. Il y a cette existence pleine de péripéties, le clown blanc tout habillé de bleu qui ne cesse de surgir comme un diable de sa boîte, chaque fois dans un costume différent, au rythme accéléré des entrées de cirque qui se succèdent et l’auguste qui, dans son cadre opine du bonnet et cligne des yeux. On y trouve le dompteur pour qui, un jour, ça ne se passe pas comme d’habitude, les chameaux dont on a peur et qu’il faut mener bien court, l’attache sous le menton ; l’éléphante sous laquelle on manque de finir écrasé ; l’homme-alligator qui perdait ses écailles et la femme-singe couverte de poils. La cocasserie se révèle au milieu de la dureté de l’apprentissage, l’amour du métier rencontre la fascination de Fellini dans les Clowns ou l’inoubliable interprétation par Giulietta Masina de Gelsomina dans La Strada.

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

Au royaume de l’illusion

Dans ce monde du paraître où l’éclat est tout en paillettes, en poudre aux yeux et en toc, l’illusion est reine et le théâtre joue sa partition. Des déesses monstrueuses pointent leur silhouette massive, les ombres projetées deviennent gigantesques. Les chevaux sont postiches. L’éléphant n’est qu’une ombre chinoise, produite par un jeu de mains. Quant aux girafes, autruches et autres bestioles, elles sont devenues des figurines qui tournent sur un petit plateau. La manipulation se fait à vue, la machiniste opère sous nos yeux. Un véritable acrobate, jeune comme Céleste le fut, s’insère dans le tableau. Et, bien sûr, la musique accompagne le tout, rythme les coups de tonnerre et l’atmosphère endiablée qui règne sur la scène. Ce qui est formidable, c’est que l’imagination fait le reste. Le spectateur complète la proposition et considère comme personnages à part entière les marionnettes que Céleste anime. La magie fonctionne dans ce drôle d’objet où envers et endroit se répondent, où amour et désamour se renvoient la balle, où vrai et faux se font la nique. On y retrouve une âme d’enfant et on s’amuse beaucoup.

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

Céleste, « Fresque circassienne et marionnettique », de Geneviève de Kermabon

S Scénographie-costumes Laurence Forbin S Musique originale Stéphane Leach, Pierre Ragu S Avec Joe Sheridan (Dresseur redoutable), G. de Kermabon (Vieille écuyère), Simon Martin (Jeune acrobate), Patrick Vilet (Film chanteur lyrique) S Eclairagiste régisseur Célio Ménard S Constructeur bestiaire Olivier Sion S Production : Le Ksamka S Coproductions Archaos Pôle Cirque Marseille - Théâtre du Soleil Maison de la Culture d’Amiens - Pôle Cirque Cherbourg - Academie Fratellini – Temal Productions Aide de la DRAC S Résidences Céleste : Académie Fratellini 22 juin – 3 juillet 2020, 15 mars -26 mars 2021 ; Théâtre de la Licorne Dunkerque 15 juillet – 31 juillet 2020 ; Théâtre du Radeau Le Mans 21 sept- 2 octobre 20, 6 sept- 18 septembre 2021 ; Anis Gras 2 janvier –15 janvier 2021, 14 juin -18 juin 2021 ; Théâtre Louis Aragon Tremblay 26 avril – 30 avril 2021 ; Théâtre Le Channel Calais 3 mai – 8 mai 21 ; Théâtre Le Passage Fécamp 28 juin- 14 juillet 2021 ; La Nef Pantin 2 août -13 août 2021 ; La Brèche Pôle Cirque Cherbourg 20 septembre au 1er octobre 2021 : Théâtre du Soleil 8 au 18 novembre 2021

Du 20 novembre au 19 décembre 2021 (du jeu. au sam. à 20h, le dim. à 16h)

Au Théâtre du Soleil – Cartoucherie – Route du Champ de manœuvre – Paris 12e

Tél 06 16 07 06 93 / 01 43 74 88 50 (groupes, collectivités). Par e-mail : reservation@ksamka.com

En ligne : Fnac Théâtre Online - Billet Réduc

Tournée (en cours d’élaboration)

Maison de la culture d’Amiens, Théâtre des Halles (Avignon), Biac

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